Lettre n° 1441

Par la grâce de D.ieu,
1er jour de Roch ‘Hodech 5712,
Brooklyn, New York,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai reçu, en leur temps, vos lettres du 22 Tévet, du 29 Tévet et du 7 Chevat. Vous m’écrivez à propos du Mikwé(1). Les preuves de la Hala’ha et la discussion que vous rapportez me semblent en dehors du sujet invoqué par ceux de l’autre camp et j’ai bien peur que leur seul soucis soit d’emporter la victoire. En effet, il est absolument inconcevable de remettre en cause la manière de construire un Mikwé établie par les grands de notre peuple, issus de différentes communautés, dans les précédentes générations. Car, ceux-ci, à n’en pas douter, connaissaient le Talmud, les premiers et les derniers commentateurs, les paroles des Sages, dont ils ont assurément tenu compte dans leurs décisions.

Il est dommage que les ‘Hassidim soient totalement dépourvus d’une telle fermeté(2). Il est clair qu’ils devraient en faire preuve, lorsqu’il s’agit de quelqu’un qu’ils considèrent comme bon, a fortiori de leur Rabbi et de leur chef. Vous constatez vous-même qu’ils(3) ne ménagent pas leurs efforts pour mettre en pratique les instructions de ceux qu’ils considèrent comme possédant des qualités humaines. Or, vous-même ne faites rien pour imposer l’avis d’un homme dont la sainteté est établie(4), dont la compréhension était divine, que des dizaines de milliers de Juifs acceptent comme guide, jusque dans le moindre détail, pour tout ce qui concerne la Torah et les Mitsvot. Ce qui en découle pour le sujet qui nous préoccupe est bien clair.

Vous me demandez si vous pouvez montrer mon télégramme. Comme vous le savez, différents récits permettent d’établir que, lorsque l’on est sûr de soi, on connaît la réussite. Et, il en est de même, en l’occurrence. Je suis certain que si vous aviez adopté, à la réception de mon télégramme, une attitude ferme, sans feindre la crainte des hommes, l’enseignement du Rabbi Rachab aurait brisé tous les obstacles et se serait appliqué concrètement.

Mais, les autres se sont prononcés pour l’opinion opposée et vous-même avez été saisi par le doute. Il a donc été nécessaire de vérifier, d’interroger, de clarifier. Je me demande donc si vous pouvez maintenant faire preuve de fermeté. Votre attitude pourrait même être négative, car avoir une position ambiguë est parfois plus dommageable qu’opter pour la position opposée.

Mon but n’est pas de vous faire de la morale, mais je souffre d’une telle situation. Chacun d’entre nous a vu, de ses yeux, différents miracles, qui ont été réalisés par nos maîtres, s’en est remis à eux dans des situations impliquant parfois un problème de vie ou de mort, matérielle ou spirituelle. Malgré tout cela, il arrive parfois, et malheureusement trop souvent, que l’on perde ses moyens, lorsque l’on est confronté à l’épreuve que constitue l’adversité.

En pareil cas, on recherche différentes solutions et l’on devient, soudain, diplomate. En fait, c’est là la preuve que l’on est encore éloigné de la diffusion des sources à l’extérieur, comme la définit longuement la ‘Hassidout. Celle-ci établit que, pour donner un peu à l’extérieur, il faut posséder beaucoup en soi.

Que D.ieu vienne en aide à chacun d’entre nous pour mettre en pratique la mission qui lui est confiée dans ce monde, dans l’opulence. Et, qu’Il nous délivre de l’étroitesse pour nous conduire vers la largesse véritable.

Avec ma bénédiction,

Notes

(1) Construit dans la ville du destinataire de cette lettre, certaines autorités locales s’opposant à ce qu’il soit conforme à l’avis du Rabbi Rachab.
(2) Dont font preuve "ceux de l’autre camp" dans leur rejet de l’avis du Rabbi Rachab.
(3) "Ceux de l’autre camp".
(4) Le Rabbi Rachab.