Lettre n° 2593

Par la grâce de D.ieu,
13 Nissan 5714,
Brooklyn,

Au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Yaakov Yossef (1), le Cho’het,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du jour de la Hilloula(2) du 2 Nissan. Concernant votre fille, j’ai entendu dire qu’il y a, à Londres même ou bien à Gateshead, une école de jeunes filles dont le niveau de crainte de D.ieu est satisfaisant. En étant sur place, il doit vous être possible de vérifier si c’est effectivement le cas.

S’il en est bien ainsi, il serait bon que votre fille fréquente cette école. Le moment venu, elle pourra sûrement, en plus des connaissances et du perfectionnement qu’elle aura acquis, exercer également une influence positive sur son entourage, là-bas.

Concernant le moyen de gagner votre vie, D.ieu vous viendra en aide, à n’en pas douter. De façon générale, nos Sages disent qu’il ne faut pas craindre l’étroitesse et la difficulté passagère. Combien plus en est-il ainsi pour ceux qui ont habité dans le pays où nous nous trouvions auparavant(3) et ont assisté à des miracles évidents. Ils ont vu à quel point l’argent et les biens matériels sont vains. Il ne faut donc pas s’affecter de tout cela.

Certes, les difficultés matérielles sont un obstacle, dans différents domaines et en particulier pour le service de D.ieu. Il faut donc prier spécifiquement pour cela et, lorsque “ j’invoque D.ieu dans l’étroitesse ”, il est dit que “ D.ieu me répond dans la largesse ”. Cette largesse se marque d’abord spirituellement et elle amenuise les obstacles physiques. Puis, elle devient également matérielle.

Les jours de Pessa’h sont particulièrement propices pour tout cela, puisque c’est la fête de la sortie d’Egypte, de la libération des barrières dressées par les forces du mal, ou même celles qui appartiennent au domaine de la Sainteté, comme l’établissent différents textes.

Faisant référence à votre activité pédagogique, vous dites que “ l’on travaille toute la journée et l’on n’obtient pratiquement rien ”. Il est surprenant de constater à quel point ceux qui connaissent les dictons de nos maîtres et méditent à leur contenu n’en pensent pas moins qu’ils s’appliquent à d’autres personnes et non à eux-mêmes.

Vous connaissez sûrement le dicton du Baal Chem Tov(4), cité de nombreuses fois, selon lequel une âme descend ici-bas, dans un corps, pendant soixante dix ou quatre vingt ans, uniquement pour rendre, une fois, un service, spirituel ou matériel, à quelqu’un. Ainsi, D.ieu fait descendre “ une parcelle de Divinité véritable ”(5) dans la tourmente ou, selon l’expression du Rachbats(6), “ dans un sac de chair et d’os ”, pendant soixante dix ou quatre vingt ans, afin de réaliser une seule action, de rendre un seul service.

Combien plus doit-il en être ainsi pour chacun de nous. Celui qui a le mérite et la réussite de réaliser de telles actions, plusieurs fois par jour, chaque semaine, doit donc se réjouir de son sort. Cette idée est également expliquée dans ma lettre, adressée à tous(7), à l’occasion du 19 Kislev(8), cette année.

Quelques autres ‘Hassidim sont également dans le doute et vous voudrez bien diffuser le contenu de ces quelques lignes, qui leur apportera une réponse.

Comme vous me le demandez, lorsque je me trouverai près du saint tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, je mentionnerai le nom de tous ceux que vous citez, pour la satisfaction des besoins de chacun. Que D.ieu fasse que vous me donniez de bonnes nouvelles de tout cela.

Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,

M. Schneerson,

Notes

(1) Le Rav Y. Y. Hurkov. Voir, à son sujet, les lettres n°2019 et 2421.
(2) Du Rabbi Rachab.
(3) En Russie soviétique.
(4) Voir, à ce propos, la lettre n°2275.
(5) Une âme.
(6) Rabbi Chmouel Betsalel Sheftel, l’un des premiers maîtres du précédent Rabbi.
(7) Il s’agit de la lettre n°2292.
(8) La libération de l’Admour Hazaken des prisons tsaristes.