הוּא אֱלֹהֵינוּ. הוּא אָבִינוּ. הוּא מַלְכֵּנוּ. הוּא מוֹשִׁיעֵנוּ. הוּא יוֹשִׁיעֵנוּ וְיִגְאָלֵנוּ שֵׁנִית בְּקָרוֹב. וְיַשְׁמִיעֵנוּ בְּרַחֲמָיו לְעֵינֵי כָּל חַי לֵאמֹר. הֵן גָּאַלְתִּי אֶתְכֶם אַחֲרִית כִּבְרֵאשִׁית לִהְיוֹת לָכֶם לֵאלֹהִים
(חזרה של תפילת מוסף)

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« Il est notre D.ieu, Il est notre Père, Il est notre Roi, Il est notre Sauveur.

Il nous libérera et nous délivrera, une nouvelle fois, prochainement.

Et Il nous fera entendre, par Sa miséricorde, aux yeux de tout être, les paroles suivantes :

« Ainsi, Je vous ai délivrés, cette dernière fois, tout comme la première, afin d’être votre D.ieu. 

(Répétition de la prière de Moussaf)

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« Hou Elokeinou, Hou Avinou, Hou Malkeinou, Hou Mochieinou.Hou Yochieinou Véyigaleinou, Chénit Békarov.

Véyachmieinou Béra’hamav Lé’einey Kol ‘Haï Lémor :

Hèn Gaalti Et’hem, A’harit Kivréchit Lihyot La’hem Lélokim. »

hou elokenou

« Ce nigoun est une joyeuse mélodie évoquant l’espoir en la Délivrance finale, prochainement, chantée sur les paroles de la répétition de la prière de Moussaf, récitée le jour du Chabat. »

(Sefer Hanigounim, tome 3, page 52, Nigoun 222)

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Tout de suite après avoir enseigné le nigoun « Ki Anou Amé’ha », le Rabbi reprit la distribution de « machké » (de vodka – ndt), et en offrit à ceux qui n’en n’avaient pas encore reçu. La foule se bousculait, et, tout au long de la distribution, la densité de ‘Hassidim ne diminua pas. Il était environ cinq heures et demi du matin lorsque le Rabbi déclara : « Encore quinze minutes, après quoi je devrai partir afin de prier ». Quelques minutes s’écoulèrent avant qu’il ne reprenne : « Plus que cinq minutes », puis ajouta ensuite « Plus que trois », « Plus qu’une minute », et resta ensuite à sa place encore quelques instants.

C’est à ce moment que le Rabbi annonça : « Puisque l’on ne respecte pas la condition [nécessaire pour recevoir de la vodka, c’est-à-dire ajouter dans l’étude de la ‘Hassidout – en effet, même de petits enfants en recevaient, et ils n’accomplissaient certainement pas cette condition], je ne peux assurer qu’il y aura une autre distribution l’année prochaine, et il en va de même pour le nigoun. C’est la raison pour laquelle j’enseignerai dès à présent le chant de l’année prochaine. Et pour l’eau de vie, eh bien, nous verrons… »

Avant de commencer à enseigner le chant, le Rabbi s’exclama : « Pour cela, un ‘hazan (spécialiste du chant – ndt) est nécessaire. Et je ne suis pas du tout un ‘hazan… » Il demanda à ce qu’on lui apporte un Sidour (livre de prières – ndt), et, lorsqu’il fut ouvert devant lui, commença à entonner : « Hou Elokeinou », et chanta la fin du nigoun sans les paroles.

Après l’avoir chanté pour la première fois, le Rabbi déclara : « Ce nigoun était chanté à Rostov et à Loubavitch devant le Rabbi (Rachab – ndt), dont l’âme est en Eden, et il me semble qu’il le fut également devant mon beau-père et maître, le Rabbi (précédent – ndt), durant le passage de « Kéter » (passage récité lors de la répétition de l’officiant, lors du Moussaf – ndt) de Roch Hachana ». Il reprit alors le chant, et le répéta à de nombreuses reprises, jusqu’à ce que l’assemblée le retienne.

Lorsque tous les présents eurent fini de chanter, le Rabbi se tourna vers le Rav Reouven Dounin, et lui demanda de chanter le nigoun. Néanmoins, Rav Reouven n’en avait pas encore bien intégré la mélodie. Le Rabbi reprit alors : « Dans ce nigoun, la mélodie n’est pas essentielle, mais ce sont bien les paroles qui le sont, exprimant de manière tangible notre confiance en D.ieu en ce qui concerne la Délivrance ! »

Parmi ceux qui furent présents lorsque le Rabbi enseigna ces nouveaux nigounim, certains quittèrent la salle après qu’il eut enseigné le premier chant « Ki Anou Amé’ha ». Ainsi, seuls ceux qui restèrent eurent le mérite d’apprendre du Rabbi directement le second. Après de longues heures passées avec les ‘Hassidim, le Rabbi retourna dans son bureau, tandis que la foule, encore sous l’émotion de tout ce qui venait d’avoir lieu, continuait de chanter les « nouveaux nigounim », avec une joie et une émotion intenses.

Dès le lendemain, l’on chanta la nouvelle mélodie durant la prière de « Kéter », et le Rabbi entonna lui-même le chant avec un ton fort, presque en criant si l’on peut dire.

Au début de la prière de Min’ha, le Rabbi demanda également à ce que l’on chante « Hou Elokeinou ». Par la suite, le Rabbi débuta le farbrenguen de Sim’hat Torah, et, lorsqu’il fit signe de chanter les « nouveaux nigounim », la joie atteignit des sommets. Après avoir chanté la mélodie de « Hou Elokeinou » sans les paroles, le Rabbi revint sur ce qu’il avait dit la nuit précédente : « L’essentiel ici n’est pas la mélodie mais les paroles. Il faut accorder le chant avec ses paroles, en soulignant le passage : « Chénit Békarov », « Une seconde fois, prochainement. Voici, Je vous ai délivré cette dernière fois, tout comme la première… »

Il fit alors remarquer de nouveau : « Ce nigoun fut chanté par Yé’hiel le ‘hazan (le Rav Yé’hiel Halpern – ndt) lors du passage de « Kéter », devant le Rabbi (Rachab – ndt), dont l’âme est en Eden, et devant mon beau-père et maître, le Rabbi (précédent – ndt). »

Les ‘Hassidim ne parvenaient toujours pas à adapter parfaitement la mélodie aux paroles du chant. Le Rabbi se tourna alors en direction du Rav Chmouël Zalmanov, et lui demanda de faire correspondre les paroles à la mélodie, étant donné qu’il était doué d’un don pour le chant. Il tenta alors d’adapter les paroles à la mélodie de différentes manières, à plusieurs reprises. Un large sourire apparut alors sur le visage du Rabbi, qui se mit même à rire !

Il commença alors à chanter lui-même, et Rav Chmouël chanta en même temps, à voix basse. Le Rabbi lui fit alors remarquer : « Si celui qui a composé ce chant entendait qu’on le débute à voix basse, il aurait crié : « Guevald ! » (expression en Yiddish exprimant la consternation – ndt).

Lors du passage de « Kéter » du Chabat Béréchit, et lors de la réunion ‘hassidique qui suivit, le nigoun fut chanté avec une joie puissante.

Le Rav Yehouda Leïb Chapira raconte :

« Lorsque le Rabbi enseigna le nigoun, arrivé au mot « Chénit », il ajouta « Aye aye aye aye, Chénit Békarov ». Il sembla que le Rabbi avait un doute sur la manière de chanter cette partie, et que ce fut la raison pour laquelle il chanta de cette manière. De plus, le lendemain, lorsque le Rav Chmouël Zalmanov chanta devant le Rabbi, parvenu au passage « Chénit Békarov », il chanta différemment du Rabbi, et c’est à ce moment-là que le Rabbi l’arrêta pour lui signaler que l’essentiel était les paroles. »

[Une rumeur raconte qu’une fois, lors d’un événement similaire, le Rabbi demanda : « Où est donc passé le « Aye aye aye » ‘hassidique ? »]

Lors des jours de Chabat durant lesquels le Rabbi endossait le rôle d’officiant, il chantait « Hou Elokeinou » de manière fixe, et toute l’assemblée se taisait, écoutant la sainte voix du Rabbi. De manière générale, le Rabbi sautait le « Aye aye aye », et parfois, il faisait durer le mot « Chénit » sur une mélodie. D’autres fois, il ne chantait pas du tout lorsqu’il prononçait ces mots.

Jusqu’à l’année 5740 (1980), l’on ne chantait pas « Hou Elokeinou » de manière fixe, mais seulement lorsque le Rabbi en faisait le signe. Lors du farbrenguen du Chabat Parachat Matot-Massei, le Rabbi souleva le fait que, lors de la réunion ‘hassidique du 12 Tamouz, l’on n’avait pas chanté le nigoun de la libération (du Rabbi précédent des prisons bolchéviques – ndt). Il souligna alors :

« Il en va de même en ce qui concerne le chant « Hou Elokeinou » qui est chanté durant le passage de « Kéter » du Moussaf de Chabat. Cela fait maintenant plusieurs années que nous avons l’habitude de chanter « Hou Elokeinou » lors du Chabat qui bénit le mois de Mena’hem Av, étant donné qu’il s’agit d’un moment au cours duquel la nécessité de la Délivrance se fait plus ressentir. Mais cette année, pas un seul des présents n’a eu l’idée d’entonner ce nigoun. On attendait que j’en fasse le signe. Mais j’ai moi-même attendu de voir si l’assemblée aurait l’intelligence de le chanter de par elle-même ! Combien de fois dois-je agir de la sorte pour que l’on comprenne qu’il doit en être ainsi ?! Lorsque quelques jours passeront, une « lettre venue d’outre-mer » arrivera, et demandera : « Comment cela est-il possible ? Pourquoi n’a-t-on pas chanté durant le Chabat qui bénit le mois de Mena’hem Av ? »

En ce qui concernent ceux qui habitent ici, cela ne les a ni touché, ni affecté. Puisque le Chabat est lié au plaisir, si l’on avait chanté le nigoun cela leur aurait procuré du plaisir, de même que si l’on n’avait pas chanté le nigoun, ils en auraient également tiré du plaisir. Il n’y a donc pas de différence concernant cela (pour eux).

Mon beau-père et maître, le Rabbi (précédent – ndt), expliqua une fois que la seule différence qui existe entre le poivre et le sucre n’apparait que lorsqu’on les place sous le palais, ainsi qu’il est écrit : « La nourriture a du goût pour le palais ». Mais lorsqu’on les place sur la main, il n’y a aucune différence entre le poivre et le sucre. En effet, D.ieu a fait en sorte que la main ne puisse pas différencier le poivre du sucre.

Il en va de même pour ce qui nous concerne : cela n’importe à personne si l’on chante « Hou Elokeinou » ou si on ne le fait pas, car l’on ne place pas la chose « sous le palais », c’est-à-dire que l’on ne réfléchit pas à cela à l’aide de l’intellect, et que l’on ne ressent pas cela avec les sentiments du cœur. »

A la suite de ces sévères paroles du Rabbi, l’habitude fut naturellement adoptée de chanter « Hou Elokeinou » au cours de chaque Chabat de l’année.

Lors de Roch ‘Hodech Eloul 5747 (1987), après le rassemblement des enfants de « Tsivot Hachem », le Rabbi demanda de chanter « Cheyibané », comme il était de coutume après chacun de ces rassemblements. Il ajouta alors : « Et en tant que nouveauté, nous chanterons un autre nigoun en rapport avec la Délivrance : « Hou Elokeinou ». Environ un mois plus tard, lors de la réunion ‘hassidique de Roch Hachana 5748 (1987), après avoir récité un discours ‘hassidique, le Rabbi se tint debout, à sa place, entonna le chant « Hou Elokeinou », et l’encouragea vigoureusement, dansant durant de longs instants…

Voici une note intéressante décrivant un dialogue qui eut lieu entre le Rabbi et Zalman Jaffe lors du repas du premier jour de Chavouot 5730 (1970), dans la maison du Rabbi précédent :

« Pourquoi ne chante-t-on pas « Hou Elokeinou » ici ? demanda Reb Zalman au Rabbi.

Le Rabbi, se tournant vers le Rav Eliyahou Simpson, fit remarquer :

Cependant, Reb Zalman persista :

A partir de ce moment-là, à chaque fois que Reb Zalman arrivait au 770, il s’appliquait toujours à chanter « Hou Elokeinou ».

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Le Rav Yé’hiel Halpern :

A partir de l’année 5665 (1905), après le décès du Rav Isser le ‘hazan, qui officia durant de nombreuses années en tant que ‘hazan à Loubavitch, le Rav Yé’hiel Halpern prit sa place. Celui-ci composa de nombreux nigounim pour les prières de Roch Hachana et de Yom Kippour, que l’on chante encore aujourd’hui. Il mérita de jouir d’une proximité avec le Rabbi Rachab, qui lui enseigna même le rythme du texte des prières des « Jours redoutables » (Roch Hachana et Yom Kippour – ndt). L’un des nigounim qu’il composa fut « Hou Elokeinou », et il eut le mérite de le chanter durant les prières des « Jours redoutables » devant le Rabbi Rachab et son fils, le Rabbi Rayats.

Durant le mois de Tichri 5684 (1923), le Rabbi demeura chez le Rabbi Rayats durant Roch Hachana et Yom Kippour. C’est certainement à cette occasion qu’il entendit Rav Yé’hiel chanter « Hou Elokeinou ».

Dans l’une de ses causeries, le Rabbi Rayats décrit la grande stature spirituelle et la piété de Rav Yé’hiel :

« Le grand-père du ‘hazan, le Rav Yé’hiel Halpern, était un ‘hassid de l’Admour Hazaken. Il fut l’un des premiers qui vécut dans les implantations appartenant à la province de Yekatrinoslav, et s’installa lui-même à Houliaïpole.

Les villages de la province de Kherson furent fondés par le saint Admour Haèmtsahi, tandis que ceux de la région de Yekatrinoslav avaient déjà été bâtis par l’Admour Hazaken.

Avec le temps, et étant donné les conditions de vie des agriculteurs, Rav Yé’hiel le ‘hazan se mit à apprendre un métier, s’éloignant ainsi de l’éducation juive véritable. Un certain habitant de l’endroit l’aida à apprendre l’art du chant, ayant remarqué qu’il possédait une voix belle et agréable. Plus tard, il devint le remplaçant du metteur en scène du théâtre de Mali, à Kharkiv. Un beau jour, arriva à Kharkiv le célèbre Rav Dov Zéev Wolf Kozevnikov. Lorsque Yé’hiel l’entendit parler des ‘Hassidim, il en fut si touché qu’il fit tout son possible afin de rejoindre Loubavitch au plus vite.

Rav Yé’hiel parvint à Loubavitch en 5643 (1883), après le départ de ce monde de mon grand-père et maître, le saint Rabbi Maharach. Plus tard, Rav Yé’hiel partit pour Moscou, et y devint le ‘hazan d’une grande synagogue de la ville, dans laquelle il officia durant de nombreuses années.

En 5644 (1884), il arriva que mon père et maître, le Rabbi (Rachab – ndt) se trouva à Moscou, demeurant chez le Rav Béré Manyes, et Rav Yé’hiel était alors à son service. C’est à ce moment que mon père et maître, le Rabbi (Rachab – ndt) lui enseigna la manière de chanter les prières des « Jours redoutables » : « Aleinou », « Véhacohanim », « Ata Konanta », « Sela’h Lanou », « Ki Anou Amé’ha » etc. »

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