Lettre n° 236

Par la grâce de D.ieu,
29 Sivan 5706,
Brooklyn,

Au distingué 'Hassid, élève de la Yechiva,
le Rav M. Z.(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à vos lettres:

A) Je suis surpris que vous n'ayez pas encore accédé à la requête du Rav Flint, formulée en mon nom. Je suis particulièrement occupé et je ne peux pas répondre à chacun précisément quand il le désire. J'ai donc dit que vous devez vous satisfaire de recevoir des réponses avec retard, pourvu que paraissent les publications qui sont sous presse ou encore en préparation, ce qui constitue le bien du plus grand nombre.

B) Je ne connais pas l'adresse de monsieur Orlin et je vous joins donc une lettre qui lui est destinée(2). Vous prendrez soin de la lui faire parvenir, avec le fascicule qui est joint à son intention. Vous déciderez entre vous si vous devez les lui remettre vous-même ou bien si le Rav L. Kremer(3) doit le faire.

J'espère que monsieur Orlin comprendra tout ce que j'écris dans cette lettre. Le cas échéant, vous lui fournirez les explications nécessaires. Peut-être même serait-il bon, à cette occasion, de l'inviter à un petit repas, dont les invités l'envieront et imiteront son exemple. Je m'en remets à votre jugement.

C) Vous vous efforcerez d'obtenir auprès d'Orlin la totalité de son engagement, que vous enverrez ici au plus vite, car l'imprimeur réclame son dû. De même, vous m'enverrez tout ce que Dolfin vous a donné(4), concernant la dette du Rav L. Kremer et la sienne propre. Qu'en est-il, de façon générale, des donateurs pour les publications?

D) Le Dere'h Mitsvote'ha, le Chaar Hacollel et le Sidour Torah Or ont déjà été imprimés à Shanghai. Je voulais y ajouter des notes et des références, mais je ne sais pas si l'on enverra ici les livres non reliés, comme je l'ai demandé, auquel cas je pourrais le faire et les envoyer ensuite à la reliure.

E) Le numéro neuf du Kovets Loubavitch est actuellement sous presse, de même que les causeries attribuées à monsieur Dalfon, dont la fin n'est pas encore mise en page et je ne sais donc pas quand elles seront éditées. Le Sefer Hamaamarim Yiddish, comportant les discours 'hassidiques du fascicule 43 et ceux qui ont été imprimés dans Hakrya Vehakedoucha paraîtra bientôt, de même que les deux premiers tomes d'un livre d'histoire en anglais. Il y a aussi un recueil d'histoires, également en anglais.

F) Qu'en est-il de l'abonnement des élèves aux conversations avec les jeunes?

G) Les causeries prononcées le 19 Kislev, cette année, se trouvent encore chez mon beau-père, le Rabbi Chlita(5) et je ne peux donc pas faire ce que vous me demandez, à ce propos.

H) Deux récits rédigés par mon beau-père, le Rabbi Chlita, qui ne figurent pas dans le Torat Chalom, ont été transcrits de manière indépendante. Le Rav A. P.(6) les a copiés, avec deux autres récits, pour quelques personnes.

Pour l'heure, je n'ai pas retrouvé la lettre aux synagogues(7). Je vous enverrai très prochainement le manuscrit, comme je vous l'ai promis.

I) Je vous remercie de m'avoir adressé la liste des livres de 'Hassidout imprimés en Terre Sainte.

J) J'espère disposer bientôt d'un peu de temps libre pour préparer l'édition des lois du lavage des mains et des bénédictions, de l'Admour Hazaken, avec des notes explicatives, conformément au souhait de mon beau-père, le Rabbi Chlita. Y a-t-il, dans votre ville, les commentaires, sur ce texte, du Rav A. D. Lawot(8) ou bien des livres pouvant faciliter cette édition? Vous voudrez bien me le faire savoir au plus vite.

Je conclurai en répétant ce que j'ai écrit à quelqu'un, la semaine dernière(9).

Un verset de la Paracha de cette semaine dit: "Et Aharon fit ainsi". Nos Sages, que Rachi cite dans son commentaire, disent que "ceci fait l'éloge d'Aharon qui n'introduisit aucune modification". Le Likouteï Torah du Ari Zal explique pourquoi cette éloge fut prononcée précisément ici. En effet, le verset indique qu'une telle modification était bien envisageable.

Il fut dit à Moché: "Les sept lumières éclaireront face au chandelier", ce qui fait allusion au début de leur allumage. Puis, il est dit que "Aharon éleva les lumières face au chandelier", c'est-à-dire lorsque la flamme avait déjà pris. Le verset précise donc que Aharon n'avait introduit aucune modification et que, dès le début de l'allumage, il se trouvait bien "face au chandelier". Néanmoins, il était encore là quand la flamme était déjà importante et son éloge peut donc bien être prononcée, à ce propos. C'est ce qu'explique le Ari Zal.

On peut expliquer tout cela d'après la 'Hassidout. Il est dit qu'aucune forme du service de D.ieu n'est comparable à l'amour que l'on éprouve pour Lui et le Cohen est précisément un homme de bonté et d'amour. Au début de l'effort, il est encore aisé de se trouver "face au chandelier", de percevoir la dimension véritable de la Mitsva, mais non lorsque la flamme s'élève, lorsque l'on est animé d'une soif intense pour la Divinité et que l'on découvre différentes manières de l'assouvir. On peut alors sombrer dans l'erreur(10), s'imaginer que l'on prend référence sur l'aspect véritable de la Mitsva et non sur son propre raisonnement.

Il faut donc être très prudent, particulièrement soumis à D.ieu. Et c'est précisément pour cela qu'est prononcée l'éloge d'Aharon, qui insuffle aux âmes juives un amour de D.ieu si intense qu'il ne peut subir aucune modification.

Avec ma bénédiction de Techouva immédiate, délivrance immédiate,

Rav Mena'hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(11),

Mon beau-père, le Rabbi Chlita, m'a montré comment reproduire les noms dans une dédicace. On mentionne d'abord ceux des parents(12).

Concernant les questions que vous me posez, pour toutes celles qui concernent l'action concrète, il faut d'abord déterminer s'il y a une pratique établie en la matière. On peut interroger, en Terre Sainte, les 'Hassidim 'Habad les plus âgés à propos des Tefilin et de leur taille. Lorsque la préparation des discours 'hassidiques pour l'impression me laissera quelques temps, je pourrai consulter les livres traitant de cette question.

Pour ce qui est de votre seconde interrogation(13), je vous adresse la réponse que j'ai déjà donnée à une question similaire(14). Vous voudrez bien me la restituer par la suite.

Les coutumes imprimées dans le Hayom Yom et la Haggada s'appliquent à tous, comme l'a dit mon beau-père, le Rabbi Chlita, sauf lorsqu'il est précisé qu'il s'agit d'une "coutume du Rabbi" ou "de la maison du Rabbi". En ce cas, il appartient à chacun de décider ce qu'il doit faire.

Tout ce qui a été introduit dans le Sidour Torah Or imprimé ici a été ajouté selon les instructions de mon beau-père. Je ne l'ai pas interrogé pour tout ce qui n'a pas été modifié, si ce n'est sur quelques points, lorsque j'avais un doute.

Notes

(1) Le Rav Mena'hem Zéev Gringlass, de Montréal.
(2) Il s'agit de la lettre suivant celle-ci.
(3) Le Rav Avraham Leïb Kremer, de Montréal.
(4) Voir, à ce propos, les lettres n°208 et 213.
(5) Voir, à ce propos, la lettre n°208.
(6) Le Rav Avraham Pariz.
(7) Que le précédent Rabbi avait adressée, en Adar 5704 (1944), aux responsables des synagogues de Montréal, pour s'étonner que ceux-ci refusent de mettre leurs locaux à disposition pour qu'y soient créées des succursales de la Yechiva, afin d'augmenter le nombre de ses élèves.
(8) Le Rav Avraham David Lawot, arrière grand père du Rabbi.
(9) Voir la lettre n°232.
(10) Le Rabbi note, en bas de page: "Du reste, lors de l'offrande d'un sacrifice, qui est aussi une forme de soif pour D.ieu, il ne suffit pas que la Che'hita (faisant allusion à l'élévation) Lui soit consacrée. Il doit en être de même lorsque l'on en recueille le sang (ce qui désigne la réintégration de la matière)".
(11) Des éditions Kehot.
(12) Et l'on inscrit "à la mémoire de" suivi du nom des parents, puis "offert par" et le nom des enfants.
(13) Le Rav Gringlass demandait: "Pourquoi avons-nous la coutume, à Roch 'Hodech, d'ôter les Tefilin avant le Kaddich du Moussaf alors que les écrits du Ari Zal demandent de le faire après celui-ci?".
(14) Il s'agit de la lettre n°195.