Par la grâce de D.ieu,
26 Tamouz 5714,
Brooklyn,
Au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et assume Son service, le Rav ‘Haïm Moché(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du 17 Tamouz, puisse D.ieu faire que ce jour soit transformé en joie et en allégresse. Vous me faites part des résultats que l’on a constaté chez les élèves qui suivent les cours de l’après-midi et j’en suis satisfait. Vous ne dites pas de quelles écoles ils viennent et vous le préciserez sûrement à la prochaine occasion.
Vous ne vous contenterez pas de ce qui a été fait et vous vous tiendrez un raisonnement “ a fortiori ”(2). Si l’effort qui a été investi jusqu’à maintenant a suffi pour donner des fruits, combien plus une action menée avec toute l’ardeur qui convient permettra-t-elle de multiplier les résultats, quantitatifs et qualitatifs à la fois, d’obtenir des fruits et des fruits de fruits, pour l’éternité, c’est-à-dire, selon l’interprétation de la ‘Hassidout, jusqu’à ce que le voile soit supprimé(3).
Vous m’interrogez sur l’affirmation de la ‘Hassidout selon laquelle le Machia’h sera plus grand(4) que Moché, notre maître. Vous consulterez, à ce sujet, le Likouteï Torah, Vaykra, page 17a, Bamidbar, page 89b-c, à la fin de Chir Hachirim, page 49c. Le Midrach Tan’houma Toledot, 20, donne la même interprétation, qui semble contredire l’affirmation selon laquelle “ nul n’a égalé Moché ”.
Cette affirmation fait intervenir plusieurs notions, la prophétie, la royauté, l’érudition de la Torah. On considère que nul ne sera plus grand que Moché en tant que prophète, comme le dit le Rambam, lois de la Techouva, chapitre 9, paragraphe 2. Et, sur ce point également, vous consulterez le traité Roch Hachana 21b.
Pour ce qui est de la royauté, en revanche, certains égalèrent Moché. Il n’en est pas de même pour l’âme, comme le dit le Likouteï Torah, à la fin de Chir Hachirim, à la référence précédemment citée. De ce point de vue, le Machia’h sera effectivement plus grand(5).
Il n’est donc pas contradictoire de dire qu’il en sera de même pour l’étude de la Torah. L’enseignement du Machia’h en sera la dimension profonde et l’âme, de laquelle il est dit: “ Il m’a prodigué les baisers de sa bouche ”. En effet, le Machia’h sera l’âme collective de tout le peuple juif.
Moché, en revanche, est attaché au niveau de l’âme qui est immédiatement inférieur à cette essence, comme l’expliquent le Chaar Ha Pessoukim, Parchat Vaye’hi et d’autres textes encore. Vous consulterez également le traité Mena’hot 29b, affirmant que “ ils ne savent pas ce qu’ils disent ”(6).
Vous me demandez si l’officiant, quand il n’est pas marié, doit porter un Talith(7). Vous savez sans doute que, pour les prières de Min’ha et de Maariv, on ne le met pas du tout, selon la coutume Loubavitch, qui est rapportée par le Hayom Yom. Pour la première du matin, on ne le fait pas non plus, ici, à la Yechiva. Il me semble qu’on ne le faisait pas non plus à Rostow et à Otvotsk(8).
Or, si la coutume veut qu’on ne mette pas de Talith, pourquoi le faire et se trouver dans le doute, à propos de la bénédiction qu’il faudrait réciter? Si, dans la coutume de Jérusalem, une telle pratique suscite l’étonnement, il n’est pas judicieux de provoquer des dissensions en faisant porter un Talith à l’officiant pour la prière du matin. En revanche, s’il y a unanimité à ce sujet, il est bon de maintenir cette coutume. Vous consulterez, à ce sujet, le traité Soukka 32b.
Vous m’interrogez sur le commentaire que donne le Or Ha ‘Haïm du verset Vayéchev 37, 21. Il dit que celui qui a le libre arbitre peut également tuer quelqu’un que le ciel n’a pas condamné à mort, ce qui est le contraire de l’affirmation de l’Admour Hazaken, dans Iguéret Hakodech, au début du chapitre 25. Vous opposez ici deux avis divergents. Néanmoins, cette question est justifiée si l’on considère le Zohar, tome 1, page 185a et le verset Chmouel 2, 24, 14.
La réponse à votre question est la suivante. Ceci peut être comparé au cas, présenté dans le traité Chabbat 32a, de celui qui se trouve dans un endroit de danger et dont le sort dépend, néanmoins, de la décision de D.ieu. Mais, le danger est plus grand s’il émane de quelqu’un qui a le libre arbitre. A propos des animaux, il est dit: “ Votre crainte...(9) ”, comme le rappellent le Tanya, au chapitre 24 et le Or Ha ‘Haïm, à la même référence.
S’il s’agit d’animaux, un petit mérite est donc suffisant. Il en est autrement pour les hommes, en particulier pour les enfants d’Israël, qui possèdent réellement le libre arbitre, comme le soulignent les commentateurs du Zohar. On pourrait, bien que difficilement, retrouver cette explication dans les termes du Or Ha ‘Haïm et dans le commentaire de Rabbénou ‘Hananel sur le traité ‘Haguiga 5a.
On peut s’interroger également sur l’affirmation de nos Sages, au traité Ara’hin 15b, selon laquelle “ elle tue trois personnes ”(10). Vous consulterez, à ce sujet, le Hayom Yom, à la date du 13 ‘Hechvan.
Notes
(1) Le Rav H. M. Weber. Voir, à son sujet, la lettre n°231.
(2) Voir la lettre n°2795.
(3) Voir la fin de la lettre n°2818.
(4) Voir, à ce sujet, la lettre n°923 et le Likouteï Si’hot, tome 16, page 491.
(5) Il aura une âme plus élevée.
(6) Le Rabbi note, en bas de page: “ Ajout ultérieur: Vous consulterez le Yoré Déa, à la fin du chapitre 242 et le Toureï Zahav, au nom du Beth Yossef ”.
(7) Voir, à ce sujet, la lettre n°1303 et le Likouteï Si’hot, tome 9, page 276.
(8) Respectivement en Russie et en Pologne, où la Yechiva Loubavitch était auparavant installée.
(9) “ D.ieu inspirera votre crainte à tous les animaux du champ ”.
(10) La médisance qui tue celui qui la dit, celui qui l’écoute et celui dont il est question.