Par la grâce de D.ieu,
24 Mena’hem 5713,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
A) Je fais réponse à votre lettre, dans laquelle vous m’interrogez sur le discours ‘hassidique(1) intitulé “ Mon cœur t’a dit ”, qui figure dans le fascicule n°81. Il y est dit que l’homme doit implorer D.ieu de lui accorder une bonne compréhension de la perception divine(2). Vous vous demandez pourquoi l’on ne parle pas également de perception de la Torah.
L’explication est la suivante. Il existe plusieurs formes d’étude de la Torah que l’on peut classer, par ordre croissant, de la manière suivante:
1. On peut étudier la Torah uniquement pour déterminer comment l’on doit se comporter. En pareil cas, la Torah reçoit un rôle accessoire(3).
2. On peut également l’étudier afin de la connaître, de la comprendre et de la percevoir.
3. On peut aussi s’en pénétrer, en ayant conscience qu’elle est la Sagesse et la Volonté du Saint béni soit-Il. Or, “ Lui et Sa Sagesse ne font qu’un ”. Grâce à la Torah qu’il étudie, un Juif s’unifie donc à D.ieu. Différents textes, en particulier les livres du Maharal de Prague, affirment ainsi que D.ieu est “ la science, ce que l’on sait et ce qui est su ”. Vous consulterez le troisième chapitre de la Mitsva de la foi en D.ieu(4). A ce stade, un homme peut exercer une influence sur la Torah, puisqu’il la relie à Celui Qui la donne.
Ce qui vient d’être exposé permet de comprendre deux images que l’on trouve dans les propos de nos maîtres. Parfois, le peuple d’Israël est défini comme la fiancée et il reçoit alors l’influence de la Torah. Nos Sages constatent, à ce propos, que “ le don de la Torah fut le jour du mariage ”. D’autres fois, Israël est appelé le fiancé et c’est alors la Torah qui est la fiancée. Dans ce cas, les Juifs donnent l’influence et la Torah la reçoit.
Il est clair que celui qui étudie la Torah de la troisième façon en comprend non seulement le raisonnement et la sagesse, mais aussi l’aspect divin. C’est la raison pour laquelle il est dit, dans ce discours ‘hassidique, qu’il faut implorer D.ieu de parvenir à une bonne compréhension de la perception divine. Telle est effectivement la finalité de l’étude.
B) Vous me posez également une autre question. Vous avez coutume de prier dans une synagogue de notre rite(5) et vous craignez que le Choffar n’y soit pas sonné de la meilleure façon(6).
Nos Sages disent que “ le D.ieu de Yaakov vient en aide à celui qui prie dans un endroit fixe ”. Il ne me semble donc pas bon d’aller ailleurs, en particulier dans une communauté qui ne sera pas du même rite. La partie révélée de la Torah indique également qu’une telle manière d’agir n’est pas souhaitable, durant les jours redoutables. En effet, l’officiant intercale alors des cantiques au milieu des bénédictions du Chema Israël, ce que, nous-mêmes, nous ne faisons pas, car nous considérons qu’il s’agit d’une interruption, au sein de cette bénédiction. Comment pourriez-vous, dès lors, faire partie de cette communauté et accepter cet officiant alors que, pour vous, il s’agit effectivement d’une interruption?
A mon sens, il est une autre raison pour laquelle vous devez rester dans la synagogue où vous avez prié jusqu’à maintenant. En effet, si vous craignez que le Choffar ne soit pas bien sonné, vous pourrez, en vous trouvant sur place, vérifier que ce n’est pas le cas. Ainsi, vous rendrez un service à tous les présents.
Que D.ieu vous accorde une bonne santé. En effet, vous vous plaignez de votre voix. Or, les jours de sonnerie du Choffar(7) approchent. Il serait donc bon d’étudier les discours ‘hassidiques de Roch Hachana, en particulier ceux qui figurent dans le Sidour(8) et dans le Atéret Roch. Il y est question de l’origine de la voix et de la manière dont elle se répand.
Lorsque vous perfectionnerez vos connaissances spirituelles, en la matière, D.ieu vous en donnera l’équivalent matériel(9). Bien évidemment, il faut se conformer aux lois de la nature et vous suivrez donc les prescriptions du médecin.
Avec ma bénédiction de bonne santé, physique et morale à la fois,
Notes
(1) Du précédent Rabbi.
(2) Le Rabbi note en bas de page : “ Voir, à ce sujet, le Kountrass Haïtpaalout, au chapitre 3 ”.
(3) Par rapport au comportement que l’on doit avoir.
(4) Dans le Dére’h Mitsvoté’ha, du Tséma’h Tsédek.
(5) Celui de ‘Habad.
(6) A Roch Hachana, par manque de précision dans la formation des différents sons.
(7) Le mois d’Elloul et Roch Hachana.
(8) De l’Admour Hazaken.
(9) La guérison de la voix.