Lettre n° 1375

Par la grâce de D.ieu,
27 Tévet 5712,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre du 14 Tévet, dans laquelle vous me parlez de votre enseignement de la ‘Hassidout et des réunions ‘hassidiques que vous avez organisées, ces jours-ci. Je vous remercie beaucoup de m’avoir communiqué ces bonnes nouvelles. En tout temps, on a faim et soif de les recevoir et il n’est de bon que la Torah et les Mitsvot. Mais, combien plus est-ce le cas à l’époque actuelle, surtout lorsque ces nouvelles concernent des endroits éloignés, par l’esprit bien sûr, car l’éloignement géographique n’intervient pas, en la matière, même s’il est parfois à l’origine de l’éloignement moral.

Bien évidemment, cela ne veut pas dire que tout soit systématiquement bien fait. Ce n’est malheureusement pas le cas, en l’occurrence. Et, je vous ai déjà dit plusieurs fois que l’une de vos missions principales avait été définie par mon beau-père, le Rabbi, dans les termes suivants : "Un bon professeur ne se contente pas d’enseigner aux élèves. Il les conduit, en outre, à acquérir leur autonomie dans l’étude. Sa réussite ne peut être appréciée uniquement auprès de l’élève consciencieux et appliqué à son étude. Son efficacité doit être également établie chez celui qui est de nature paresseuse, qui n’a que des moyens limités".

Or, il en est de même pour ce qui vous concerne. Votre mission essentielle consiste à former des Juifs pratiquants, des ‘Hassidim, à faire qu’au final, ce mouvement s’étende au monde entier. Pour cela, vous ne pouvez pas vous contenter d’enseigner la ‘Hassidout que vos auditeurs sont habitués à entendre, puis de leur demander une participation pour les institutions. Il faut réveiller en eux le désir de vouloir tout cela et surtout de construire, autour de vous, un environnement ‘hassidique. Pour cela, vous devez réunir quelques jeunes ‘Hassidim.

C’est pour cela que je vous ai demandé, à de très nombreuses reprises, de vous renseigner sur les moyens que pourraient avoir des ‘Hassidim de gagner leur vie, dans votre ville. Il s’agit de ‘Hassidim que vous connaissez. Vous êtes familiers de leur nature et vous êtes au fait de leurs besoins. Malheureusement, rien de tout cela n’a été fait.

Bien plus, je vous soupçonne de considérer votre arrivée et votre installation sur place comme un départ en exil. Chaque jour, vous attendez avec impatience de pouvoir vous libérer de cet exil et de vous installer, en un moment bon et fructueux, à Brooklyn ou à Williamsburgh. Il est, bien entendu, impossible que de telles pensées n’affectent pas votre travail, ne fassent pas obstacle au plein accomplissement de votre mission.

Par ailleurs, il est clair qu’en pareil cas, vous ne vous investissez pas profondément. Dans le Torat Chalom, à la page 41, le Rabbi Rachab dit : "On se trouve là par soumission, mais l’on voudrait être ailleurs, partir. Certes, on est actif, de cette manière, mais pourquoi ne pas le faire avec vérité ? On doit être réellement là où l’on se trouve. C’est ensuite seulement que l’on pourra se rendre dans un autre endroit. Tant que l’on agit ici, on doit se trouver ici. C’est de cette façon que l’action est vraie". Vous consulterez le long développement de ce texte.

Combien plus en est-il ainsi pour ce qui nous concerne. Votre mission actuelle a un caractère essentiel. Nos Sages montrent l’importance de séparer le grain de l’ivraie. Nous venons de voir que "l’on doit être réellement là où l’on se trouve". Si c’est le cas, vous devriez faire venir sur place d’autres ‘Hassidim. Ainsi, vous ne serez plus seul. Or, vous cherchez actuellement le contraire. Vous espérez qu’en restant seul, on aura enfin pitié de vous et l’on vous libérera de cet exil.

Avec ma bénédiction de réussite, dans vos préoccupations communautaires et personnelles,