Par la grâce de D.ieu,
5 Sivan 5714,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
est érudit, se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Ephraïm Eliézer Hacohen(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre.
Vous m’interrogez sur le commentaire de Rachi, au traité Sotta 39b, selon lequel, à la fin du dernier Amen(2), les Cohanim se retournent(3). L’officiant commence alors Sim Chalom(4) et les Cohanim disent la prière Ribono Chel Olam(5). Or, le Talmud affirme que les Cohanim ne peuvent pas se retourner avant que l’officiant n’ait commencé Sim Chalom, comme le précise le ‘Havot Yaïr, commentant le Rif, à la fin du traité Meguila. Parmi les premiers Sages, nul n’adopte le même avis que Rachi, sur cette question.
On peut considérer que la base de ce commentaire de Rachi est le raisonnement logique et vous consulterez, à ce sujet, les Tossafot sur le traité Chevouot 22b et le Sdeï ‘Hémed, principes, à l’article “ logique ”. Mais, Rachi se fonde également sur le Talmud.
Il se fonde sur le Talmud, car celui-ci disait auparavant que les Cohanim n’ont pas le droit de commencer une nouvelle bénédiction tant que l’on n’a pas fini de dire Amen à la précédente. On peut en conclure qu’immédiatement après cela, ils peuvent le faire. Selon Rachi, on peut donc considérer que cette affirmation fait référence à la prière Ribono Chel Olam, comme le montre également le Beth Yossef. Vous verrez aussi ce que dit le Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haïm, chapitre 128, fin du paragraphe 18.
Quant au raisonnement logique sur lequel Rachi se fonde, il est le suivant :
A) La prière des Cohanim, Ribono Chel Olam, fait suite à leur bénédiction et elle doit donc être dite à proximité de celle-ci. Cette considération s’ajoute à ce qu’explique le Sidour Kol Yaakov, au paragraphe 7. Les Cohanim doivent donc, au préalable, se retourner, afin de dire cette prière en direction de la Présence divine.
B) Certes, le paragraphe Ribono Chel Olam doit être lié à Sim Chalom, car l’un et l’autre ont un même contenu. Mais, pourquoi les Cohanim et le peuple devraient-ils être face à face, après le dernier Amen, alors que la bénédiction des Cohanim est déjà terminée ?
Et, que faire si les autres Décisionnaires, y compris l’Admour Hazaken, en ont disposé autrement ?
La Guemara dit effectivement que les Cohanim n’ont pas le droit de se retourner tant que l’officiant n’a pas commencé à dire Sim Chalom, mais Rachi adoptera l’explication du Rachal(6), que vous citez dans votre lettre. Et, de fait, Rabbénou ‘Hananel emploie cette même formulation, qui n’est pas très précise, à cause de sa conclusion, “ jusqu’à ce qu’il termine ”, exprimant, par ces termes, l’idée nouvelle qu’il souhaite introduire.
* * *
Les Tossafot, au traité Sotta 39a, citent le commentaire de Rachi sans s’interroger, à son propos et l’on peut en conclure qu’ils l’acceptent.
Le Levouch, au chapitre 128, paragraphe 15, dit que les Cohanim se retournent quand l’officiant dit Vetov Beéné’ha(7). Le Ko Tevare’hou, à l’article “ prière ”, s’interroge, à ce sujet. On peut aussi être surpris par la formulation du Levouch lui-même, au paragraphe 16. Mais, le temps dont je dispose ne me permet pas de développer tout cela(8).
A l’occasion de la fête de Chavouot, temps du don et de la réception de notre Torah, qui s’approche, je vous adresse ma bénédiction, selon la formulation de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera :
Vous recevrez la Torah de manière joyeuse et profonde.
Avec ma bénédiction,
Notes
(1) Le Rav E. E. Yalles, de Philadelphie. Voir, à son sujet, les lettres n°2331, 2757 et 2845.
(2) De la bénédiction des Cohanim.
(3) Vers l’arche sainte, tournant ainsi le dos à ceux qu’ils viennent de bénir.
(4) L’une des bénédictions de la répétition de la prière.
(5) Maître du monde, nous avons fait ce que Tu nous as ordonné.
(6) “ Cela veut dire qu’il est possible de commencer Sim Chalom après que l’on ait dit Amen. C’est ce qu’explique Rachi ”.
(7) C’est-à-dire plus tard que Sim Chalom.
(8) Cette lettre est écrite à la veille de la fête.