Lettre n° 2933

Par la grâce de D.ieu,
16 Elloul 5714,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du vendredi de la Parchat Choftim, dans laquelle vous me faites part des difficultés que vous rencontrez, dans la Yechiva Loubavitch de votre ville. Plus précisément, vous n’êtes pas habitué à son emploi du temps et les études sont nouvelles pour vous.

Comme vous le savez sûrement, nos Sages disent, au traité Sotta 52a, que le mauvais penchant de chacun est perpétuellement en lutte et notre sainte Torah porte témoignage que, sans l’aide du Saint béni soit-Il, nul ne pourrait lui résister.

Il en résulte que, lorsqu’un jeune homme désire s’emplir de crainte de D.ieu et étudier la Torah, son mauvais penchant observera qu’il pourra ainsi connaître l’élévation, dans chacun de ses deux domaines. Il multipliera donc les stratagèmes pour le détourner de cette nouvelle voie.

Le mauvais penchant est appelé “ roi vieux et fou ” car il incite à faire ce qui heurte la sagesse véritable. En revanche, lorsqu’il tente de convaincre, il sait se montrer particulièrement rusé et il en est ainsi depuis l’origine, ainsi qu’il est dit: “ Et, le serpent est rusé ”. En conséquence, il est dit que le mauvais penchant est expert dans son art. La Torah porte témoignage qu’il assume son rôle de manière particulièrement habile.

S’il aborde ce jeune homme en ces termes: “ Sache que si tu t’engages sur cette voie, il est pratiquement acquis que tu auras la crainte de D.ieu, que tu connaîtras la réussite dans l’étude de la Torah ”, il est clair que le mauvais penchant ne le découragera pas, bien plus qu’il lui fera redoubler d’ardeur, dans ce domaine. Il n’a donc pas le choix. Il doit simuler la crainte de D.ieu, prendre l’apparence d’un érudit de la Torah et présenter au jeune homme une argumentation diamétralement opposée. Il lui affirmera que, s’il s’engage sur cette voie, il n’atteindra pas l’objectif que sa crainte de D.ieu lui fait rechercher. En effet, la perfection n’est pas de ce monde et seul D.ieu est parfait. On peut donc observer l’imperfection en toute chose.

Comment déterminer l’origine de ces arguments et de ces interrogations? Un récit de mon beau-père, le Rabbi, permet de le faire. Il concerne Rabbi Na’houm de Tchernobyl et il est mentionné dans la causerie de Pessa’h 5703. Il délivre, brièvement, l’enseignement suivant. S’il s’agit de faire passer sa compréhension avant son action, une telle démarche va à l’encontre de celle qui permit de recevoir la Torah. Si ces arguments remettent en cause l’action concrète, étude de la Torah, pratique de la Mitsva ou prière fervente, ils proviennent, à n’en pas douter, du côté du mal.

Une réflexion, même sommaire, permet de prendre conscience qu’il existe différentes coutumes, que chaque Yechiva a son propre mode de fonctionnement. Chez l’homme, l’habitude devient une seconde nature. Il est donc normal que l’endroit où vous étiez auparavant ne soit pas identique à la Yechiva Loubavitch, dans laquelle vous êtes actuellement. Dans un premier temps, ce changement vous pose problème, car il contredit votre seconde nature.

Si vous en êtes à formuler des questions et des objections, vous devez voir en cela une manifestation des forces du mal. Vous devez donc vous ressaisir agir à l’encontre de leur volonté, de leurs avances. Non seulement vous ne devez pas affaiblir votre étude de la Torah et votre prière, mais, bien plus, il vous faut oublier tout cela, redoubler d’ardeur dans l’étude de la Torah et la pratique des Mitsvot. Et, rien ne résiste à la volonté.

Que D.ieu vous accorde la réussite.

Avec ma bénédiction afin que vous soyez inscrit et scellé pour une bonne année,