[Mois de la délivrance(1) 5713]
A) Vous m’interrogez, dans votre dernière lettre, sur la conclusion du traité Nidda 42a, selon laquelle “ elle est considérée comme ayant eu une perte impure ”(2). Vous citez, en effet, la Tossefta du traité Zavim, au début du troisième chapitre, selon laquelle, d’après l’interprétation du Gaon de Vilna, cette femme ne remet pas en cause le compte qu’elle a fait, dès lors que le liquide n’émane pas d’elle. Elle doit donc être considérée comme ayant touché ce liquide.
Je ne comprends pas votre question. En effet, le traité Nidda parle d’une femme qui rejette le liquide séminal qu’elle a reçu, alors que, selon la Tossefta, il s’agit de celle qui perd un liquide n’émanant pas d’elle, ce qui ne peut lui conférer l’impureté que l’on contracte en l’ayant touché, le liquide blanc(3) ne la rendant pas impure.
B) Vous m’interrogez, dans la même lettre, sur le commentaire du Rach, au traité Zavim, chapitre 4, Michna 6. La même Tossefta dit que la perte d’un liquide émanant d’une personne ne remet pas en cause son propre compte(4). Il s’agit, en l’occurrence, d’un homme atteint d’écoulements impurs, annulant, en pareil cas, un seul jour de son compte, alors qu’une femme se trouvant dans la même situation en annule sept. De ce point de vue, le statut de la femme est plus sévère que celui de la femme.
En fait, on peut s’interroger sur le principe même de cette Hala’ha. En effet, selon une décision de la Torah, les sept jours de compte sont annulés lorsqu’il y a uniquement des écoulements impurs, mais non lorsque ceux-ci s’accompagnent également d’écoulements d’un autre type. Il devrait donc en être de même pour une femme.
Si cette femme perd du liquide blanc pendant sa période d’écoulement, elle n’annulera qu’un seul jour de son compte, bien qu’on ne puisse éviter la perte des gouttelettes de cet écoulement. Vous consulterez, à ce sujet, le traité Nidda 22a et les Tossafot, à la même référence.
Une autre question se pose également, d’après cette interprétation. Pourquoi ne pas préciser que le liquide émanant d’une personne qui ne remet pas le compte en cause peut également être mélangé ?
On peut aussi s’interroger sur l’affirmation du Rach selon laquelle plusieurs objections peuvent être soulevées contre la seconde explication. Quelles sont-elles ?
Pour répondre à toutes ces questions, il faut dire que le texte du Rach, commentant cette Michna, n’est pas exact et qu’il y manque plusieurs mots, devant suivre la phrase “ la femme qui a eu une perte ”. Peut-être est-il possible de dire qu’il y a là une autre erreur d’imprimerie et qu’à la place de “ ce commentaire est inconcevable ”, il faut lire “ le premier commentaire est inconcevable ”, ce qui permet de répondre à toutes ces questions.
Les commentateurs des Tossafot reproduisent le premier commentaire et non le second. A fortiori n’ont-ils pas soulevé toutes les objections précédemment exposées.
Notes
(1) Il n’a pas été possible de déterminer si cette expression désigne le mois de Nissan, comme dans la lettre n°2083, ou bien celui de Kislev, comme dans les lettres n°1952 et 1953.
(2) Il s’agit d’une femme rejetant du liquide séminal. Elle est considérée comme impure pour avoir eu une perte et non pour avoir touché ce liquide séminal.
(3) Emanant de l’homme.
(4) Du nombre de jours nécessaires pour se purifier.