Par la grâce de D.ieu,
6 Nissan 5714,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Je suis surpris de n’avoir aucune nouvelle de vous depuis bien longtemps, même si j’en obtiens par d’autres personnes et par vos proches.
Je voudrais, par la présente, évoquer ce qui est d’actualité, la fête de Pessa’h qui approche et qui implique, avant tout, de consommer de la Matsa, le premier soir. Cette fête est basée sur le fait que “ tu diras à ton fils ”, ce qui, comme le montre le texte de la Haggadah et comme le précise la Hala’ha, inclut également l’enfant sage. Et, la Torah fait également allusion à un grand enfant. Les diverses réponses faites aux enfants, qui sont toutes définies par la Torah, établissent que le message doit être adapté à l’enfant.
D.ieu vous a donné le mérite d’avoir un fils unique, qui éprouve un profond amour pour son prochain, au point de ne pas compter, de ne pas être limité par la logique. Il en a fait la preuve en protégeant et en sauvant les Juifs de Terre sainte, qui sera rebâtie et restaurée par notre juste Machia’h, très bientôt et de nos jours.
Une telle attitude est, assurément, héréditaire. Elle émane de la vitalité des ‘Hassidim, fils de ‘Hassidim. Elle fait la preuve absolue qu’en lui venant en aide, en abordant la question de la manière qui convient, on aurait pu faire de lui quelqu’un qui aime D.ieu et qui se sert de ces forces non seulement au profit de son prochain, mais aussi pour la Torah et pour D.ieu, ce qui, d’après l’enseignement du Baal Chem Tov(1), n’est qu’un seul et même sentiment.
Si, pour une quelconque raison, votre fils n’est pas attiré par une activité commerciale, vous devez, de toutes vos forces et par tous les moyens, lui donner la possibilité de gagner sa vie d’une autre manière, en étant employé, dans le domaine agricole ou dans la gestion d’une usine. Il importe uniquement qu’il ne se trouve pas dans un environnement qui le soumettrait en permanence à l’épreuve, pour tout ce qui concerne la Torah de lumière et la bougie qui est la Mitsva. En effet, tout dépend, pour une large part, des amis que l’on a.
Vous-même, vous vous trouvez en Terre Sainte depuis de nombreuses années. Je suis donc particulièrement surpris que vous n’ayez pas investi toute l’énergie nécessaire, dans ce domaine, que vous n’ayez pas monté une affaire dans laquelle vous auriez pu faire entrer également votre fils. Au début, chacun a besoin de l’aide d’un proche ou d’un ami. Combien plus un fils doit-il pouvoir compter sur ses parents. De la sorte, votre fils connaîtra la réussite, matérielle et spirituelle à la fois. Et, ceci aurait également été un succès pour ses parents.
Bien évidemment, je ne cherche pas à vous faire de la morale et j’ai bien conscience qu’il est inutile de se plaindre de ce qui est passé. Je fais uniquement allusion au présent et à l’avenir immédiat. Vous devez désormais vous préoccuper de votre fils, avec une attention particulière et permanente, de la manière qui vient d’être définie. Et, l’assurance nous a été donnée que les efforts sont couronnés de succès.
Il est sans doute inutile de vous préciser que le comportement d’un fils unique influence celui d’une fille unique. Lorsque l’on obtient un résultat pour le premier, on commence positivement à se consacrer à la seconde, et peut-être y a-t-il là plus qu’un commencement.
Comme vous le savez, la fête de Pessa’h marque la confiance des enfants d’Israël en le Saint béni soit-Il, ainsi qu’il est dit : “ Je Me souviens pour toi du bienfait de ta jeunesse, lorsque tu M’as suivi dans le désert ”. En ces jours-ci, à cette époque-là, les enfants d’Israël firent la preuve de leur confiance totale en D.ieu et ils observèrent, de leurs propres yeux, la manne, le puits de Miryam, le fait que “ ton vêtement ne t’as pas quitté ”(2).
Chaque année, en cette période, tout cela se révèle de nouveau et cette profonde confiance met en évidence la salut collectif et individuel, la satisfaction de tous les besoins, matériels et spirituels. Comme l’explique l’Admour Hazaken, dans le Likouteï Torah(3), à la Parchat Bera’ha, page 98b, tout ceci peut se révéler, dans votre maison et dans votre entourage, également pendant le reste de l’année.
Ce passage du Likouteï Torah parle de la soumission qui est commune à toutes les fêtes et qu’il suffit donc de révéler jusqu’à la fête suivante. Mais, certains points sont également spécifiques à chacune. Ceux-là sont révélés pour l’ensemble de l’année. C’est en particulier le cas pour la fête de Pessa’h. En effet, conformément au dicton de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, qui figure dans sa causerie de Pessa’h 5703(4), un reflet de toutes les fêtes existe chaque jour et celui de Pessa’h est permanent.
On peut expliquer, au moins brièvement, que Chavouot est “ le temps du don de notre Torah ”. Soukkot représente les Mitsvot, qui entourent l’homme et qui sont, de façon générale, représentées par la Tsédaka, selon le chapitre 5 du Tanya, ainsi qu’il est dit : “ J’ai placé Mes Paroles dans ta bouche et Je t’ai recouvert de l’ombre de Ma main ”. Enfin, Pessa’h, “ temps de notre liberté ”, introduit la foi et, selon l’expression du Zohar “ le pain de la foi ”.
Certains aspects de la Torah et des Mitsvot sont soumis au temps et à l’espace. Ce n’est pas le cas de la foi, qui est une Mitsva perpétuelle, la base de la Torah et des Mitsvot. C’est une évidence.
Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,
Notes
(1) Le Baal Chem Tov enseigne, en effet, que “ l’amour d’Israël, celui de la Torah et celui de D.ieu ne font qu’un ”.
(2) Sans pour autant s’user.
(3) Voir, à ce propos, la lettre n°2570.
(4) 1943.