Lettre n° 2475

Par la grâce de D.ieu,
19 Adar 5714,
Brooklyn,

Au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et assume une mission sacrée,
le Rav Avraham Mena’hem Mendel(1),

Je vous salue et vous bénis,

On m’a transmis votre demande de bénédiction pour la guérison de l’un de vos élèves. Par la suite, on m’a dit que l’intervention chirurgicale s’est bien passée et que tout va bien. Tout comme vous m’annoncez cette issue positive, de façon matérielle, puisse D.ieu faire que vous me fassiez également connaître des conséquences positives dans le domaine spirituel, en m’informant que vos élèves sont en bonne santé morale.

Chez un Juif, les dimensions matérielle et spirituelle sont liées. De manière plaisante et en s’appuyant sur l’affirmation de l’Admour Hazaken, formulée au troisième chapitre d’Iguéret Hatechouva, on pourrait dire que les présentes générations ne sont pas en aussi bonne santé que les précédentes. En conséquence, la multiplication des jeûnes est nuisible, car elle provoque la maladie ou la faiblesse, ce qu’à D.ieu ne plaise.

Or, il en est de même pour la guérison de l’âme. Auparavant, on pouvait se contenter de mortifications spirituelles, c’est-à-dire des propos du Moussar, qui rabaissent l’homme et le font souffrir. A l’heure actuelle, en revanche, il peut en résulter une maladie ou un affaiblissement moral, ce qu’à D.ieu ne plaise. On peut se décourager, être totalement effondré, D.ieu nous en garde. Le corps et l’âme animale peuvent également se révolter contre un tel avilissement.

En conséquence, il est indispensable d’emprunter la voie que nous a tracée le Baal Chem Tov(2) et de mettre en pratique l’Injonction “ tu lui viendras en aide ”(3). Il faut d’abord expliquer que l’âme est “ une véritable parcelle de Divinité ”, que “ Lui et Sa Sagesse ne font qu’un ”. En conséquence, celui qui est l’émissaire de l’Homme céleste agit effectivement pour Son compte. Vous consulterez ce que dit le Likouteï Torah, à ce sujet, au début de la Parchat Vaykra.

L’homme reçoit des forces particulièrement élevées, non seulement pour surmonter les obstacles, mais aussi pour illuminer encore plus intensément son âme, son corps, la partie du monde qui lui est confiée, afin d’y forger des réceptacles de la Divinité, de manière joyeuse. Il est donc dommage que vous perdiez du temps en ne faisant pas usage de ces forces, précisément du fait de la bassesse du corps. Car, la joie brise les limites, y compris celles qui sont imposées par le corps et l’âme animale.

On trouve une merveilleuse précision dans la Hala’ha tranchée par le Ramah, dans le Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haïm, chapitre 98, fin du paragraphe 1, qui dit : “ Avant de prier, on méditera à la grandeur de D.ieu, béni soit-Il, puis à la petitesse de l’homme ”. Or, l’ordre dans lequel la Torah est énoncée en est partie intégrante(4).

Si vous devez enseigner tout cela à vos élèves, combien plus devez-vous posséder vous-même ces valeurs. C’est ainsi que vous pourrez les communiquer, de sorte que vos élèves soient, à leur tour, à même de les transmettre. Et, rien ne résiste à la volonté, y compris quand il faut modifier une habitude qui est déjà devenue une nature.

Avec ma bénédiction de réussite en tout cela,

Notes

(1) Le Rav A. M. M. Baranski.
(2) Voir, à ce propos, les lettres n°276, 548, 1151, 1417, 1897, 2462, 2510, 2517 et 2522.
(3) Au corps.
(4) Il faut donc méditer à la grandeur de D.ieu avant de penser à la petitesse de l’homme.