Par la grâce de D.ieu,
21 Tévet 5713,
Brooklyn, New York,
A monsieur Moché Kol(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai eu plaisir à faire personnellement votre connaissance et à m’entretenir avec vous de problèmes qui concernent une large part de notre peuple. J’ai été, en particulier, satisfait d’entendre que vous considérez favorablement une collaboration et une aide soutenue, dans ses différents domaines d’activité, avec le mouvement ‘Habad en Terre Sainte.
Ces points sont les suivants :
A) Il y a, tout d’abord, le réseau scolaire destiné aux enfants sauvés de l’emprise des missionnaires(2). D’après les lettres que je viens de recevoir, il nous est possible de le prendre en charge. Or, vous m’avez dit que, si les locaux et le personnel vous conviennent, l’organisme que vous dirigez pourrait accorder la moitié de la dépense nécessaire pour réaliser un tel projet. La seconde moitié pourra vraisemblablement être versée par les différentes administrations que vous contacterez pour cela.
Conformément à votre proposition, j’écris à mon représentant en Terre Sainte(3) pour qu’il s’adresse à votre adjoint, monsieur Yaari, auquel vous aurez, entre temps, transmis les instructions nécessaires.
B) S’agissant des élèves de nos écoles au Maroc souhaitant s’installer en Terre Sainte(4), avec notre accord, à condition qu’on puisse leur assurer une éducation conforme à leurs souhaits et à ceux de leurs parents, vous m’avez donné l’assurance qu’aucune pression ne serait exercée sur eux et qu’ils pourraient poursuivre leurs études dans les institutions affiliées au courant avec lequel ils s’identifieraient, auprès du bureau de l’Alya, au Maroc.
Bien plus, ces élèves obtiendront de l’Alya des jeunes, outre la prise en charge des frais inhérents à leur Alya, également de quoi satisfaire leurs besoins en Terre Sainte jusqu’à leur dix septième année.
C) Conformément aux négociations qui ont été menées à ce sujet(5), l’édification de l’école agricole de Kfar ‘Habad Sfarya devrait être réalisée, grâce à l’aide de votre organisme, le bureau de l’Alya des jeunes.
Vous avez estimé que le temps nécessaire pour cette édification serait de six mois, pour un bâtiment préfabriqué et que ce délai serait encore plus loin, pour une construction normale. Comme nous l’avons dit, le bureau de l’Alya des jeunes se chargera de trouver le financement pour la construction de cette école, à la condition qu’une moitié de ce montant soit considéré comme un prêt, dont j’assumerai personnellement la responsabilité du remboursement, dans les cinq ans.
Les échéances de paiements, les modalités et les différents points seront fixés lors des négociations qui interviendront avec mon représentant, le Rav Gorodetski, ou bien celui qu’il désignera.
Je mentionnerai encore un point, que j’ai déjà évoqué. Je suis prêt à envisager d’autres écoles, en plus de celle-ci, qui enseigneraient l’agriculture. En effet, je pense qu’il y aura une demande importante pour étudier cette discipline dans nos institutions.
Vous m’avez répondu, à ce sujet, que vous préfériez attendre que la première école soit opérationnelle et que l’on envisagerait par la suite la création d’autres institutions similaires.
Je souligne encore une fois que j’ai été satisfait non seulement de notre échange, mais surtout de l’approche que vous avez adoptée, selon vos propres dires, de ce que vous avez vous-même qualifié de collaboration entre nous. J’ai donc bon espoir qu’il en résulte des actions positives, pour notre satisfaction et notre bon vouloir communs.
Avant de conclure ma lettre, je me permets de souligner une idée, ayant une portée générale, puisque vous m’avez parlé de la ville dans laquelle vous êtes né et de votre origine.
Tout émane de la divine Providence et combien plus est-ce le cas pour ce qui concerne un grand nombre d’hommes ou même toute une communauté. En l’occurrence, vous êtes chargé de diriger l’Alya des jeunes. Vous avez le mérite d’exercer une large influence et vous assumez donc une immense responsabilité. Vous connaissez la valeur qu’accorde la Torah, en général et la ‘Hassidout, en particulier, à la jeunesse.
L’événement le plus accessoire, le plus insignifiant, survenant dans la vie d’un petit garçon et d’une petite fille peut influer sur la formation de leur personnalité, pour tout le reste de leur existence. On cite, à ce propos, l’image d’une graine(6), dont la moindre rayure se transforme en un immense orifice, quand elle devient un arbre. A l’opposé, la même rayure sur le tronc de l’arbre ne laisse qu’une trace négligeable.
Celui qui est chargé de modeler, jusqu’à un certain point, l’existence de la jeunesse est donc investi d’une responsabilité considérable. Il a aussi un mérite inestimable, que D.ieu lui accorde, puisqu’il peut guider des centaines et même des milliers d’enfants d’Israël.
Conformément au dicton du Baal Chem Tov(7), que nous avons maintes fois entendu de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, chaque Juif est important pour notre Père Qui se trouve dans les cieux, chéri par Lui comme s’il était Son “ fils unique ”.
D.ieu accorde à l’homme non seulement la responsabilité et le mérite, mais aussi les aptitudes et les forces qui lui sont nécessaires pour accomplir pleinement sa mission dans notre monde. Et, pour qu’il ne s’agisse pas du “ pain de la honte ”(8), Il lui donne également le libre arbitre, de sorte qu’il puisse faire usage de toutes ces forces d’une manière positive ou bien dans le sens opposé, ce qu’à D.ieu ne plaise.
Je conclus ma lettre en vous exprimant mes vœux pour que vous assumiez concrètement votre mission de la meilleure façon, que vous fassiez pleinement usage du mérite qui vous est accordé, celui de pouvoir faire du bien à ces personnes, matériellement et spirituellement à la fois. Notre Torah donne l’assurance qu’en s’acquittant de son obligation envers la communauté, on reçoit bénédiction et réussite dans ses préoccupations personnelles, pour soi-même et pour tous les siens.
Avec mes respects et ma bénédiction,
Notes
(1) Responsable du département de l’Alya des jeunes de l’Agence juive. Voir, à son propos, la lettre n°1978.
(2) Voir, à ce propos, la lettre n°2102.
(3) Le Rav Binyamin Elyahou Gorodetski.
(4) Voir également, à ce propos, la lettre n°2028.
(5) Voir, à ce sujet, les lettres n°1874 et 1978.
(6) Voir, à ce sujet, la lettre n°204.
(7) Voir, à ce sujet, la lettre n°1964.
(8) Que l’homme ne mérite pas, puisqu’il ne fait pas intervenir son effort.