Par la grâce de D.ieu,
2 Chevat 5712,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Vous savez sans doute que votre frère m’a rendu visite. Pour faire suivre à notre conversation, je vous adresse une copie de la lettre que je lui ai adressée. Il serait bon et judicieux que votre frère ne sache pas que je vous l’ai envoyée.
Je suis obligé de dire que je suis très surpris de votre attitude. Il m’a semblé, en effet, que votre frère pourrait être influencé positivement. Il faut donc le rapprocher beaucoup plus de la Torah et des Mitsvot. Or, il me dit, par exemple, qu’il est affilié à un Temple de tendance "conservative"(1) alors que, de toute évidence, il ne sait pas qu’une telle pratique est condamnable.
Pensez-vous que D.ieu vous ait conduit ici uniquement pour profiter de la richesse des Etats Unis et ne plus subir les vicissitudes des contrées dont vous êtes originaire, puis l’inconfort que vous avez connu en France ? Vous résidez dans la même ville que votre frère et D.ieu a fait que vous ayez connaissance du luminaire de la Torah, en général et de la ‘Hassidout, en particulier. Ne sentez-vous donc pas la responsabilité qui vous incombe ?
Mon beau-père, le Rabbi, citant son père, le Rabbi Rachab(2), dit que : "tout comme on doit mettre les Tefilin chaque jour, il faut, de la même façon, s’intéresser à l’éducation des membres de sa famille" et, pour ce qui vous concerne, celle de votre frère et des siens. Vous avez le devoir et le mérite sacré de rapprocher le cœur de votre frère et des membres de sa famille de la Torah et des Mitsvot, dans toute la mesure du possible. A n’en pas douter, si vous vous employez chaque jour à cela, dans les termes qui conviennent et de manière agréable, vous connaîtrez la réussite.
Certes, le "petit malin"(3) pourrait vous suggérer que vous avez besoin du soutien financier qu’il vous apporte et qu’en conséquence, il ne vous écoutera pas. Ce n’est en aucune façon le cas et il n’y a là qu’une intervention du mauvais penchant.
De fait, les érudits de la Torah et les guides spirituels doivent, très souvent, recevoir un soutien financier de leurs élèves et il faut voir en cela un bienfait de D.ieu. Vous consulterez, à ce propos, le Raya Méhemna, cité par Igueret Hakodech, au chapitre 26 : "Les érudits, comparables au Chabbat et aux fêtes, ne possèdent que ce qui est préparé pour eux pendant les jours de semaine".
Vous consulterez également le Séfer Hamitsvot(4) du Tséma’h Tsédek, page 112b, qui rapporte ce que dit l’Admour Hazaken à propos du comportement du saint Rabbi Mendel Barrer, qui commentait la Torah seulement lorsqu’on lui donnait une pièce. Vous étudierez précisément ce texte.
Avec ma bénédiction de réussite pour tout cela et en vous remerciant d’avance pour la bonne nouvelle que vous m’annoncerez, en la matière,
Notes
(1) N’appliquant pas pleinement la Hala’ha.
(2) Voir les lettres du Rabbi Rachab, tome 4, lettre n°1027.
(3) Le penchant vers le mal.
(4) Le Dére’h Mitsvoté’ha.