Lettre n° 2332

Par la grâce de D.ieu,
4 Tévet 5714,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Une question m’a été posée, de votre part, sur la possibilité de se raser la barbe(1). Vous voudriez savoir s’il existe une différence entre les manières de le faire ou bien si toutes se valent.

Il est clair qu’il existe une immense différence. Une image permettra de le comprendre. Certaines boissons sont des poisons(2) pour les hommes. Lorsque quelqu’un les boit, il est nécessaire de prendre les mesures les plus énergiques pour le guérir du préjudice qu’il cause ainsi à son corps. Il en est de même également pour celui qui n’en boit qu’une seule fois et, a fortiori, pour celui qui le fait à différentes reprises.

D’autres éléments peuvent causer du tort à l’homme uniquement quand ils l’atteignent en certaines parties de son corps, alors qu’ils restent inoffensifs, s’ils parviennent à d’autres parties, bien qu’ils ne soient d’aucune utilité pour elles.

Par exemple, celui qui consomme des épluchures de pommes de terre(2) ou de melon(2) fait un acte inutile, duquel il doit se libérer au plus vite. En revanche, il ne se met pas en danger quand il les introduit dans son estomac(2). A l’opposé, si ceux-ci pénètrent dans ses poumons, l’homme se trouvera dans une situation critique.

De manière plus ou moins identique, certains éléments sont un poison(2) pour une âme juive. Ce sont les fautes, desquelles tous les Juifs doivent se préserver de manière identique. En revanche, un non-Juif qui les commettrait ne ferait rien de mal. A l’opposé, un Juif qui adopterait cette attitude causerait du tort non seulement à son âme, mais aussi à son corps.

D’autres pratiques, en revanche, font du mal à certaines personnes, mais non à d’autres. Ainsi, pour nous autres, Ashkenazim, le fait d’épouser deux femmes serait une faute, alors que les Sefardim y sont autorisés.

De la même façon, toutes les manières de se raser la barbe ne sont pas identiques. Le faire avec un rasoir est une Interdiction de la Torah pour tous les Juifs, sans exception. Celui qui en utilise un transgresse cinq Interdits chaque fois qu’il le fait, ce qu’à D.ieu ne plaise, comme l’établissent la Guemara, le Choul’han Arou’h et les Décisionnaires.

A l’opposé, utiliser une poudre(2) ou bien un rasoir électrique est bien une Interdiction pour les ‘Hassidim, ceux qui sont liés aux disciples du Baal Chem Tov. En le faisant, ceux-ci causeraient du tort à leur âme et donc également à leur corps. Néanmoins, ce préjudice est moins important que celui qui découle de la transgression des cinq Interdits, lorsque l’on emploie, par exemple, un rasoir à main.

Aux opposants à la ‘Hassidout ou aux autres Juifs pratiquants, par contre, qui ne connaissent pas ou n’acceptent pas la décision hala’hique des disciples du Baal Chem Tov, s’applique l’image, précédemment énoncée, des épluchures de pommes de terre. Une telle pratique n’est pas positive. Il n’est pas bon d’ingérer ces épluchures dans son estomac et celui qui le fait doit modifier son comportement. Pour autant, aucun danger n’en résulte.

Néanmoins, les épluchures ne doivent pas pénétrer dans les poumons et il faut faire preuve de fermeté pour que ce ne soit pas le cas. Il faut tout mettre en oeuvre pour réduire le dommage qui pourrait en découler.

Je ne sais pas quelle est précisément votre situation, de quelle manière et jusqu’à quel point vous êtes lié à la ‘Hassidout. En tout état de cause, il est bien clair qu’en utilisant un rasoir à main, on transgresse chaque fois cinq Interdits de la Torah. Par contre, l’emploi d’un rasoir électrique(2) ou de la poudre(2) est conditionné par la manière dont on est lié à l’enseignement du Baal Chem Tov.

Que D.ieu vous vienne en aide pour que vous vous dirigiez dans le bon et droit chemin, celui de la Torah et des Mitsvot, qui est, pour les Juifs, le bonheur véritable, matériellement et spirituellement.

Avec ma bénédiction,

Le secrétaire,

Notes

(1) Voir, à ce sujet, les lettres n°3, 1254, 1791, 1845 et 2109*.
(2) En anglais dans le texte, alors que cette lettre est rédigée en Yiddish.