Par la grâce de D.ieu,
9 Tévet 5714,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
A) J’ai bien reçu votre lettre datée de la cinquième lumière(1), dans laquelle vous me faites part des réflexions que vous inspire votre service de D.ieu. Vous connaissez sûrement le proverbe de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera. Celui-ci concerne Rabbi Na’houm de Tchernobyl et il est également imprimé dans la causerie de Pessa’h 5703(2). Il dit que l’on doit, bien souvent, se demander quelle est l’origine d’une certaine tendance ou d’un certain désir.
En effet, on ne peut pas déterminer, en premier analyse, s’il émane du domaine de la sainteté ou de celui qui lui est opposé. Car, vous connaissez également le proverbe du Rabbi Rachab(3) selon lequel le mauvais penchant peut également se vêtir d’une redingote de soie.
L’un des critères fondamentaux, en la matière est le suivant. Lorsque cette tendance et ce désir ont pour effet d’affaiblir le service de D.ieu, on peut être certain qu’il émane du côté gauche(4).
Il en est de même pour ce qui fait l’objet de notre propos. Votre lettre semble indiquer que le bilan moral auquel vous faites allusion affaiblit effectivement votre enthousiasme, diminue la vitalité que vous apportez à assumer votre mission sacrée, en l’occurrence votre activité pédagogique. Il est donc à peu près certain que votre démarche émane du mauvais penchant.
De plus, le Tanya explique que la tristesse, même si elle est inspirée par les préoccupations du monde, peut être raisonnée. Vous consulterez, à ce sujet, le chapitre 26 et le résumé du Tanya. En conséquence, aussi justifiées que soient vos objections et vos plaintes, vous devez vous en éloigner, dans toute la mesure du possible. Et, pour ce qui vous concerne, je ne comprends pas ce qui résulte du bilan moral que vous m’écrivez, si ce n’est la tristesse qu’il vous inspire.
Tout cela n’est donc pas votre affaire. Vous redoublerez d’ardeur pour éduquer ces enfants et vous rapprocherez leur cœur de leur Père Qui se trouve dans les cieux. La récompense que vous en recevrez est précisée par les propos de nos Sages, qui disent : “ D.ieu fait briller ses yeux ” et “ il s’élèvera sur la voie conduisant vers le Sanctuaire de D.ieu ”.
B) Vous me demandez également si vous devez être présent au mariage de votre frère(5). Le principe général, en pareil cas, est le suivant. En restant proche, on peut agir plus efficacement qu’en repoussant et en s’éloignant.
Vous ne me dites pas précisément quel problème il y a entre vous. Néanmoins, il me semble préférable que vous soyez présent. Tout d’abord, il s’agit d’un acte d’amour envers votre prochain. De plus, vous pourrez vous servir de cela, immédiatement ou par la suite, pour rapprocher votre frère et son épouse de la Pratique juive.
Que D.ieu vous donne la réussite, dans ce domaine également.
Avec ma bénédiction et dans l’attente de vos bonnes nouvelles,
Notes
(1) De ‘Hanouka.
(2) 1943. Le précédent Rabbi montre comment Rabbi Na’houm analysa ses propres motivations pour donner de la Tsédaka.
(3) Voir, à ce sujet, les lettres n°1928, 2345, 2394, 2443 et 2492.
(4) Celui du mal.
(5) Qui n’est vraisemblablement pas totalement conforme à la Hala’ha.