Par la grâce de D.ieu,
12 Iyar 5713,
Brooklyn,
Je vous bénis et vous salue,
Je fais réponse à votre lettre, dans laquelle vous m’interrogez sur l’endroit où vous devez vous installer, après votre mariage, qui sera célébré en un moment bon et fructueux(1). Vous me faites part des arguments vous conduisant à pencher pour la Terre Sainte, auprès de vos parents. Vous concluez votre lettre en disant que l’on reçoit la bénédiction de D.ieu, où que l’on se trouve, dès lors qu’on la mérite. En revanche, si on ne la mérite pas, ce qu’à D.ieu ne plaise…(2).
A n’en pas douter, D.ieu peut envoyer Sa bénédiction, quel que soit l’endroit dans lequel on s’installe. Pour autant, nos Sages affirment, dans différents textes, que l’on doit opter pour l’endroit et la manière qui, d’après la logique et les voies de la nature, permettront de gagner sa vie sans avoir recours au prodige et au miracle.
Certes, un homme assure sa propre subsistance en fonction de l’influence que D.ieu lui accorde. Néanmoins, vous connaissez l’enseignement de notre sainte Torah selon lequel il faut systématiquement avoir recours aux voies de la nature et implorer le Maître du monde d’accorder, grâce à une telle attitude, une réussite surnaturelle.
En conséquence, pour revenir à votre question, vous devez opter pour l’endroit où il vous sera le plus facile de gagner votre vie, à la fois matériellement et spirituellement. Bien sûr, il n’est pas aisé, de façon générale, de déterminer comment on assurera sa propre subsistance. Toutefois, certains pays offrent des opportunités plus nombreuses et plus variées. Il y est plus simple de faire usage de ses connaissances et de ses aptitudes. Il est alors plus commode de s’y installer.
Compte tenu de tous ces éléments, il me semble que vous devriez plutôt envisager de vous installer aux Etats Unis.
Bien évidemment, il ne s’agit pas d’une obligation absolue, qui ne saurait être remise en cause. Peut-être, avec le temps, verrez-vous des possibilités qui, pour l’heure, ne se présentent pas encore à vous. Pour autant, à ce jour, ma position est celle que je viens d’exposer.
Je comprends parfaitement votre nostalgie et votre désir de résider à côté de vos parents. Malgré cela, vous ne pouvez pas renoncer à ce qui est essentiel et conditionne les années, les décennies à venir, uniquement du fait de cette nostalgie. Bien sûr, ce sentiment est profondément implanté en vous. Mais, l’usage, dans le monde, veut que les fils et même les filles acquièrent leur indépendance et, quand des conditions plus favorables s’offrent à eux, loin de leurs parents, la pratique courante veut qu’ils les acceptent.
Bien plus, une telle situation peut aider les enfants à devenir indépendants, leur permettre de révéler leurs forces les plus profondes. Lorsque l’on est loin, on sait qu’il ne peut en être autrement.
Vous me dites que vous exercez une activité pédagogique. L’effort qui convient vous permettra d’en retrouver l’équivalent en tout endroit, dans n’importe quel pays.
Avec ma bénédiction pour que votre installation soit heureuse, matériellement et spirituellement à la fois, que vous bâtissiez un édifice éternel, basé sur la Torah et les Mitsvot, telles qu’elles sont illuminées par l’enseignement de la ‘Hassidout.
Notes
(1) Cette lettre est adressée à la fiancée.
(2) On ne reçoit pas cette bénédiction, quel que soit l’endroit où l’on se trouve.