Lettre n° 1510

Par la grâce de D.ieu,
13 Nissan 5712,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Its’hak(1),

Je vous salue et vous bénis,

A) Vous devez préparer la lecture de la Torah et, en conséquence, vous commencez à prier à midi. Vous me demandez ce que j’en pense.

A mon avis, cela n’est pas bien. La Hala’ha peut permettre un tel comportement, quoique difficilement, dès lors que vous lisez le "petit Chema Israël"(2). Néanmoins, dans une ville comme la vôtre, que dira-t-on d’une telle manière d’agir ? Bien évidemment, cela n’est nullement comparable à la façon de procéder de ceux qui commencent à l’heure, poursuivent sans cesse leur prière et la prolongent après midi(3). En pareil cas, on peut dire que l’on a prié ou que l’on s’est préparé à le faire pendant tout ce temps. Cela n’est pas votre cas, puisque vous lisez la Torah, ce qui n’a rien à voir avec la prière et sa préparation.

B) Les élèves demandent quels textes de ‘Hassidout ils doivent étudier, le Likouteï Torah ou les manuscrits(4).

Tous les élèves ne sont pas identiques, de ce point de vue. Tout dépend également du temps qu’ils consacrent à l’étude de la ‘Hassidout. J’ai déjà dit, depuis longtemps, que les efforts doivent aller en deux sens. Il faut avoir non seulement une étude profonde, mais aussi, dans une certaine mesure, une étude superficielle, au moins sur certains points.

On peut apprendre, de cette façon, Chaar Hay’houd Vehaémouna et Igueret Hatechouva, les deux parties du Tanya, plusieurs chapitres du Dére’h Mitsvoté’ha, l’ouvrage du Tséma’h Tsédek, quelques manuscrits(4). Pour dire lesquels, il faut savoir, comme je le faisais remarquer, qui sont ces élèves, ce qu’ils apprennent. Il appartient au guide spirituel se trouvant sur place de décider, dans ce domaine.

C) La ‘Hassidout explique, dans différents textes, qu’un grain planté en terre doit se décomposer et donc retourner vers la terre pour pouvoir germer. En effet, la transformation de la matière est possible uniquement s’il y a passage par une phase de néant. Vous vous interrogez, à ce propos et vous ne voyez pas comment faire pousser ainsi ce qui pourra ensuite grandir de manière continue.

Je ne vois pas quelle est ici votre difficulté. Une plante qui germe devient de plus en plus grande. En revanche sa nature ne change pas, à la différence du poussin qui naît de l’œuf ou de l’épi qui pousse à partir de la graine. A l’opposé, ce qui peut grandir de manière continue est, par exemple, l’arbre qui croît.

Cette image décrit, au sein de l’enchaînement des mondes, le passage de l’existence véritable à l’existence créée. Il ne s’agit pas, en pareil cas, de grandir de manière continue, ce qu’à D.ieu ne plaise. Il est donc normal de traverser une phase de néant intermédiaire.

D) Vous m’interrogez à propos de la coutume(5) qui consiste à compter l’Omer après la prière Alénou. Faut-il, en pareil cas, réciter le Kaddish après ce compte ?

Si je puis me permettre, me basant sur la nécessité d’éviter les Kaddish inutiles, je dirais qu’il doit être récité après le compte de l’Omer et non entre Alénou et ce compte. Si cette position n’est pas acceptée et si l’on veut dire le Kaddish des orphelins après Alénou, on pourra en dire un second après le compte de l’Omer, à condition que telle soit la coutume locale.

E) Je regrette moi-même de ne pouvoir relire le texte des causeries et des discours prononcés pendant les réunions ‘hassidiques. Mais, qu’y puis-je ? Je ne dispose pas de mon temps. Je m’efforce de le faire, dans toute la mesure du possible. Il en est de même pour les lettres que je reçois et auxquelles je réponds avec retard, pour la même raison.

Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,

Notes

(1) Le Rav I. Doubov. Voir, à son propos, la lettre n°430.
(2) Qui est lu le matin, avant la prière, à l’heure qu’il est possible de le réciter.
(3) Parce que la recherche de la ferveur les fait prier lentement.
(4) Les discours des maîtres de la ‘Hassidout.
(5) Qui n’est pas celle de ‘Habad.