Par la grâce de D.ieu,
13 Nissan 5714,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Avraham(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre du 26 Adar Cheni et je m’empresse d’y répondre, car j’y ai lu, avec effroi, que l’on rapporte une décision hala’hique, concrètement applicable, en mon nom, à propos de la prière, selon laquelle celle-ci serait inutile, si elle n’était pas prononcée dans une certaine optique. Bien plus, on ajoute qu’il en est ainsi également pour la bénédiction après le repas.
Je suis surpris d’une telle situation. Pourquoi certains doivent-ils trancher la Hala’ha en citant mon nom ? Pourquoi ne pas plutôt m’interroger directement ? Et, vous connaissez la décision de nos Sages, énoncée au traité Baba Batra 130b, selon laquelle aucune conclusion pratique ne peut être tirée tant que l’on ne dit pas ce qui en résulte pour l’action concrète.
Il est vrai que j’ai souligné l’importance de la ferveur de la prière à plusieurs personnes(2), y compris à ceux qui ne sont pas des ‘Hassidim. On trouve cette même idée dans les commentaires du Rav ‘Haïm de Brisk sur les lois de la prière du Rambam, selon lesquels “ si l’on oublie que l’on se tient devant D.ieu, on est considéré comme si l’on n’avait pas dit ces mots ”.
Néanmoins, je me demande si, pour le Rav de Brisk, il s’agit d’une Hala’ha concrètement applicable. Son livre est un recueil de commentaires et non de positions hala’hiques. Le Choul’han Arou’h et les derniers Décisionnaires ne font pas état de cette Hala’ha. Elle ne figure pas non plus dans le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken et elle ne peut donc être considérée comme concrètement applicable. Vous consulterez, à ce sujet, le début du chapitre 38 du Tanya.
Vous m’interrogez aussi sur le texte de la bénédiction Chéhé’héyanou dans laquelle figure le mot Lizman(3), d’après la Haggadah publiée par les éditions Kehot. C’est effectivement une instruction que nous avons reçue de notre chef(4) et il me semble qu’elle émane de l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h.
Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,
Notes
(1) Le Rav A. Bardaki.
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°2251.
(3) Et non Lazman.
(4) Le précédent Rabbi.