Par la grâce de D.ieu,
17 Sivan 5711,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu le livre Ko’ho de Rabbi Chimeon Ben Yo’haï, que vous m’avez fait parvenir. Je vous en remercie et nos Sages disent, au traité Baba Kama 92b, que "le vin appartient à son propriétaire, mais l’on remercie celui qui le sert".
Néanmoins, on remercie celui qui le sert uniquement s’il possède lui-même le libre arbitre(1), comme l’explique le Séfer Hamitsvot, du Tséma’h Tsédek, au chapitre 3 de la Mitsva de la circoncision. C’est le cas seulement si le propriétaire est juif, mais non s’il est un ange ou encore un non-Juif. Vous consulterez le Likouteï Torah, à la Parchat Emor, au commentaire du discours Vehénif, chapitre 3. Mais, l’on peut encore s’interroger, à ce propos.
Vous voudrez bien remercier pour moi l’auteur de ce livre, qui me l’a offert. Dans la mesure du possible, il serait bon qu’il envoie ses autres livres à notre bibliothèque, éventuellement en échange de parutions des éditions Kehot. Si vous pouviez l’obtenir, je vous en serais très reconnaissant.
Vous féliciterez l’auteur pour avoir écrit un livre appartenant à la partie cachée de la Torah, en général et, en particulier, lié au Zohar, grâce auquel les enfants d’Israël quitteront l’exil avec miséricorde, très bientôt et de nos jours.
Je dois toutefois exprimer ma surprise. En effet, différents passages de ce livre montrent que l’auteur a connaissance de l’enseignement du Baal Chem Tov et de ses disciples. Malgré cela, je n’ai pas encore vu, pour l’heure, qu’il cite les ouvrages de ‘Habad, alors que ceux-ci traitent des concepts qu’il développe dans son livre.
Il fut un temps où, dans certains cercles, on adoptait une attitude réservée envers l’enseignement de ‘Habad, ainsi qu’il est dit : "ne recherche pas ce qui te dépasse". On considérait qu’il suffit de marquer sa foi en D.ieu, tout au long du jour, comme le disent, en particulier, les livres du Rabbi de Ziditchov.
De même, quelques générations avant celle-là, de nombreux Grands d’Israël s’effrayèrent de la diffusion de la ‘Hassidout générale, c'est-à-dire de l’enseignement du Baal Chem Tov. Et, encore quelques générations avant cela, la propagation du Zohar faisait peur également.
Puis, quelques décennies après la diffusion du Zohar et, ensuite, quelques décennies après la révélation du Baal Chem Tov et de son enseignement et, par la suite, avec l’éclairage, qui se poursuit encore actuellement, des six luminaires que furent les chefs de ‘Habad, depuis l’Admour Hazaken jusqu'à mon beau-père, le Rabbi, il fut concrètement établi que l’on ne pouvait plus se passer de cet enseignement.
Que l’on médite aux conséquences de l’étude du Zohar, puis de l’enseignement du Baal Chem Tov, à l’effort, en particulier développé à notre époque, pour étudier la ‘Hassidout ‘Habad. Il ne fait plus l’ombre d’un doute que le Zohar est l’arbre de vie, que l’enseignement du Baal Chem Tov constitue les sources dont lui parlait le Machia’h(3), qu’à l’heure actuelle, la ‘Hassidout ‘Habad est le moyen de comprendre le Zohar. C’est de cette manière que l’on peut diffuser les sources à l’extérieur et, ainsi, provoquer la venue du roi Machia’h.
Nous tous avons eu le mérite, même si l’on peut s’interroger sur la valeur de notre génération, d’assister à une ample révélation des concepts cachés du Zohar et de la ‘Hassidout, désormais accessibles à la raison humaine. En tout état de cause, on peut savoir que ces concepts existent, même si on ne les perçoit pas profondément.
De la sorte, l’intellect s’unit à la connaissance de D.ieu, Qui emplit les mondes et les entoure, par rapport à Qui tout est insignifiant. On peut ainsi dépasser la foi et ce qu’elle permet. Celui qui ne tire pas profit de tout cela, bien que, par un effet de la divine Providence, il ait connaissance de l’existence de la ‘Hassidout ‘Habad, suscite le plus grand étonnement.
De plus, celui qui a la possibilité d’apprendre cette partie de la Torah et ne le fait pas n’est pas considéré comme ayant mené son étude comme il aurait dû le faire. Vous consulterez les lois de l’étude de la Torah, de l’Admour Hazaken, chapitre 1, fin du paragraphe 4, pour ce qui concerne notre propos. Ce texte dit : "Les Sages de la Vérité(4) disent... ils disent encore... la perfection de l’âme consiste, pour elle, à connaître tout ce qu’elle peut étudier de la Torah. Elle ne peut s’élever et se parfaire, en sa source, sans cette connaissance."
Il est inutile d’en dire plus tant cela est logique et évident.
Je vous donnerai maintenant une liste, non exhaustive, de références, dans la ‘Hassidout, parlant de Rabbi Chimeon Ben Yo’haï : Igueret Hakodech, chapitres 19 et 26, Torah Or, page 23c, Likouteï Torah Vaykra, page 18a, citant une note du Tséma’h Tsédek selon laquelle le Baal Chem Tov eut une élévation considérable, page 28a, Bamidbar, pages 84c, 87d, Devarim, pages 12b, 43a, qui parle d’une élévation supérieure à celle du roi David, ce qui est surprenant, Chir Hachirim page 19c, Sidour de l’Admour Hazaken, porte de Lag Baomer, discours Vehé’hérim 5631, à partir de la page 52 et d’autres références encore.
Le discours Veélé Chemot 5617, de Rabbi Hillel de Paritch, actuellement sous presse(5), dit : "Selon l’Admour Hazaken, pour les âmes les plus élevées, comme celle de Rabbi Chimeon Ben Yo’haï, le Temple ne fut jamais détruit."
Je conclurai avec une explication que l’on peut peut-être avancer, à propos du commentaire de nos Sages, que rapporte l’introduction du livre Ko’ho de Rabbi Chimeon Ben Yo’haï. Elle figure dans le Yerouchalmi Sanhédrin, chapitre 1, paragraphe 2. Lorsque Rabbi Akiva donna l’ordination à Rabbi Meïr et à Rabbi Chimeon Ben Yo’haï, il demanda que Rabbi Meïr prenne place le premier. Rabbi Chimeon s’en affecta et Rabbi Akiva lui dit, alors : "Il te suffit que moi-même et ton Créateur connaissions ta force".
On peut, à ce propos, poser plusieurs questions. Voici quelques unes d’entre elles. S’agissant de la réponse, si Rabbi Akiva connaissait la force de Rabbi Chimeon, pourquoi ne lui fit-il pas prendre place en premier ? Et, si Rabbi Chimeon n’en avait pas la force, pourquoi Rabbi Akiva ne le lui dit-il pas ? Et qu’importe que "moi-même et ton Créateur connaissions ta force" ? Le Pneï Moché explique que Rabbi Meïr était plus âgé que Rabbi Chimeon. Mais, cette explication n’apparaît pas du tout ici.
Sur la forme de la réponse, pourquoi dire "ton Créateur" et non le Saint béni soit-Il ou le Tout Puissant, selon les expressions courantes ? D’autant que les Sages acquièrent la Torah non pas par la création naturelle, mais bien grâce aux quarante huit qualités que l’on doit posséder. Et, pourquoi dire "ta force" et non "ta sagesse", puisqu’il s’agit d’ordination des Sages ? Et, concernant la réponse, pourquoi dire "moi et ton Créateur" et non l’inverse ?
L’explication est brièvement la suivante, le temps ne me permettant pas de faire le développement qu’il faudrait. Toute la Torah se trouve dans le monde supérieur d’Atsilout, selon le Torah Or ‘Hayé Sarah, à la fin du discours reprenant les termes du Rabbi. Puis, le Talmud, les raisons profondes de la Hala’ha, apparaissent dans celui de Brya et la Michna, la Hala’ha tranchée, occultant les raisons, en Yetsira. Le Tanya explique tout cela au chapitre 52. La Kabbala, en revanche, est seulement en Atsilout, comme le dit le Torah Or, à la même référence, la note au chapitre 40 du Tanya, le Kountrass A’haron, au paragraphe commençant par "afin de comprendre ce que dit le Peri Ets ‘Haïm".
Rabbi Chimeon Ben Yo’haï était un maître des secrets de la Torah et, par son intermédiaire, la possibilité de les percevoir était également accordée aux autres Sages, qui pouvaient ainsi mettre en évidence l’enseignement caché de la Torah dans sa partie révélée, comme le dit le discours Vehé’hérim, précédemment cité.
Lorsque les Sages se réunissent pour discuter la Torah, ils ne se préoccupent pas de savoir qui prendra place le premier et qui sera le second. S’il s’agit, en revanche, de trancher la Hala’ha, de statuer sur un problème financier, on interroge d’abord le plus grand, qui est alors assis le premier. Pour prononcer une condamnation à mort, en revanche, on commence par le plus petit, selon le chapitre 4 du traité Sanhédrin.
Ce qui vient d’être dit permet de comprendre ce passage du Yerouchalmi. Rabbi Akiva fit prendre place à Rabbi Meïr et à Rabbi Chimeon, dans cet ordre. Il s’agissait, en l’occurrence, de trancher la Hala’ha. Rabbi Meïr prit donc place le premier car "il éclairait les yeux des Sages par la Hala’ha", selon le traité Erouvin 13b. Rabbi Chimeon s’en affecta, sachant qu’il savait parfaitement discuter la Torah, comme le dit le traité Chabbat 33b et qu’il était, en outre, un maître des secrets de la Torah, qu’il transmettait, en outre, aux autres Sages.
Certes, Rabbi Chimeon acquit certaines de ses qualités longtemps après son ordination par Rabbi Akiva. Mais, il en possédait déjà certaines et surtout connaissait ses capacités, en la matière, ce qu’il pouvait obtenir puisque ses aptitudes s’étaient révélées d’emblée.
Rabbi Akiva lui répondit que "moi", c'est-à-dire l’Attribut de royauté du monde d’Atsilout, selon le Zohar, tome 1, page 6b et le traité Soukka 53a et "ton Créateur", le Talmud, qui se trouve en Brya et révèle en lui l’Attribut de royauté d’Atsilout, "connaissent ta force", bien qu’elle ne se soit pas encore révélée dans la Hala’ha tranchée, qui se situe en Yetsira. Le sens de la force est expliqué dans le Likouteï Torah sur trois Parachyot, page 56c.
Il y a bien là des qualités extraordinaires. En conséquence, "il te suffit" et, lorsque la Hala’ha fut tranchée, en Yetsira, Rabbi Meïr prit place le premier.
Ce qui vient d’être dit permet de répondre aux questions précédemment posées.
Avec ma bénédiction pour tout le bien matériel et spirituel,
Notes
(1) Voir, à ce propos, la lettre n°980.
(2) Il s’agit du Rav Ichaya Acher Zelig Margolis.
(3) Lui expliquant qu’il viendrait lorsque celles-ci se répandraient à l’extérieur.
(4) Ceux de la Kabbala.
(5) Qui fut imprimé dans le Péla’h Harimon.