Lettre n° 1643

Par la grâce de D.ieu,
19 Sivan 5712,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Ye’hyel Mi’hel(1),

Je vous salue et vous bénis,

A) Je n’ai pas eu de vos nouvelles depuis quelques temps. Je suis un peu surpris de ne pas voir votre nom figurer parmi ceux qui assument différentes responsabilités, au sein de l’association des ‘Hassidim ‘Habad en Terre Sainte. Sans doute, y êtes-vous néanmoins actif, même si votre nom n’est pas mentionné. Pour autant, cette modestie est déplacée et vous devez m’écrire précisément ce que vous réalisez.

Bien plus, vous résidez à ‘Haïfa, là où l’action des ‘Hassidim ‘Habad n’est pas notoire, bien que d’anciens élèves de la Yechiva se trouvent dans cette ville, en particulier vous-même et le Rav ‘Hen. Vous vous emploierez sûrement à rectifier tout cela au plus vite. Chaque journée perdue est regrettable, car elle doit être emplie du contenu qui lui est assigné et différents textes de ‘Hassidout commentent le verset "des jours ont été créés et pas un d’entre eux..."(2).

B) Je fais réponse à une question qui vous a été posée, il y a quelques temps. Elle porte sur le Sidour Tehilat Hachem et sur le Sidour Torah Or, imprimé aux Etats Unis en 5701(3), qui est également reproduit dans le calendrier de la Yechiva Loubavitch. La bénédiction que l’on récite en allumant les bougies du Chabbat se termine par Ner Chel Chabbat Kodech(4). Vous me demandez sur quelle base le mot Kodech(5) a été ajouté à ce texte(6).

Voici ma réponse. Je n’ai, pour l’heure, trouvé aucune réponse à cette interrogation. Mais, il ne me semble pas que ce mot soit déterminant, dans le texte de la bénédiction et j’en veux pour preuve le fait qu’il est omis, chaque fois qu’il risque de provoquer une interruption, comme l’indique le texte de la bénédiction pour le Chabbat et la fête(7). En revanche, lorsque ce risque n’existe pas, on ajoute bien le mot Kodech.

C’est ainsi que ma belle-mère, la Rabbanit, récite cette bénédiction. Il s’agit d’une tradition reçue des générations précédentes. Vraisemblablement, elle a toujours été dite ainsi, dans la famille du Rabbi. Vous connaissez l’explication figurant dans les responsa du Rachba, citée dans celles du Hechiv Moché, au chapitre 13, selon laquelle on ne doit pas repousser une tradition transmise par les femmes âgées de notre peuple, même si l’on dispose de six cent mille preuves permettant de le faire.

C) Vous vous interrogez également sur la bénédiction de l’allumage des bougies, à Roch Hachana, imprimée dans le Sidour, Ner Chel Yom Hazikaron(8). Cette question(9) me paraissait plus forte que la précédente, car c’est une manière nouvelle de dire la bénédiction de l’allumage des bougies(10).

Il y a quelques années, j’ai interrogé mon beau-père, le Rabbi, à ce propos et il m’a dit que le Rabbi Rachab(11) en avait discuté avec le grand Rav Y. Y. Rafalovitch, de Krementchouk. Ce dernier s’interrogeait, à ce propos, mais le Rabbi maintenait qu’il fallait effectivement conserver cette formulation, peut-être pour se rapprocher du Kiddouch et de la Haftara(12).

Telle est la coutume dans la famille du Rabbi et celle qui est couramment adoptée.

D) Vous me posez aussi une question sur le Séfer Hamaamarim Yiddish(13) qui, à la page 80, commente le verset "L’Eternel D.ieu sonnera du Choffar". Il est expliqué que le premier Nom de D.ieu employé par ce verset Ado Naï évoque la rigueur et le second, Avaya, la miséricorde. Vous faites remarquer que le Nom Avaya a ici la même ponctuation que le Nom Elokim(14).

Vous consulterez, à ce propos, la fin du discours ‘hassidique intitulé "ce jour-là, on sonnera du grand Choffar", dans les commentaires de Roch Hachana du Likouteï Torah. Telle est, en effet, l’origine de cette explication. Vous verrez aussi, à la même référence, page 51c, le discours "la terre fera pousser des végétaux".

E) Vous mentionnez, dans votre lettre, le Rav Moché Linchits. Sans doute apprenez-vous avec lui également la ‘Hassidout. Vous vous renforcerez, l’un et l’autre, dans les trois études qui concernent chacun, instaurées par mon beau-père, le Rabbi, celles du ‘Houmach, des Tehilim et du Tanya, qui sont bien connues.

Avec ma bénédiction de bonne santé,

Notes

(1) Le Rav Y. M. Dabroskin.
(2) Que l’on peut interpréter, selon une autre lecture, "des jours ont été créés et, par l’intermédiaire de l’homme, la Présence du D.ieu unique y apparaît à l’évidence".
(3) 1941.
(4) La lumière du saint Chabbat.
(5) Saint.
(6) Voir le recueil Yagdil Torah de Jérusalem, tome 6, page 114, tome 7, page 87 et tome 11, page 108.
(7) Lorsque la fête est également un Chabbat, le mot Kodech n’est pas dit dans la bénédiction.
(8) La lumière du jour du souvenir.
(9) Pourquoi qualifier Roch Hachana de jour du souvenir?
(10) Dont on ne retrouve pas l’équivalent pour les autres fêtes.
(11) Son père.
(12) Dans lesquels on retrouve effectivement la même formulation.
(13) Du précédent Rabbi.
(14) Qui évoque la rigueur.