Par la grâce de D.ieu,
5 Nissan 5712,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
La fête de Pessa’h approchant, je me permets de vous adresser ces quelques lignes.
Quiconque médite aux événements de ces dernières années comprend qu’on ne peut leur appliquer les grands principes de l’histoire. En effet, ce qui s’est passé se démarque complètement de ce que ces principes auraient permis d’imaginer. On le voit tout particulièrement en ce qui se déroule actuellement en Terre Sainte.
L’une des conclusions de cette réflexion est la suivante. Très souvent, l’esprit et le fond l’emportent sur la matière et la forme. Et, l’on a pu constater dernièrement, de manière concrète, que la victoire a été emportée par le camp qui était matériellement le plus faible, dont la force résidait dans sa spiritualité.
Il en est ainsi pour la communauté et l’on peut en déduire que c’est également le cas pour chaque individu, en particulier ceux qui appartiennent au peuple d’Israël. Après les terribles persécutions qui ont marqué ces dernières années, chacun et chacune d’entre nous est un rescapé, dont la responsabilité se trouve considérablement accrue, par rapport à ce qu’elle a pu être jusqu'à ce jour.
Bien plus, le comportement d’un individu peut également servir d’exemple à tout son entourage. En pareil cas, sa responsabilité est d’autant plus grande, car de nombreuses personnes adopteront la même attitude.
Mon but n’est pas de faire un discours. L’objet de la présente est le suivant. Je possède quelques informations sur vous et je sais, en particulier, que vous avez été, pendant quelques temps, un élève de la Yechiva Loubavitch. Il est donc impossible que tout cela reste vain, ce qu’à D.ieu ne plaise. Les principes naturels établissent que la matière ne peut se perdre. Elle ne fait que subir une mutation, ou bien est transformée en énergie, mais, en tout état de cause, elle n’est pas perdue. Aucune parcelle, même la plus infime, n’en disparaît. Combien plus en est-il ainsi pour la spiritualité, qui n’est pas soumise aux limites inhérentes à la matière.
D.ieu vous a donné le mérite d’habiter en Terre Sainte, un pays "vers lequel toujours sont tournés les yeux de D.ieu, du début de l’année à la fin de l’année", selon l’expression du verset. Là, vous exercez des fonctions publiques et vous constituez un exemple pour une certaine catégorie de personnes. Une brève réflexion vous permettra de déterminer la responsabilité qui est la vôtre, d’abord par rapport aux dizaines de générations de vos ancêtres, chacun d’entre eux ayant donné sa vie pour constituer la chaîne d’or de l’histoire du peuple juif, s’élevant sur le chemin de D.ieu.
Vous avez aussi une responsabilité envers les fondateurs et les dirigeants de la Yechiva Loubavitch, qui ont investi leur ardeur, leur attention et leurs efforts en chacun de leurs élèves. Vous êtes, enfin, comptable envers vous-même et envers tous les membres de votre famille, c'est-à-dire envers l’âme divine que portent en eux chaque Juif et chaque Juive. Celle-ci éprouve un profond désir d’utiliser les forces dont elle dispose dans l’existence quotidienne, dans l’action concrète. Car, c’est bien en cela que réside la qualité et la force d’Israël, dont la devise est "l’action avant tout".
Si vous méditez à cette responsabilité, j’ai bon espoir, selon l’expression de nos Sages, que la flèche décochée en l’air retombera sur sa pointe. Enfin, et très prochainement, vous-même et votre famille serez l’exemple et le symbole d’un foyer juif et ‘hassidique, non seulement par vos idées, mais aussi par votre action concrète. Et, rien ne résiste à la détermination.
Avec ma bénédiction de bonne santé et en vous souhaitant, de même qu’à tous les membres de votre famille, un Pessa’h cacher et joyeux,