Par la grâce de D.ieu,
6 Chevat 5714,
Brooklyn,
Au jeune homme, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Israël(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai reçu avec plaisir votre lettre de la veille du Chabbat Chemot, qui faisait suite à un long silence. Vous justifiez le fait de ne pas m’avoir écrit en expliquant que vous n’aviez rien de particulier à me dire. J’en suis d’autant plus surpris. La fin du premier tome du Zohar explique que “ chaque jour possède son contenu propre ”, qui permet de mettre en pratique la mission confiée par le Saint béni soit-Il, celle d’éclairer la part du monde que l’on se voit confiée(2).
On doit donc s’influencer soi-même dans ce sens et y diriger ceux qui se trouvent dans son entourage. Pendant les mois qui se sont écoulés sans que nous ayons correspondu, vous avez pu et dû agir en ce sens et ceci aurait fourni la matière pour de nombreuses lettres.
En tout état de cause, il est inutile de se plaindre du passé et je n’envisage ici que ce qui doit en résulter pour l’avenir. Vous compléterez donc tout cela en donnant non seulement “ de quoi satisfaire son besoin ”(3), mais aussi de manière abondante. Comme le dit la fin du Midrach Esther Rabba : “ La paix sera large, la bénédiction sera large ”.
Avant tout, D.ieu vous a accordé le mérite d’avoir connaissance de la ‘Hassidout, de ses pratiques et de ses coutumes. Vous pouvez donc être le canal, apportant ces connaissances à nos frères, les enfants d’Israël qui, pour l’heure, ne comprennent que l’italien.
Vous devriez agir, dans ce domaine, avec le plus grand empressement, traduire des passages faciles des causeries et même des discours ‘hassidiques en italien, en particulier avant les fêtes, les dates particulières et le jour de la Hilloula(4). Comme je vous l’ai déjà écrit, le grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se consacre aux besoins communautaires, le Rav Morde’haï Ha Cohen Perlov(5) vous apportera sûrement son concours, dans ce domaine.
Vous connaissez la promesse(6) de l’Admour Hazaken selon laquelle ceux qui suivent sa voie voient leurs efforts couronnés de réussite, en tout ce qu’ils entreprennent pour la Torah et les Mitsvot. Il est inutile de vous préciser encore une fois que je prendrai en charge les dépenses courantes qui résulteront de cette activité.
J’attends de vos bonnes nouvelles, au plus vite. Et, l’on peut citer, à ce propos, l’image de l’étude de la Torah qui, lorsqu’elle est retardée, subit nécessairement un manque que l’on ne peut pas combler par la suite. En effet, chaque instant doit, par lui-même, être empli de cette étude. Il est sûrement inutile d’en dire plus.
Vous avec des difficultés à comprendre ce que dit le Rambam, dans ses lois des rois, à propos de l’autorité du roi et de l’étendue de son pouvoir. Vous ne savez pas comment accorder le principe selon lequel le roi a le droit de lever un impôt sur le peuple avec l’interdiction qui lui est faite de multiplier ce qu’il possède. Je ne vois là aucune contradiction.
Dans différents domaines, notre sainte Torah accorde le pouvoir au tribunal, que le peuple doit donc écouter. Il en est de même pour la levée d’un impôt ou d’une taxe sur le peuple. Le roi en a la compétence, sans avoir recours au tribunal pour cela. Il peut prendre cette décision seul, comme dans certains autres domaines, que le Rambam définit dans ses lois des rois ou dans d’autres textes.
Bien évidemment, cet impôt est mis à la disposition du roi, qui peut le distribuer comme il l’entend. Néanmoins, il doit le faire à la manière de n’importe quel autre Juif et il a même encore plus de responsabilité que les autres, compte tenu de sa fonction. De fait, le Rambam dit que “ son cœur est celui de tout le peuple ”. En conséquence, il doit s’acquitter fidèlement de sa tâche, répartir les fonds disponibles, en fonction des besoins du royaume, à l’armée et à ses serviteurs. Il doit aussi en conserver une partie pour lui et pour ses préoccupations personnelles, afin que rien n’en soit inutile. En effet, un seul cheval, dès lors qu’il ne sert à rien, contrevient à la Volonté de D.ieu.
Il résulte de tout cela que, d’après les lois de la Torah, le roi possède effectivement les pouvoirs les plus étendus. Néanmoins, il lui est demandé d’être particulièrement humble et de ne pas multiplier ses propres biens, au delà de ce qui est nécessaire pour qu’il inspire la crainte, ce qui est pour lui une nécessité et afin de faire régner la paix dans le pays.
Vous consulterez également le Dére’h Mitsvoté’ha, du Tséma’h Tsédek, à la Mitsva de la nomination du roi, à partir de la page 108a, qui dit : “ Quelle est la signification profonde de la nomination d’un roi ? C’est le fait que, grâce à lui et par son intermédiaire, les Juifs se soumettent à D.ieu ”. Vous consulterez ses propos et le long développement qu’il introduit, à ce sujet.
Je vous joins une copie du discours ‘hassidique prononcé, l’an dernier, au jour de la Hilloula de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera. A n’en pas douter, il vous intéressera beaucoup.
Concernant les prérogatives du roi, vous consulterez également le Torat Ha Neviim, du Maharats ‘Hayot.
Notes
(1) Le Rav I. Naé, de Milan. Voir, à son sujet, la lettre n°2615. Voir également la lettre n°2380.
(2) Il y a donc bien matière à écrire.
(3) Selon l’expression de la Torah, qui enjoint d’assurer au pauvre la satisfaction de ses besoins.
(4) Du précédent Rabbi, le 10 Chevat.
(5) Voir, à son sujet, les lettres n°2380, 2614 et 2615.
(6) Voir, à ce propos, la lettre n°2395.