Par la grâce de D.ieu,
24 Kislev 5714,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre de la veille du Chabbat Parchat Vayétsé, qui faisait suite à un long mutisme. Vous me dites que vous faites le bilan de votre séjour dans la ville où vous vous trouvez actuellement. De façon générale, un tel bilan est effectué pendant le mois d’Elloul. Pendant le reste de l’année, en revanche, on établit seulement celui qui, à coup sûr, n’affaiblira pas le service de D.ieu et, a fortiori, ne conduira pas au désespoir, même pour une part très réduite. De façon plaisante, on pourrait dire que le désespoir ne doit jamais être conscient(1).
Bien évidemment, une telle attitude va à l’encontre de l’enseignement du Baal Chem Tov, selon lequel il convient de servir D.ieu dans la joie. Ce service inclut également l’Injonction : “ En toutes tes voies, reconnais-Le ”, comme l’expliquent le Rambam, dans ses lois des opinions et le Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haïm, au chapitre 231.
J’ai pris connaissance avec plaisir de ce que vous me dites du mois de Tichri, bien que vos propos soient très concis. J’espère que le manque est uniquement en ce que vous écrivez, mais non dans ce qui s’est concrètement passé.
Concernant ce que vous pouvez écrire dans les journaux, il est inutile de vous préciser à quel point cela est utile. J’ai donc bon espoir qu’à l’avenir vous ferez des efforts en ce sens, avec toute l’ardeur qui convient.
Vous parlez de ce qui vous concerne personnellement(2). Il est clair que tout ce qui vient d’être dit ne vous dispense pas d’un effort personnel. A l’opposé, dans ce domaine également, la tristesse conduit à la paresse plutôt qu’à l’empressement. Vous devez donc commencer par l’action concrète, c’est-à-dire par l’étude de la Torah, même si vous le faites uniquement par soumission.
Vous étudierez au moins un court moment, chaque jour et pendant plus longtemps, quand vous aurez du temps libre. En effet, lorsqu’une graine est prête à se développer, il est plus aisé de la révéler concrètement.
Je vous joins ce qui a été édité à l’occasion de la fête de la libération du 19 Kislev passé(3). Vous en mettrez sans doute le contenu à la disposition du plus grand nombre, car, de fait, celui-ci reste valable tout au long de l’année.
Avec ma bénédiction de réussite,
M. Schneerson,
N. B. : Concernant les explications de ‘Hassidout qui devront être récitées pendant le mariage, en un moment bon et fructueux, il serait bon, en plus du discours que vous mentionnez dans votre lettre de dire également celui qui est intitulé “ Viens, mon Bien Aimé ” et fut prononcé en 5689(4), conformément à la causerie de Chavouot 5713(5). Je suis surpris que vous ne le sachiez pas.
Il serait bon de commencer à porter les Tefilin de Rabbénou Tam. D.ieu vous accordera la réussite.
Notes
(1) Paraphrase de l’expression de la Guemara selon laquelle celui qui n’a pas conscience d’avoir perdu un objet peut, involontairement, en abandonner la propriété. En effet, le même terme désigne, en Hébreu, le désespoir et l’abandon de propriété.
(2) Par opposition aux réalisations communautaires.
(3) Il s’agit du discours ‘hassidique intitulé “ Il a libéré mon âme dans la paix ”, prononcé en 5704.
(4) 1929, par le précédent Rabbi, lors du mariage du Rabbi.
(5) 1953, du Rabbi.