Par la grâce de D.ieu,
6 Iyar 5714,
Brooklyn,
Au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Chnéor Zalman Eliézer(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du 23 Nissan, dans laquelle vous m’interrogez sur une affirmation du Tanya, dans une parenthèse de ‘Hano’h Lenaar, le fait que la Mitsva de l’éducation soit une Injonction de la Torah(2), comme le dit le Ora’h ‘Haïm, au chapitre 343.
De fait, l’affirmation selon laquelle l’éducation est une Injonction peut être interprétée de deux manières. Faut-il dire qu’il s’agit d’une Injonction et donc, a fortiori, d’une Interdiction(3) ? C’est effectivement ce que dit l’Admour Hazaken, dans son Choul’han Arou’h, au chapitre 343. Ou bien faut-il interpréter cette phrase par référence à celle qui la précédait et dire que, tout comme l’amour de D.ieu est à l’origine des Injonctions, il est aussi à l’origine de l’éducation, l’une de ces Injonctions ? Dans ce dernier cas, peu importerait que l’éducation corresponde également à un Interdit.
Cette dernière explication permet de mieux comprendre la formulation de ce texte, car, d’après la première, il aurait suffi de dire qu’il s’agit d’une Injonction, alors que la conclusion de cet avant-propos, affirmant le rôle prépondérant de l’amour conçu par cette éducation précise le sens de cette parenthèse, soulignant que l’amour inclut également la Mitsva de l’éducation.
Ceci nous permettra de mieux comprendre le sens de ce texte, car, de façon générale, ce qui est entre parenthèses ajoute une idée dont la compréhension n’est pas essentielle et c’est bien le cas, en l’occurrence. En effet, le verset “ Eduque l’enfant ” ne fait pas référence précisément à celui qui n’est pas encore devenu adulte et astreint à la pratique des Mitsvot. Le traité Kiddouchin, bien au contraire, dit : “ A seize ans… A dix huit ans… ”. D’ailleurs, on peut noter que l’Admour Hazaken, dans ses lois de l’étude de la Torah, chapitre 1, paragraphe 9, fait dépendre l’éducation des deux(4), mais ce point ne sera pas développé ici.
En l’occurrence, ce qui est entre parenthèses indique qu’il faut également interpréter ce verset au sens simple et considérer qu’il fait allusion à l’éducation proprement dite, à l’âge où elle peut être donnée. C’est une évidence.
A ce propos, une autre question pourrait être posée. Le texte évoque d’abord les bases du service de D.ieu, le fait de L’aimer et de Le craindre. Or, à sa conclusion, il parle uniquement de l’amour. Ceci n’a rien à voir avec ce que nous disions auparavant, car la crainte est également une Injonction.
On peut répondre à cette question d’après ce qui est expliqué par différents textes, c’est-à-dire que la crainte est partie intégrante de l’amour(5). Et, ceci ne concerne pas uniquement l’amour caché(6) dont parle le Tanya, au chapitre 18, mais s’applique à toutes les formes de ce sentiment. En effet, celui qui aime D.ieu craint de transgresser Sa Volonté. De fait, ce texte dit lui-même que l’amour est la base et le fondement permettant de pratiquer toutes les Injonctions, c’est-à-dire également la crainte.
Vous citez la distinction faite par les Tossafot, qui se demandent s’il y a une Mitsva d’éduquer aux Interdictions. Vous consulterez sûrement le Baït ‘Hadach sur Ora’h ‘Haïm, au chapitre 343.
Dans la liste des corrections que j’ai proposées, figurait le fait de mentionner au masculin le nombre des quatre éléments fondamentaux, Arbaa(7), comme le fait le Rambam, au chapitre 4 des lois des fondements de la Torah. Vous dites que, d’après cela, il faudrait faire la même correction au chapitre 7 et, à la page 15, remplacer A’hat par E’had(8).
Vous avez raison et il s’agit d’un oubli dans la liste des corrections, qui a été établie rapidement, du fait des contraintes de l’impression. De même, quelques corrections ont été ajoutées entre l’édition du Tanya en format courant et celle du format de poche. D’autres ne figurent même pas dans cette dernière édition et elles seront publiées à une prochaine occasion.
Vous mentionnez, dans votre lettre, un manuscrit de la première version du Tanya. Vous voudrez bien me communiquer, au plus vite, des détails, à ce sujet, de même que les possibilités d’en disposer pendant quelques temps. Je vous en remercie d’avance.
Avec ma bénédiction,
Notes
(1) Le Rav C. Z. E. Gurvitch.
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°2335, au paragraphe 6 et la note du Rabbi dans le Péla’h Ha Rimon sur Béréchit, à la page 294.
(3) De ne pas la donner.
(4) Il mentionne la responsabilité du père et du grand-père. Voir également, à ce sujet, la lettre n°246.
(5) Puisque l’amour est à l’origine de toutes les Injonctions et que la crainte en est une également.
(6) Que chaque Juif reçoit en héritage par le simple fait qu’il est juif, qui se trouve caché dans son cœur et qu’il lui suffit de révéler.
(7) Alors que le texte imprimé disait Arba, au féminin.
(8) La forme féminine par la forme masculine du mot “ un ”.