Lettre n° 2217

[1er Elloul 5713]

Un aspect de la Mitsva de la circoncision la distingue de toutes les autres Mitsvot. Nous le préciserons après avoir tout d’abord introduit une notion préalable. On peut interpréter de deux manières le fait que les enfants soient dispensés de pratiquer les Mitsvot:

1. On peut considérer que la Torah et les Mitsvot ne les concernent pas, car elles ont été données uniquement aux adultes.

2. On peut dire aussi que la Torah et les Mitsvot ont été confiées à l’ensemble du peuple d’Israël. Néanmoins, les enfants ne sont pas tenus de les mettre en pratique et ils ne sont donc pas punis, s’ils ne le font pas, car ils n’ont pas la maturité intellectuelle nécessaire pour cela.

Le fait d’opter pour l’une ou l’autre de ces interprétations a une incidence concrète. Selon la première, un enfant ne commet pas une faute en transgressant un Interdit de la Torah. A l’opposé, il peut s’agir, en pareil cas, d’une faute pour l’adulte, auquel différents textes confient la responsabilité de cet enfant. Ce dernier, en revanche, n’est pas concerné par l’Interdit. Il s’agit, pour lui, d’un acte permis. Il n’a donc pas à regretter ce qu’il a fait, ne doit pas rechercher son expiation. On peut, toutefois, s’interroger sur une telle affirmation, si l’on considère le traité Yebamot 48b, le Yaabets et le Ahavat Etan, à cette référence. Par contre, rien de tel ne peut être dit si l’on opte pour la seconde interprétation.

La Hala’ha précise, dans le Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haïm, à la fin du chapitre 343, qu’il est bon, pour un adulte, d’adopter une pratique destinée à expier les fautes qu’il a commises, étant enfant. Ce principe s’applique également dans les cas où cela n’est pas clairement stipulé, comme le dit le Rambam, dans ses lois des liaisons interdites, chapitre 3, paragraphe 17, dans les lois des vœux, chapitre 11, paragraphe 4 et comme le précisent les commentateurs, à la même référence. On consultera, à ce sujet, les explications des premiers Sages sur le traité Kiddouchin 19a. Ceci constitue une preuve pour la seconde interprétation.

En outre, l’étude de la Torah concerne les enfants, au même titre que toutes les autres Mitsvot. Plus encore, la Torah la rend obligatoire et en confie la responsabilité au père ou au maître, qui doivent l’enseigner aux enfants. De fait, l’étude, dans sa globalité, est directement liée à cette obligation, car nos Sages affirment, au traité Kiddouchin 29b, qu’il est une Mitsva d’enseigner soi-même la Torah à quelqu’un, chaque fois que d’autres sont tenus de le faire(1).

Et, l’on peut considérer qu’il n’y a pas là une simple indication, mais bien une raison, une explication. De ce point de vue, l’étude de la Torah, dans sa globalité, est non seulement liée, mais même subordonnée à la mise en pratique de l’Injonction “ Et vous l’enseignerez à vos enfants ”.

Au delà de tout cela, la Mitsva de la circoncision possède une particularité. Tout d’abord, elle concerne les enfants et la Torah les oblige à la mettre en pratique, au même titre que la Mitsva d’étudier la Torah.

Bien plus, la Mitsva d’étudier la Torah incombe aux enfants uniquement lorsqu’ils grandissent, au moins quelque peu. De plus, elle peut être réalisée également en l’absence de petits enfants. En effet, l’Injonction “ Et vous l’enseignerez à vos enfants ” peut aussi être mise en pratique avec des enfants adultes, puisqu’elle porte sur l’ensemble de la Torah et que l’on étudie la Guemara uniquement à partir de l’âge de quinze ans(2).

Il n’en est pas de même pour la circoncision, qui concerne précisément l’enfant et même le plus petit, peu après sa naissance. De fait, nos Sages s’interrogent, au traité Nidda 31b : “ Pourquoi la Torah demande-t-elle de pratiquer la circoncision à huit jours ” et non avant cela ?

On peut expliquer ces différences de la manière suivante. L’enfant, à l’instant qu’il grandit, est tenu de mettre en pratique toutes les Mitsvot. Il doit donc, avant cela, étudier la Torah, qui lui permet de savoir ce qu’il doit faire. Et, c’est uniquement peu avant l’âge adulte qu’il est possible de se préparer à l’atteindre. La nécessité d’appliquer a donc pour conséquence que l’étude de la Torah est parfaite uniquement chez l’adulte.

Il n’en est pas de même pour la circoncision, qui est une alliance conclue avec le Saint béni soit-Il, dans le but d’affaiblir l’attrait physique et l’emprise de la matière, selon le Guide des égarés, tome 3, fin du chapitre 49, rapporté par le Be’hayé, à la fin de la Parchat Le’h Le’ha. C’est alors que l’âme divine s’introduit dans le corps, selon le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, dernière édition, fin du chapitre 4. Vous consulterez également le discours ‘hassidique intitulé “ Je suis à mon Bien Aimé ”, prononcé en 5709(3). Grâce à cette âme divine, il est possible de résister à l’âme animale, qui est “ le roi insensé ”, s’emparant du corps de l’homme dès l’instant de sa naissance.

C’est la raison pour laquelle il n’est pas nécessaire d’être grand pour recevoir la circoncision. Bien au contraire, une adhésion au domaine de la Sainteté d’une manière qui transcende la raison permet de lutter efficacement contre l’esprit de folie s’emparant de l’homme qui commet une faute, comme l’écrit le Rambam, dans ses lois des opinions, chapitre 2, paragraphe 2. Vous consulterez également le Kountrass Oumayan, aux chapitres 26 et 27.

La circoncision doit donc, bien évidemment, être pratiquée à proximité de la naissance. Et, vous consulterez le Guide des égarés, à la même référence, qui dit : “ Tout est comme si l’enfant se trouvait encore en gestation jusqu’à la fin de son septième jour. C’est seulement à l’issue de cette période qu’il peut être considéré comme ayant fait son apparition à l’air du monde ”. Vous consulterez aussi le Zohar, tome 3, page 43b et le Midrash Devarim Rabba, au début du chapitre 6.

Tel est également le service de D.ieu du mois d’Elloul, dont le nom est constitué des initiales des mots formant le verset : “ L’Eternel ton D.ieu circoncira ton cœur et le cœur ” de ta descendance(4), selon le Baal Hatourim, commentant le verset Devarim 30, 6. Il est ainsi établi que ce service transcende la raison. C’est à ce propos qu’il est dit : “ Recherchez Ma Face ”, celle de l’âme émanant du domaine de la Sainteté. Dès lors, “ Eternel, je rechercherai Ta Face ” et ainsi est conclue l’alliance avec le Saint béni soit-Il.

Notes

(1) C’est-à-dire lorsqu’il n’a pas les moyens d’être autonome dans son étude.
(2) On ne pourra donc pas l’enseigner aux plus petits.
(3) 1949, du précédent Rabbi.
(4) Voir, à ce sujet, les lettres n°1191, 2220 et 2229.