« Ce nigoun est connu sous le nom de « Mélodie à Quatre Mouvements », ou bien simplement de « Nigoun de l'Admour Hazaken ». Il s'agit du chant le plus fondamental et le plus important chez les 'Hassidim 'Habad. Rabbi Chnéor Zalman le composa lui-même, et, en plus de sa grande profondeur, chacune de ses notes contient un dévoilement spirituel particulièrement élevé.

Les 'Hassidim 'Habad ont l'habitude de le chanter très méticuleusement, et de le réserver pour certaines occasions particulières telles que les seconds jours de Yom Tov des Trois Fêtes, le jour de Pourim, le 19 Kislev, le 12 Tamouz, les mariages, les circoncisions, les Bar Mitsvot, ou bien lors du mois d'Eloul, lorsque l'on priait plus longuement, ou bien lors de la semaine des Sell'hot (qui précède Roch Hachana — ndt). [Le Tséma'h Tsédek va même jusqu'à dire que si l'on chante cette mélodie lors d'un jour quelconque, cela pourra même éveiller des accusateurs célestes, Dieu nous en préserve — ndt]

Dans le fascicule « Hatamim » figure une lettre du Rabbi [précédent — ndt], dans laquelle il explique longuement la signification de ce nigoun. En voici un extrait :

« Lors du farbrenguen du 20 Kislev 5663 (1902), qui eut lieu à Loubavitch, à quatre heures et demie du matin, mon père et maître, le saint Rabbi (le Rabbi Rachab — ndt), demanda à ce que l'on chante la mélodie aux Quatre Mouvements de l'Admour Hazaken. Il déclara alors :

« Nous allons à présent chanter le nigoun du Rabbi (c'est-à-dire de l'Admour Hazaken — ndt), connu aussi sous le nom de mélodie aux Quatre Mouvements. [...]

Le nigoun du Rabbi représente les quatre mondes spirituels : «Atsilout» (le monde de l'émanation — ndt), « Beria » (le monde de la création — ndt), « Yetsira » (le monde de la formation — ndt) et « Assia » (le monde de l'action — ndt), qui sont mis en parallèle avec les quatre mouvements du chant. Or, les quatre mondes spirituels reflètent les quatre lettres du nom divin « Havayé ».

[C'est la raison pour laquelle on ne chante ce nigoun qu'à certaines occasions : ceci est à l'image de ce nom divin que l'on ne prononce que lorsque cela est nécessaire, comme par exemple lorsque l'on récite un verset ou que l'on prononce une bénédiction. De la même manière, ce nigoun provoque du vacarme Là-Haut, et c'est pourquoi on ne le chante que rarement — ndt]

De plus, les quatre lettres de ce nom divin brillent au sein des quatre premiers niveaux de l'âme. : « Néfech », « Roua'h », « Néchama », et « 'Hava », qui existent chez chaque enfant d'Israël. [...]

Le nigoun du Rabbi, illustrant les quatre mondes, doit être chanté très méticuleusement. De fait, il illustre les quatre lettres du Tétragramme, représente les quatre mondes spirituels, et touche les quatre niveaux de l'âme.

Mon père, le Rabbi Maharach, me dit une fois que, chez son grand-père, le Tséma'h Tsédek, on comparaît tantôt le nigoun « Arba Bavot » aux quatre mondes, tantôt aux quatre lettres du nom « Havayé », et tantôt aux quatre premiers niveaux de l'âme. [...]

Il arriva une fois que, tandis que l'on chantait le nigoun, mon grand-père s'exclama : « Celui qui emplit tous les mondes, Celui qui emplit tous les mondes, Celui qui entoure tous les mondes, l'Essence de l'Infini, béni soit-Il...tous ces niveaux sont complètement différents les uns des autres ! [...]

Lorsque ce nigoun est chanté avec un profond ressentiment, cela constitue un moment propice à la Techouva et à l'attachement [à D.ieu — ndt]. Et lorsqu'il est chanté avec un cœur pur, après une étude sérieuse du « Teroumat Hadéchen » au sujet du Tikoun 'Hatsot (les lamentations sur la destruction du Temple, qui sont récitées après minuit — ndt) , après avoir récité le Chéma du coucher avec sincérité, et après avoir fourni de profonds efforts dans la prière, on peut alors demander [à D.ieu - ndt] une délivrance personnelle en ce qui concerne les enfants et la santé. [...]

Le Rabbi (c'est-à-dire l'Admour Hazaken - ndt) choisit d'ordonner les parties du nigoun « du bas vers le haut », à l'image des différentes étapes de la prière : Barou'h Chéamar, les Pesoukei Dezimra, les bénédictions du Chéma et le Chéma lui-même, et la Amida. Or, ces étapes correspondent également aux quatre mondes, et sont ordonnées du « bas vers le haut », c'est-à-dire du monde le moins élevé vers le plus élevé. [...]

En vérité, chacun des quatre mouvements de ce chant exerce un effet propre, que ce soit de manière profonde ou de manière superficielle :

La première partie suscite une séparation de la matérialité et un approfondissement intellectuel.

En effet, le début du nigoun secoue l'auditeur, et lui permet de s'extraire de son environnement profane. La suite de cette première partie suscite l'approfondissement intellectuel : on commence à réfléchir au but de notre existence sur terre.

Le seconde partie du nigoun constitue la suite de la première. Ainsi, au début de cette partie, on peut percevoir une certaine amertume. S'ensuit alors un sentiment d'espoir, puis des mouvements ascendants.

La part d'amertume ainsi que l'espoir et les mouvements ascendants de cette partie proviennent de la secousse et de l'approfondissement provoqués par la première partie.

La troisième partie induit une élévation de l'âme. En effet, bien que cette partie vienne après la précédente, et qu'on y perçoive l'amertume de manière encore plus intense, malgré tout, le sentiment principal de cette partie demeure bel et bien l'élévation et le déversement de l'âme.

La quatrième partie de ce chant correspond au monde spirituel d' « Atsilout », le plus élevé des quatre mondes. Il est vrai que cette partie fait suite à la troisième, mais, en vérité, elle en est intrinsèquement séparée.

On peut s'apercevoir de cette différence significative en observant les effets concrets induits par cette partie. En effet, cette dernière partie provoque une certaine gaieté de l'âme. Il ne s'agit plus d'une élévation de l'âme, mais bien d'une gaieté de l'âme.

Dans ce nigoun, le Rabbi (c'est-à-dire l'Admour Hazaken — ndt) explique sa vision de la 'Hassidout, et indique la voie du service de D.ieu que doit emprunter un 'Hassid 'Habad.

On sait que le Rabbi composa ce chant après avoir séjourné auprès du Maguid, à Mézéritch. La majorité de ses nigounim furent d'ailleurs composés à cette époque. Néanmoins, on sait également que la composition des chants du Rabbi, en général, et celle de la mélodie aux Quatre Mouvements en particulier, intervint après qu'il soit devenu Rabbi. »

Après avoir conclu son propos au sujet de la signification du nigoun, mon père et maître, le saint Rabbi (le Rabbi Rachab — ndt), demanda à ce que l'on chante cette mélodie méticuleusement. Les trois premières parties furent chantées deux fois chacune, et la quatrième le fut trois fois. Le nigoun fut chanté de cette manière trois fois successives, et, lors de la troisième fois, la quatrième partie fut chantée dix fois, afin de la graver dans les dix forces de l'âme de chacun. »

A chaque fois que le Rabbi [précédent — ndt] demandait de chanter cette mélodie, lors de réunions 'hassidiques, ou bien à l'occasions des différentes dates 'hassidiques, il soulignait toujours l'importance de la chanter très méticuleusement, et avec un grand sérieux. Il demandait également de chanter trois fois la dernière partie.

Sefer Hanigounim, tome 1, p.43-44

Fascicule A 'Hassidiché Farbrenguen - édité par le Beth 'Habad de Rouen