Par la grâce de D.ieu,
3 Tévet 5712,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Chmouel(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du 14 Kislev, par laquelle vous me demandez des références sur le choix d’un nom pour un fils ou une fille et si ce choix incombe au père ou à la mère. Vous avancez ce qui est dit par certains versets, selon lesquels le nom du fils est donné tantôt par le père, ainsi qu’il est dit "Avraham appela son fils", tantôt par la mère, comme ce fut le cas pour les fils de Yaakov, à propos desquels il est dit : "elle lui donna pour nom".
Voici ma réponse :
A) A mon sens, on ne peut rien déduire de ces versets. Ainsi, les noms de tous les fils de Yaakov, à l’exception de Binyamin, furent donnés par leur mère. Or, il n’est pas logique de dire que le nom d’un fils doive systématiquement être choisi par la mère, que le père n’a pas son mot à dire, en la matière.
Bien plus, plusieurs versets montrent que le nom du fils est effectivement donné par le père. Dans certains cas, ce nom est donné par les deux à la fois(2), qu’il s’agisse du même nom, comme c’est le cas pour Ichmaël ou d’un nom différent, comme dans le cas de Binyamin(3). Plus encore, le nom est parfois donné par des étrangers, comme pour Zara’h, Perets et Oved.
Vous consulterez les versets Chmouel 2, 12, 24 et 25.
Pourquoi les noms des fils de Yaakov furent-ils donnés par Ra’hel et Léa ? Parce que, disent nos Sages, dans le Midrach Béréchit Rabba, à la fin du chapitre 72, celles-ci étaient prophétesses. De plus, leur esprit prophétique était supérieur à celui des Patriarches et c’est pour cela qu’il est dit : "En tout ce que te dira Sarah, écoute sa voix", selon le Midrach Chemot Rabba, au chapitre 1. Vous consulterez également le Likouteï Torah sur Chir Hachirim, au quatrième chapitre du discours intitulé "la voix de mon Bien Aimé".
Quand aux noms d’Its’hak et d’Esav, ils furent aussi donnés par Sarah, selon le verset Béréchit 21, 6 et par Rivka, selon le commentaire de Rachi sur le verset Béréchit 25, 26, basé sur le Midrach Rabba, à la même référence et le Midrach Tan’houma Chemot, chapitre 4.
B) Pour revenir à la question proprement dite, le choix d’un nom est un acte important, une immense responsabilité. Différents textes de ‘Hassidout montrent que celui-ci est le canal véhiculant la vitalité et la bénédiction à celui qui le porte.
Le Chneï Lou’hot Haberit l’explique longuement, dans l’introduction de la dernière partie, de même que le Tanya, à la fin du premier chapitre de Chaar Hay’houd Vehaémouna, le Likouteï Torah Behar, au second chapitre du discours intitulé "Mes Chabbats" et d’autres référence encore.
En conséquence, disent les écrits du Ari Zal, "lorsqu’un homme naît, que son père et sa mère lui donnent un nom, le Saint béni soit-Il place dans leur bouche celui qui correspond à son âme spécifique", selon le Séfer Haguilgoulim, vingt troisième introduction, le Emek Haméle’h, première partie, fin du quatrième chapitre et le Or Ha’haïm, sur le verset Devarim 29, 17.
C) A qui appartient-il de donner un nom ? Je n’ai pas reçu d’instruction claire, en la matière, mais vous consulterez les commentaires des premiers Sages, comme le Hadar Zekenim ou le Daat Zekenim, sur le verset Béréchit 38, 5 : "Il était à Keziv quand elle l’enfanta".
Selon ces Sages, le premier nom(4) est donné par le père, le second par la mère, le troisième par le père. C’est ainsi qu’il faut interpréter ce verset. En l’occurrence, "elle lui donna un nom" parce que Yehouda "était à Keziv quand elle l’enfanta".
A mon sens, en l’absence de tout coutume établie, les noms doivent être choisis dans l’ordre qui vient d’être déterminé. Certes, le Ramban écarte cette explication, considérant que le but de ce verset n’est pas d’établir quelle est la coutume. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il remette en cause l’avis de ces premiers Sages(5).
Vous consulterez également le Ikareï Hadat sur Yoré Déa, chapitre 27, paragraphe 7, qui dit qu’un homme a coutume de donner à son premier fils le nom de son père(6).
Je vous joins le fascicule(7) et la brochure(8) du 19 Kislev, avec ma lettre, adressée à tous, qui l’accompagne(9), puisque la Torah est toujours d’actualité(10).
Avec ma bénédiction,
Notes
(1) Le Rav C. Yallov, de Syracuse, Etats Unis.
(2) Mais, indépendamment l’un de l’autre.
(3) Nom qui lui fut donné par son père, alors que sa mère l’appela Benoni.
(4) Le nom du premier enfant.
(5) Il dit simplement que l’on ne peut pas le déduire de ce verset.
(6) Qui est donc le grand-père de l’enfant.
(7) Des enseignements du précédent Rabbi.
(8) Relatant l’emprisonnement et la libération de l’Admour Hazaken.
(9) Voir la lettre n°1263.
(10) Bien que le 19 Kislev soit passé.