Par la grâce de D.ieu,
onzième jour du mois de
la délivrance 5712,
Brooklyn, New York,
Aux élèves des Yechivot,
auxquels D.ieu accordera longue vie,
Je vous salue et vous bénis,
Avec la permission des grands Rabbanim, recteurs des Yechivot, je m’adresse spécifiquement à vous, mes amis, élèves de ces Yechivot, par la présente, en plus de ma lettre, qui a été adressée à tous, le Roch ‘Hodech Nissan(1).
Le début de la fête de Pessa’h, qui approche, pour nous et pour tout Israël, pour le bien, est le Séder, au cours duquel chacun doit "se pénétrer de crainte pour mettre en pratique l’Injonction de nos Sages, la Mitsva du Séder et de la Haggada, dont aucun détail n’est vide de sens"(2).
Concernant le Précepte "et tu diras à ton fils", la Torah définit quatre catégories d’enfants, "un sage et un impie et un naïf et un qui ne sait pas poser de questions". Et, l’auteur de la Haggada a placé l’impie près du sage(3), ajoutant même, entre eux, un "et" de coordination(4).
En conséquence:
A) Il y a également de l’espoir pour l’impie. D.ieu permet qu’un enfant sage puisse exercer une influence positive sur lui, lui venir en aide pour qu’il améliore son comportement.
Pour cela, celui qui était un impie jusqu’alors doit se joindre au sage et se soumettre à lui.
B) Le sage ne doit pas dire qu’il n’a rien à faire avec l’impie, que celui-ci doit être perdu, du fait de sa méchanceté. En effet, les Juifs sont responsables l’un de l’autre et interdépendants. Chacun est donc tenu de le ramener au bien(5).
Néanmoins, le sage doit toujours se rappeler que l’impie doit le suivre, recevoir ce qu’il lui donne. L’inverse est, bien entendu, hors de question.
C) Le sage doit se souvenir que "la faute guette à la porte"(6). Plus l’on est grand et plus l’on a un mauvais penchant efficace. Et "l’impie (que l’on porte en soi) guette le Juste pour le tuer". Il faut donc être particulièrement prudent, implorer la miséricorde de D.ieu pour qu’Il accorde Son aide. C’est seulement ainsi que "l’on pourra vaincre" l’impie que l’on porte en soi(7).
S’il est nécessaire de venir en aide à l’impie, avec les précautions précédemment rappelées, combien plus faut-il le faire pour le naïf, le sot(8) et celui qui ne sait pas poser de questions.
Lorsque l’enfant sage corrige, améliore, affine et élève l’impie, le naïf et celui qui ne sait pas poser de questions, chacun étant introduit par un "et" de coordination, c’est-à-dire un Vav, défini comme "une lettre de vérité"(9), qui dévoile donc la Torah de vérité, notre requête peut ensuite être exaucée, "bénis-nous, notre Père, tous comme un"(10).
Il en fut ainsi lorsque D.ieu donna la Torah à Son peuple, Israël. Alors, "Israël campa là-bas", au singulier(11).
Telle fut la finalité de la sortie d’Egypte, ainsi qu’il est dit: "Lorsque tu feras sortir ce peuple d’Egypte, vous servirez D.ieu sur cette montagne".
Mais, par la suite(12), la faute intervint. Les hommes et le monde devinrent plus grossiers. L’effort accompli actuellement permet de l’affiner et de l’élever, de nouveau. Puis, quand le Machia’h viendra, la matérialité du corps et du monde connaîtra l’élévation et "l’honneur de D.ieu se révélera".
Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,
Mena’hem Schneerson,
N. B. : Cette lettre est écrite pour la fête de Pessa’h qui s’approche, mais son contenu est d’actualité à tout moment.
Notes
(1) Il s’agit de la lettre n°1477.
(2) Le Rabbi note, en bas de page: "Selon le Maharil".
(3) Le Rabbi note, en bas de page: "En effet, les quatre enfants correspondent aux quatre mondes spirituels, Atsilout, Brya, Yetsira et Assya. L’impie aurait donc dû être le dernier. On consultera, à ce propos, le Abudarham".
(4) Le Rabbi note, en bas de page: "L’absence de ce "et" n’aurait pas pu induire en erreur. Car, il marque l’ajout, même d’après Rabbi Yonathan, comme l’indique Rachi, dans son commentaire du traité Mena’hot 91a. Dès lors que l’on se base sur la logique, il n’y a pas lieu de faire une différence entre les paroles de la Torah et celles des Sages. On consultera les références citées dans le Sdeï ‘Hémed, principes, chapitre 6, paragraphes 8 à 13".
(5) Le Rabbi note, en bas de page: “ Chapitre 32 du Tanya".
(6) Le Rabbi note, en bas de page: "Voir le chapitre 13 du Tanya".
(7) Le Rabbi note, en bas de page: "Traité Soukka 52b".
(8) Le Rabbi note, en bas de page: "Yerouchalmi Pessa’him, chapitre 10, paragraphe 4".
(9) Le Rabbi note, en bas de page: "Zohar, début du tome 3".
(10) Le Rabbi note, en bas de page: "Chapitre 32 du Tanya".
(11) Le Rabbi note, en bas de page: "Midrach Me’hilta, cité par le commentaire de Rachi sur la Torah".
(12) Le Rabbi note, en bas de page: "Fin du chapitre 36 du Tanya".