Lettre n° 2126

Par la grâce de D.ieu,
14 Sivan 5713,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai reçu avec plaisir votre lettre du 8 Sivan, qui faisait suite à un long silence. Conformément à votre demande, je mentionnerai tous ceux que vous citez, lorsque je me trouverai près du tombeau de mon beau-père, le Rabbi, afin qu’ils obtiennent la satisfaction de leurs besoins. J’attends de bonnes nouvelles, à ce sujet.

Vous parlez également de votre fils, dans cette lettre et j’ai été horrifié de constater qu’après avoir été l’élève d’une Yechiva dans laquelle on étudie à la fois la partie révélée de la Torah et la ‘Hassidout, il poursuit actuellement ses études dans une autre Yechiva, où la ‘Hassidout n’est pas enseignée.

Il y a quelques générations, il n’était pas une obligation absolue, pour chacun, d’étudier la ‘Hassidout. Actuellement, par contre, selon les termes du Ari Zal, cités au chapitre 26 d’Igueret Hakodech, de l’Admour Hazaken, “ il est permis et il est une Mitsva de révéler cette sagesse ”.

Combien plus en est-il ainsi en la présente époque, alors que l’obscurité est intense et profonde. Bien plus, la situation est d’autant plus dramatique que l’on fait passer la lumière pour de l’obscurité et l’obscurité pour de la lumière. Et, si l’on s’en aperçoit dans le reste du monde, ceci est encore plus évident en notre Terre Sainte, qui sera rebâtie et restaurée par notre juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, Amen.

Il est donc une obligation absolue de faire tout ce qui est possible pour raffermir la crainte de D.ieu. Or, l’étude de la partie profonde de la Torah joue un rôle déterminant, en la matière. En outre, on acquiert la Torah en se liant à des amis.

Ce qui vient d’être dit n’est que généralités. Plus précisément, pour ce qui vous concerne, votre fils a d’ores et déjà baigné dans cette étude. S’il s’en retire, ce qu’à D.ieu ne plaise, il porterait ainsi atteinte à l’honneur dû à une partie de la Torah. Et, si la raison en est le manque d’intérêt d’une telle étude, pour une quelconque raison, on sait que l’on transgresse ainsi une grave interdiction, comme l’expliquent nos Sages au traité Erouvin 64a.

Encore une fois, je ne cherche pas à déterminer dans quelle mesure les proches de votre fils ou ses aïeuls ont été éloignés d’une telle étude. Il est vrai qu’il s’agit de circonstances atténuantes, mais ce n’est pas le cas pour votre fils, qui a déjà entrepris cette étude, puis s’en est éloigné.

Il est tout aussi évident que de nombreux jeunes gens n’ont pas eu accès au luminaire de la Torah, qui en est la dimension profonde. Malgré cela, ils craignent D.ieu et sont intègres et pourquoi donc nous préoccuper de ce qui est caché? Néanmoins, la Providence divine a fait que tel homme, fils de tel autre, a eu connaissance de la partie profonde de la Torah, bien plus, qu’il s’est trouvé, pour différentes raisons, dans une école conduite dans l’esprit de cet enseignement. Il est clair que sa situation est bien différente.

Je ne veux pas développer tout cela, afin de ne pas vous faire de la peine ou vous imposer une souffrance. Pour autant, il fallait que je vous écrive ces quelques lignes, car les Juifs ont une responsabilité collective(1) et celui qui peut prévenir...(2). Nos Sages disent, au traité Chabbat 55a: “ Si cela est évident pour Toi...(3) ”.

Sans entrer dans de subtiles raisonnements, il était essentiel que je vous écrive ces quelques lignes, car, à mon sens, ce message peut conditionner le fondement même de la vie de votre fils. Et, comme je l’ai dit, la réussite dans l’étude est possible uniquement quand on évolue dans un contexte favorable.

Avec mes respects et ma bénédiction pour que vous donniez de bonnes nouvelles, dans tous ces domaines,

Notes

(1) Chacun doit donc empêcher l’autre de mal agir.
(2) Son prochain d’un accomplissement négatif est tenu de le faire.
(3) “ L’Attribut de rigueur dit au Saint béni soit-Il: ‘Maître du monde, en quoi ceux-ci se distinguent-ils de ceux-là?’. Il répondit: “ Les uns sont des Justes parfaits et les autres, des impies accomplis’. Il dit encore: “ Maître du monde, ils auraient pu empêcher les autres de mal agir et ne l’ont pas fait’. D.ieu répondit: ‘Il est évident pour Moi qu’ils ne seraient pas parvenus à les en empêcher’. Il dit alors: ‘Si cela est évident pour Toi, est-ce évident pour eux?’. ”