Lettre n° 2573

Par la grâce de D.ieu,
4 Nissan 5714,
Brooklyn,

Au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Mi’haël(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre du 27 Adar Cheni, avec ce qu’elle contenait. J’ai reçu aussi votre lettre du 29 Adar Richon et ce qui l’accompagnait.

J’aborde, tout d’abord, ce qui est d’actualité. De nombreux élèves rentrent chez eux, pour Pessa’h. Il est important de les équiper moralement pour cela. Ceci est nécessaire pour eux-mêmes, afin qu’ils ne restent pas sans rien faire, mais surtout pour qu’ils soient les canaux assurant la diffusion, dans les endroits où ils se rendent, des valeurs juives, en général, de celles de la ‘Hassidout, de ses pratiques et de ses usages, en particulier.

Outre le bien qui en résultera pour la communauté, une telle pratique permet également de faire acquérir ces valeurs plus profondément aux élèves. Plusieurs textes de ‘Hassidout expliquent que, pour donner aux autres, il faut soi-même posséder une profonde connaissance.

J’ai écrit(2) en ce sens également au Rav C. Matusof(3).

Ce que vous écrivez, dans la feuille jointe à votre lettre, pour préciser les différents stades de l’amour de D.ieu qui sont définis par le Tanya est particulièrement compliqué.

Vous posez d’abord la question suivante. Y a-t-il plusieurs formes d’amour dans le cœur de l’homme ? Je ne comprends pas quelle est votre difficulté. On peut constater concrètement que c’est effectivement le cas. Il existe plusieurs manifestations de l’amour qui ont toutes un point commun, celui de rechercher la proximité de D.ieu.

De même, vous dites que l’esprit possède dix forces et vous demandez si les attributs de l’intellect, à l’origine de ceux des sentiments, appartiennent aussi à l’esprit. Non seulement, l’intellect fait partie de l’esprit, mais il en est de même également pour ce qui découle de l’intellect. Pour autant, il est clair que ces attributs possèdent aussi une existence indépendante, même si un effet appartient à sa cause.

Certains textes précisent les différences qui existent entre l’intellect et les sentiments, mais, avant tout, chaque force possède une existence spécifique, au sein même de l’esprit. Et, il existe, au total, dix forces.

Les différents stades et diverses formes d’amour sont définis dans la lettre de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, qui est imprimée à la fin du Kountrass Ha Avoda, paru aux éditions Kehot, à Brooklyn. Des références sont également indiquées dans mes notes sur le chapitre 2 du Kountrass Ets ‘Haïm. En consultant ces textes, vous ferez disparaître la plupart de vos interrogations. Vous consulterez également le commentaire du Tanya, dont l’auteur est vraisemblablement le Rav C. Grounam(4), édité, par reproduction de l’original, il y a quelques années, par le Rav A. Pariz(5).

Concernant l’amour qui découle de la miséricorde, vous consulterez le Likouteï Torah Chir Hachirim, au début du discours intitulé “ Comme sont belles ” et, de manière plus détaillée, le Boné Yerouchalaïm, au chapitre 108.

Bien évidemment, les corrections qui ont été introduites dans le Tanya édité à Brooklyn peuvent être discutées et l’on est en droit de s’interroger, à leur propos.

Vous posez une question sur la note de la page 55a, dans laquelle je m’interrogeais sur le mot “ etc. ” qui apparaît dans le texte. Vous dites que celui-ci a pour objet d’écarter l’amour qui reste caché dans le cœur et ne peut donc apporter l’élévation. Mais, s’il en est ainsi, le “ etc. ” est en opposition à ce qui a été dit auparavant, puisqu’il est question, dans le contexte, de l’amour et de la crainte qui réalisent effectivement l’élévation.

Il semble donc que le mot “ etc. ” introduit la possibilité d’une élévation vers le monde d’Atsilout, comme le montre la page 53a. Ceci explique simplement :
A) pourquoi il n’est pas du tout question de cette élévation,
B) pourquoi cette idée est introduite, de manière allusive, par le mot “ etc. ” et non clairement exprimée.
D’après ce qui vient d’être dit, on peut avancer, comme le précise la page 53a, qu’il s’agit bien de notions cachées, auxquelles on n’a pas accès.

Avec ma bénédiction pour une fête des Matsot cachère et joyeuse, dans l’attente de votre réponse sur tous ces points et aussi sur ma précédente lettre, que vous avez sûrement reçue, il y a quelques temps,

Notes

(1) Le Rav M. Lipsker, de Meknes. Voir, à son sujet, la lettre n°2311.
(2) Il s’agit de la lettre n°2541.
(3) Le Rav Chlomo Matusof, de Casablanca. Voir, à son sujet, la lettre n°2273.
(4) Le Rav Chmouel Grounam, premier guide spirituel de la Yechiva fondée à Loubavitch par le Rabbi Rachab.
(5) Le Rav Avraham Pariz, de Terre Sainte.