Par la grâce de D.ieu,
19 Elloul 5711,
Brooklyn, New York,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Acher(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre courrier et je vous prie de m’excuser pour n’avoir pas encore répondu comme il l’aurait fallu à vos deux dernières lettres, du fait de mes nombreuses occupations et de la charge de travail qui m’incombe. En ces jours de bonté et de miséricorde(2), vous me le pardonnerez sans doute.
J’ai lu avec satisfaction, dans votre lettre, le compte rendu des efforts qui ont été faits et qui le sont encore, afin d’acquérir un bâtiment pour la Yechiva, à Melbourne. Finalement, D.ieu vous a conféré la réussite et vous avez trouvé un édifice convenable. Avec le temps, vous trouverez sûrement les moyens de l’acheter et, avant tout, que D.ieu multiplie vos bons élèves. Lorsque ce point essentiel sera obtenu, vous disposerez également de ce qui est accessoire.
Vous me demandez quel nom lui donner(3). Si celui-ci est déjà attribué, il n’y a pas lieu de le changer. En revanche, si vous n’avez encore pris aucune décision et dans la mesure où, au début, il sera difficile que cette institution puisse satisfaire à toutes les exigences des ‘Hassidim, je propose de l’appeler Ohaleï Yossef Its’hak Loubavitch(4). En effet, je m’efforce, dans toute la mesure du possible, que les écoles fondées actuellement portent le nom de mon beau-père, le Rabbi. Car, c’est uniquement par son enseignement que nous vivons(5).
Créer et développer une Yechiva conforme aux valeurs traditionnelles est un accomplissement de la plus haute importance.
Ce qui a été consacré est, d’un certain point de vue, plus important que les prélèvements agricoles, la Terouma, qui est rattachée au monde spirituel de Brya, alors que ce qui est sacré acquiert ainsi un statut d’indépendance, comme le constate le Zohar, tome 3, page 94b, se rattachant ainsi au monde d’Atsilout. C’est pour cela qu’un niveau quatre fois dérivé est défini uniquement pour ce qui est consacré. Ce quatrième niveau introduit la dimension ésotérique de la Torah. Parmi ses quatre paliers d’interprétation, le quatrième, celui de la Kabbala est précisément rattaché à Atsilout.
La valeur de l’étude basée sur la lumière et le luminaire de la Torah, qui en est l’enseignement profond, a toujours été d’une valeur inestimable. Ce fut le cas lorsque tout allait bien et cela se vérifie encore plus clairement, en cette période troublée. En effet, les Juifs se sont dispersés, en des points du globe très éloignés l’un de l’autre. Les occupations éreintantes et les tracas effrayants, par rapport aux époques précédentes, ont provoqué la déconvenue morale.
Il faut donc rechercher désespérément tout ce qui est de nature à rétablir l’unité, en particulier dans la Torah. Certes, "nous possédons tous une même Torah". Or, l’unité de la Torah apparaît beaucoup plus clairement dans son enseignement profond, qui ne comporte pas de discussions, de controverses, en tout cas pas autant que la partie révélée de la Torah.
A la source, la partie profonde de la Torah appartient à l’arbre de vie et non à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, comme l’explique Igueret Hakodech, au chapitre 26. On n’y trouve donc pas de questions, de divergences, comme le précisent le Zohar et Igueret Hakodech.
Combien plus est-ce le cas en cette période du talon du Machia’h, à l’approche du terme de notre exil et de la venue de notre juste Machia’h. Il est donc important d’apporter la lumière en un nouvel endroit, surtout si on lui donne le luminaire, source de la lumière.
J’espère que D.ieu vous donnera la réussite, très prochainement, comme l’explique le discours ‘hassidique(6) édité pour le 12 Tamouz, cette année, selon lequel la nature peut elle-même être surnaturelle. La lumière ira donc en s’intensifiant et la nuit sera claire comme le jour. Nos Sages nous donnent l’assurance que ceux qui adoptent une telle attitude recevront le mérite de ce qui est public et seront bénis de tout le bien, dans l’ensemble de leurs besoins, pour eux-mêmes et pour tous les leurs.
Vous saluerez toute la communauté et chacun de ses membres, en particulier. Tous ont fait de vous leur émissaire pour m’annoncer cette bonne nouvelle. J’exprime donc également ma bénédiction par votre intermédiaire et je souhaite à chacun d’être inscrit et scellé pour une bonne et douce année.
M. Schneerson,
Je vous joins un extrait(7) de la causerie du Chabbat Mevar’him(8) Elloul. Vous le diffuserez de la manière qui convient. Je vous adresse aussi une brochure sur l’activité publique qui, à n’en pas douter, vous intéressera beaucoup.
Notes
(1) Le Rav A. Abramson, de Melbourne, en Australie. Voir, à son propos, la lettre n°881.
(2) Pendant le mois d’Elloul.
(3) A la Yechiva
(4) Nom que portent les institutions Loubavitch, au Maroc, de même que celles, créées par le Rav H. Z. Wilimovski, en Erets Israël. Voir la lettre n°1201.
(5) Textuellement : "Nous buvons son eau et nous vivons par sa bouche".
(6) Du précédent Rabbi.
(7) Voir les lettres n°1158 à 1161, 1164, 1171, 1172, 1175, 1178, 1179 et 1181, 1184, 1190, 1194 et 1196 à 1198, 1200 et 1204.
(8) Qui bénit le mois.