Prenons la joie à pleines mains !
La vie est belle, grande et joyeuse, toujours. Et même quand, parfois, le ciel paraît s’être assombri, même quand les inquiétudes des uns et les peurs des autres créent une atmosphère pesante, elle le reste fondamentalement. Sans doute est-ce une question de nature : tout ce qui vit, grandit, s’épanouit, et ainsi fait sens, est pétri d’une joie que rien ne peut démentir ou contraindre.
Ce caractère-là est aussi celui du judaïsme. Cela a été souvent noté : loin d’être une religion austère ou ascétique, il est essentiellement une pratique vivante. Pour lui, la joie n’est pas un luxe agréable, fait pour améliorer un vécu terne. Elle est consubstantielle à chaque seconde qui passe et ce n’est que par une sorte d’infirmité de l’esprit qu’il est possible de ne pas la ressentir. Dans l’histoire, les Juifs ont évidemment connu des temps de détresse, des temps où nul n’était sûr du lendemain. Ils n’ont cependant jamais renoncé à la joie car, sans elle, c’est à l’espoir que l’on renonce et sans doute à soi-même.
La constance est ainsi le propre de la joie. Cependant, dans le déroulement du temps, il arrive à présent comme un surgissement de lumière : Adar est là ! Si la joie était et reste la toile de fond de l’existence, le mois d’Adar, qui commence à présent, en est l’exultation. C’est d’une joie qui bouscule les barrières voire abat les murailles qu’il est question à présent. Parfois, l’homme, englué dans son quotidien, oublie de respirer plus largement. Il ne sait plus lever les yeux vers le ciel et s’évader du bitume qui l’entoure pour contempler la lumière. Adar est là et déjà Pourim en perspective, tous les petits abandons n’ont plus cours. C’est une puissance nouvelle qui monte en chacun. Sentons-la nous insuffler un élan insurmontable. Adar est là, le monde a changé. Accompagnons ce changement. Aujourd’hui, tout est possible.
La bonne voie
Lorsqu’on s’approche de la gare d’arrivée, la voie ferrée se divise en de très nombreux embranchements. Il faut alors prendre bien garde à ne pas suivre une voie erronée car cela pourrait entrainer une véritable catastrophe.
En ces temps qui précèdent immédiatement la venue de Machia’h, il semble que les voies sont très nombreuses. Il est ainsi nécessaire de prêter la plus grande attention à ne pas sortir du chemin juste.
(D’après Séfer Hasi’hot 5689 p.63)
Teroumah
Il est rappelé au Peuple d’Israël les treize matériaux qu’ils doivent apporter en contribution : de l’or, de l’argent et du cuivre ; de la laine teinte en rouge, bleu, violet ; du lin, des poils de chèvre, des peaux animales, du bois, de l’huile d’olive, des épices et des pierres précieuses, à partir desquels, dit D.ieu à Moché, « ils Me feront un Sanctuaire et Je résiderai parmi eux ».
Moché reçoit, au sommet du Mont Sinaï, les instructions détaillées sur la façon de construire cette résidence pour D.ieu, de manière à ce qu’elle puisse être immédiatement démantelée, transportée et réassemblée, au cours du voyage du peuple dans le désert.
Dans la pièce la plus intérieure du Sanctuaire, derrière un rideau tissé avec art, se trouvait l’Arche contenant les Tables de la Loi, gravées des Dix Commandements. Sur le couvercle de l’Arche, se tenaient deux anges enlacés, en or pur. Dans la chambre extérieure, s’élevait la Menorah à sept branches et était dressée la table sur laquelle étaient disposés « les pains de proposition ».
Les trois murs du Sanctuaire étaient fixés à partir de quarante-huit planches de bois. Chacune d’elles était plaquée d’or et soutenue par une paire de socles en argent. Le toit était constitué de trois couvertures : a) des tapisseries de lin et de laine multicolores, b) une couverture de poils de chèvre, c) une couverture de peaux de taureau et de Ta’hach. Devant le Sanctuaire était tendu un écran brodé, tenu par cinq piliers.
Autour du Sanctuaire et de l’autel de cuivre, placé devant, des rideaux de lin pendaient, soutenus par soixante piliers de bois, avec des crochets et des garnitures en argent, renforcés par des piquets en cuivre.
Le bois et la pierre
Qu’est-ce qui est plus important : l’étude ou l’action ? Le Talmud relate un débat entre les Sages à ce propos. La conclusion à laquelle ils parviennent est que : « l’étude est plus importante car elle mène à l’action. »
Étudier consiste à développer et perfectionner le moi alors qu’agir consiste à mettre le moi au service de la tâche à accomplir. C’est ainsi que la controverse entre étudier et agir exprime l’une des questions les plus fondamentales : quel doit être notre objectif dans la vie : un accomplissement personnel ou bien un engagement vers un idéal plus élevé ? Sur quoi devons-nous nous concentrer dans la vie : nous améliorer ou servir notre Créateur ?
Dans son approche caractéristique, le Talmud ne résout pas la question en optant pour l’une ou l’autre des perspectives mais nous montre plutôt que les deux sont correctes.
Il est de fait que l’étude est « plus importante » mais seulement parce qu’elle conduit à l’action.
Le développement personnel est, quant à lui, « plus important » dans la mesure où c’est l’aspect dominant de notre vie, celui qui occupe l’essentiel de notre temps et l’implication la plus importante de nos ressources. Mais ce n’est pas une fin en soi.
En d’autres termes, notre existence comporte deux phases. La première commence à notre naissance et continue tout le long de nos années de formation. Nous savons que le but est de dépasser le moi et nous consacrer à un but plus élevé. Cette conscience est à la base de notre vie tout comme les fondations d’un bâtiment le soutiennent. Cependant, c’est l’édifice de l’accomplissement de notre personne qui constitue l’aspect dominant et visible de notre existence. En fin de compte, nous atteignons un stade où « l’action » devient la priorité et où « l’étude » ne sert que comme auxiliaire et support dans la réalisation de cet objectif.
La maison modèle
Deux structures, dont la première était essentiellement en bois et la seconde principalement en pierre, représentent ces deux aspects de notre mission.
Peu de temps après le Don de la Torah au Mont Sinaï, D.ieu ordonna à Moché : « Ils Me feront un Sanctuaire et Je résiderai en eux ». Selon l’enseignement ‘hassidique, ces mots expriment le but divin pour la Création : D.ieu créa le monde parce qu’ « Il désirait une résidence pour Lui dans les royaumes inférieurs », c’est-à-dire dans l’existence physique.
Au niveau individuel, cette mission s’accomplit lorsque nous pratiquons les Mitsvot de la Torah, utilisant divers éléments matériels pour servir D.ieu. On donne de l’argent à la charité, on utilise des graines pour confectionner les Matsot de Pessa’h etc.
Plus encore, quand une personne consacre sa vie à l’accomplissement des Mitsvot, tout ce qui soutient sa vie, la nourriture qu’elle consomme, les vêtements qu’elle porte…, est impliqué dans la réalisation de ce but suprême.
C’est ainsi que « les royaumes inférieurs » du monde matériel deviennent une résidence pour D.ieu.
Au niveau général, le Peuple d’Israël construit « une résidence pour D.ieu » sous la forme du Sanctuaire. Selon les injonctions divines, différents matériaux sont utilisés pour ériger un édifice qui servira de siège à la présence manifeste de D.ieu dans le monde matériel. Bien que D.ieu soit présent partout, c’est le lieu qu’Il choisit pour imprégner, de manière visible, le monde concret. Cette « résidence » représente la fonction ultime de chaque chose matérielle.
Le Tabernacle et le Temple
Tout comme il existe deux phases dans le travail de l’homme, ainsi en va-t-il avec l’expression collective de la mission de l’humanité, le Sanctuaire.
Tout d’abord apparut le « Tabernacle » (Michkan), le Sanctuaire portatif que le Peuple d’Israël transporta pendant son séjour de quarante ans dans le désert du Sinaï. Puis lorsqu’ils s’établirent en Terre Sainte, le Temple permanent (Beth Hamikdach) fut construit à Jérusalem.
Le Tabernacle comprenait à la fois des matériaux inanimés (terre, métal, etc.) et des produits végétaux et animaux. Par contre, le Temple était majoritairement construit à partir de matériaux d’origine inanimée. Le bois qu’il contenait était secondaire, quand bien même il remplissait la fonction de support, et il était entièrement recouvert de pierre.
Dans le « petit monde » qu’est l’être humain, l’élément inanimé représente notre aptitude au don de soi, comme elle s’exprime dans le verset : « Que mon âme soit comme de la poussière pour tout » (Prière de la Amida). Cela représente notre pouvoir de dévotion, de service et d’action. La vie végétale et animale représente la capacité de grandir et de se développer dans notre vie émotionnelle et intellectuelle.
Dans le Tabernacle, désignant les étapes initiales de notre mission dans la vie, tous ces éléments sont visiblement soulignés. En fait, l’emphase est mise sur nos facultés « supérieures » de compréhension et d’émotion. En réalité, tout repose sur le fondement de l’acceptation du joug divin. Mais l’édifice bâti sur cette fondation est le développement et la réalisation du potentiel humain.
Cependant, en dernier ressort, nous grandissons pour être l’exemple visible du but ultime : servir notre Créateur. Le Temple possède également des éléments de développement mais ils sont d’une nature entièrement altruiste. Il s’agit de ce développement complètement submergé par l’abnégation, un développement qui n’est qu’un moyen pour mieux accomplir la Volonté de D.ieu. Dans tout l’édifice, du sol au toit, nous ne voyons que la « pierre », la « terre » de l’action.
En quoi consiste l’obligation d’écrire un Séfer Torah (rouleau de parchemin de la Torah) ?
Chaque Juif devrait écrire un Séfer Torah pour lui-même comme il est écrit : « Et maintenant, écrivez pour vous-même ce cantique » (Devarim - Deutéronome 31 : 19). Quiconque se rend quitte de cette Mitsva sera béni ; lui et ses fils deviendront des érudits comme il est écrit : « Et enseignez-la aux Enfants d’Israël ».
- Celui qui paye un Sofèr (scribe) pour écrire un Séfer Torah à sa place est considéré comme s’il l’avait écrit lui-même.
- Celui qui hérite d’un Séfer Torah n’est pas quitte de la Mitsva à moins qu’il n’écrive lui-même au moins une lettre. S’il hérite du parchemin et qu’il écrit lui-même, il sera quitte.
- Celui qui achète un Séfer Torah et en écrit au moins une lettre est considéré comme s’il l’avait reçu sur le Mont Sinaï.
- Celui qui achète un Séfer Torah abîmé et le fait corriger est considéré comme s’il l’avait écrit lui-même.
- Celui qui a déjà acheté un Séfer Torah devrait acheter dorénavant des livres plutôt qu’un second Séfer Torah.
- Celui qui n’a pas la possibilité d’écrire un Séfer Torah par lui-même devrait au moins étudier les lois de cette écriture et cela sera considéré comme s’il l’avait effectivement écrit.
(d’après Rav Shmuel Bistritzky – Hamitsvaïm Kehala’ha)
Une question sur Rambam
Un Chabbat, Rav Yaakov Moché Leizerzone, responsable de la Yechiva Torah Vedaat fut invité chez son proche parent, Rav Avraham Yossef Leizerzone à Crown Heights. Celui-ci l’invita à assister et participer au Farbrenguen (réunion ‘hassidique) du Rabbi de Loubavitch mais il refusa, préférant rester dans la maison de son hôte pour continuer calmement à s’approfondir sur la Guemara. Au fur et à mesure de son étude, il se rendit compte d’une contradiction flagrante entre ce qui était écrit dans la Guemara et un texte du Rambam (Maïmonide). Il eut beau tourner le problème dans tous les sens, consulter d’autres commentaires, ouvrir encore un livre puis un autre : il ne trouvait aucune explication plausible.
Préoccupé, il décida de sortir prendre l’air pour se détendre et réfléchir.
Tout en se promenant, il se demandait pourquoi, au fond, avait-il refusé l’invitation de son cousin d’assister au Farbrenguen du Rabbi : pourquoi ne pas voir au moins une fois ce que cela représente ? Après tout, la synagogue du 770 Eastern Parkway était située tout près de la maison de son hôte et il pourrait tout aussi bien arrêter de penser à son problème et, peut-être, mieux le comprendre après avoir effectué une pause…
En arrivant dans la grande synagogue, Rav Yaakov Moché entendit les milliers de ‘Hassidim chanter, certains levaient leurs petits verres pour souhaiter Le’haïm (« A la vie ») au Rabbi qui leur répondait d’un hochement de tête. Mais comment pourrait-il, dans cette foule, retrouver son cousin ? Il finit par le localiser, debout derrière le Rabbi. Avec des efforts surhumains, il se fraya un chemin parmi les ‘Hassidim, on l’aida, on le poussa, on le tira jusqu’à ce qu’il parvienne à rejoindre son ami.
Le silence se fit soudainement : un geste du Rabbi avait indiqué qu’il reprenait la parole. De fait, le Rabbi commença à expliquer un commentaire de Rachi sur la Paracha. Apparemment, c’était « un Rachi » tout simple, qui n’éveillait pas la curiosité de quiconque, qui ne présentait aucune difficulté et qui était facilement compréhensible à première vue. Mais le Rabbi l’analysa de telle façon que plus rien n’était évident ! Il multipliait les questions qu’un enfant de cinq ans était normalement en droit de se poser… La phrase comportait des mots qui semblaient superflus, la citation n’était pas exactement la même que dans les textes invoqués… Puis le Rabbi se mit à « reconstruire » le raisonnement de Rachi et toutes les questions que – selon l’expression du Rabbi – n’importe quel élève un peu perspicace aurait dû poser, s’écroulaient ; « le Rachi » prenait un tout autre sens que ce qu’un élève moins « curieux » aurait pu comprendre. Cependant, il restait une question, une question de taille et, pour la résoudre, le Rabbi se mit à expliquer un problème ardu de Hala’ha (loi juive) qui apportait la solution. Le Rabbi continua en démontrant qu’ainsi on pouvait aussi résoudre un texte difficile du Rambam…
Le directeur de la Yechiva Torah Vedaat qui assistait à ce discours tendit l’oreille encore davantage qu’auparavant : le Rabbi citait justement le Rambam qui l’avait interpelé toute l’après-midi ! Puis il rapportait les paroles de la Guemara, justement la Guemara sur laquelle il avait tant réfléchi sans parvenir à la comprendre. Le Rabbi continuait, précisait que, grâce à l’explication qu’il avait donnée au début, il était évident qu’il s’agissait de deux cas différents. Ainsi, non seulement le Rabbi fournissait la réponse mais démontrait qu’en fait, il n’y avait aucune contradiction, qu’ainsi tout était aisément compréhensible !
Stupéfait, Rav Yaakov Moché Leizerzone restait cloué sur place. Même une fois que le Rabbi avait terminé son exposé et que l’assemblée s’était remise à chanter une mélodie ‘hassidique poignante, le directeur de la Yechiva Torah Vedaat n’en revenait pas : l’explication était si claire, aussi bien la Guemara que le Rambam se trouvaient si parfaitement explicités… Mais ce qui l’avait le plus fasciné, c’était la « coïncidence », comment le Rabbi avait lu ses pensées, avait ressenti son débat intérieur et l’avait si magistralement interprété justement au moment où il était entré dans le Farbrenguen ! Incapable d’exprimer ce qu’il ressentait, il se tourna vers son cousin : « Incroyable » fut le seul mot qu’il parvint à émettre.
C’est alors que le Rabbi tourna la tête derrière lui et, comme s’il lisait ce qui se passait dans son cerveau, s’adressa à lui avec un sourire bienveillant : « Ne pas s’étonner… ».
Quand ils rentrèrent à la maison après la prière de Min’ha, vraiment juste avant le coucher du soleil, le directeur de Yechiva murmura à son hôte : « Savez-vous ce qui me trottait dans la tête quand j’ai réfléchi à ce qui s’est passé durant le Farbrenguen ? Je me suis souvenu du verset de Yechaya (le prophète Isaïe) : (Quand Machia’h viendra) « Avant qu’ils ne M’appellent, Je leur répondrai ! ». Il est connu que les Justes ressemblent à leur Créateur. Le Juste parfait donne la réponse avant même qu’on ne la lui pose, alors même qu’on est juste en train d’y réfléchir : il lit tes pensées et te répond immédiatement ! C’est absolument incroyable, je viens d’assister à une démonstration magistrale ! ».
Inutile de préciser que le regretté Rav Leizerzone devint depuis ce jour un partisan enthousiaste du Rabbi !
Mechoulam Yits’haki – Kfar Chabad N° 1844
Traduit par Feiga Lubecki