Lettre n° 2109

Par la grâce de D.ieu,
19 Iyar 5713,
Brooklyn,

Au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
Rav David Meïr(1), le Cho’het,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du vingt neuvième jour de l’Omer. Vous m’interrogez sur le fascicule n°84(2), qui explique que la vitalité reste toujours identique, qu’elle se trouve dans le cerveau ou dans l’ongle de l’orteil, car elle procède de la quintessence. En effet, différents textes, en particulier le discours ‘hassidique intitulé “ Je serai sanctifié ”, dans le Likouteï Torah, à la Parchat Emor, affirment que la vitalité de la tête est plus élevée que celle du reste du corps.

La différence entre ces deux textes est la suivante. On distingue l’essence de la vitalité et sa révélation. L’essence de la vitalité est toujours identique. On ne peut donc pas dire que le pied soit moins vivant que la tête.

Il n’en est pas de même pour la révélation de la vitalité par les forces de l’âme. Celles-ci sont nombreuses. Il en est précisément six cent treize, ce qui est la preuve qu’il ne s’agit plus de l’essence de la vitalité. Celle-ci évolue en fonction des membres(3) dans lesquels elle s’introduit. Vous consulterez, à ce sujet, le chapitre 51 du Tanya.

On peut trouver une application de tout cela dans la partie révélée de la Torah et pour le service de D.ieu. Du point de vue de la parcelle de Judaïsme que chacun possède, aucune différence ne peut être faite entre le plus grand parmi les grands et le plus humble parmi les humbles. Il n’en est pas de même pour les connaissances.

On retrouve l’équivalent de tout cela pour la Torah et les Mitsvot. Ainsi, “ Je serai sanctifié ” est possible seulement “ parmi les enfants d’Israël ”(4). En la matière, aucune différence ne peut être faite entre Moché, notre maître et le Juif le plus modeste de la présente époque(5). En effet, c’est ici la parcelle de Judaïsme implantée en chacun, l’essence de la vitalité de chaque personne qui intervient.

Il n’en est pas de même pour les deux cent quarante huit Injonctions et les trois cent soixante cinq Interdits, pour lesquels différentes distinctions sont faites au sein du peuple juif(6).

Avec ma bénédiction pour une bonne santé, pour vous-même et votre épouse,

Notes

(1) Le Rav D. M. Shulman. Voir, à son propos, la lettre n°1935.
(2) Des écrits du précédent Rabbi.
(3) Du corps.
(4) L’éloge de D.ieu est prononcée précisément en présence de dix Juifs.
(5) L’un et l’autre ne font pas moins qu’un et pas plus qu’un dans le quorum nécessaire.
(6) Ainsi, il est, par exemple, des Mitsvot réservées aux Cohanim et d’autres, au roi.



2109*

Par la grâce de D.ieu,
19 Iyar 5713,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 11 Iyar, dans laquelle vous me dites que vous souhaitez poursuivre vos études dans une Yechiva ‘Habad, en Terre Sainte. Vous ne précisez pas s’il s’agit de la Yechiva Tom’heï Temimim, à Lod ou celle de Torat Emet, à Jérusalem. Néanmoins, vous êtes gêné parce que l’on vous a dit que l’une des conditions nécessaires pour intégrer cette Yechiva est de ne pas se raser la barbe.

Or, vous pensez retourner dans votre pays, par la suite. Par ailleurs, vous n’avez jamais eu l’habitude de porter la barbe. Vous me demandez donc une situation plus clémente, c’est-à-dire la possibilité de ne pas satisfaire à cette condition, qui est, pour vous, difficile et même pratiquement impossible à tenir.

Je suis surpris par cette question. Vous savez à quel point il est grave de profaner le Nom de D.ieu et de s’écarter de l’ordre établi, même s’il s’agit d’un point qui n’est pas fondamental. Imaginez donc la situation suivante. Vous entrerez dans une Yechiva, dans laquelle tous portent la barbe et vous serez le seul à être rasé.

Bien plus, il s’agit, en l’occurrence, d’une Yechiva dans laquelle on enseigne la partie profonde de la Torah, où l’on cultive l’amour et la crainte de D.ieu. Or, le début du Tour Ora’h ‘Haïm, cité par le Ramah à la même référence, dit bien que la règle fondamentale est : “ On ne s’affectera pas devant les moqueurs ”.

Je ne reproduirai pas ici ce que disent l’enseignement profond de la Torah, le saint Zohar et différents livres, selon lesquels les poils de la barbe correspondent aux treize Attributs de Miséricorde divine. C’est par leur intermédiaire que l’on obtient la réussite dans l’étude de la Torah et la pratique des Mitsvot.

Tous s’accordent pour reconnaître que la barbe est partie intégrante de l’apparence divine. La supprimer, y compris selon les avis qui le permettent de certaines manières, a effectivement pour effet de faire disparaître cette apparence divine.

Ainsi, un jeune homme a eu le mérite d’être conduit par la divine Providence dans le pays “ vers lequel toujours sont tournés les yeux de D.ieu, du début de l’année à la fin de l’année ”. Il désire étudier non seulement la partie révélée de la Torah, mais aussi son enseignement profond. Or, la Torah est globalement la Sagesse et la Volonté de D.ieu. Sa dimension profonde en exprime les secrets qui étaient auparavant réservés à une élite. A notre époque, pour différentes raisons, ceux-ci ont été révélés et diffusés à de nombreux Juifs. Pour autant, il ne faut pas oublier la vérité.

Ces secrets sont bien l’aspect profond de la Volonté et de la Sagesse de D.ieu. Par rapport à cela, quelle importance peuvent avoir ceux qui se moquent de jeunes gens portant la barbe parce qu’ils souhaitent mettre en pratique les Mitsvot de la meilleure façon et conserver l’apparence divine de leur visage ?

Bien plus, ces jeunes gens, pour une large part, sont considérés comme des disciples du Tséma’h Tsédek, qui considère que le fait de se raser la barbe est une Interdiction de la Torah, comme l’expliquent longuement ses responsa, Yoré Déa, au chapitre 93.

Il est inutile de préciser à quel point il est grave, selon la Guemara, de se trouver dans l’endroit de Rav et d’adopter un comportement qui va à l’encontre de son avis.

Que D.ieu vous permette de vous maintenir fructueusement sur le droit chemin, sur la voie qui conduit vers la maison de D.ieu et d’obtenir un tel résultat sans trop d’épreuves.

Avec ma bénédiction,

Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,