Lettre n° 3041

Par la grâce de D.ieu,
21 Mar’hechvan 5715,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 14 Mar’hechvan et à celle qui la précédait, dans laquelle vous me décrivez la situation des activités communautaires de ‘Habad, en différents domaines, citant chaque parole au nom de celui qui l’a dite.

Le Rav Chmouel Halevi Levitin a coutume de dire que l’on peut, certes, avoir une bonne excuse, mais, pour autant, ce qui aurait dû être accompli fait défaut et c’est effectivement le cas, en l’occurrence, car, comme je l’ai écrit à plusieurs reprises, peu m’importe de savoir qui est coupable et qui a raison. Nos saints maître soulignent que “ nous sommes des travailleurs du jour ”(1), que notre rôle est d’illuminer. Un travailleur doit s’assurer que la tâche qui lui est confiée est effectivement accomplie.

Ainsi, même si toutes les justifications que vous donniez dans votre première lettre étaient exactes, il n’en reste pas moins que vous n’utilisez pas pleinement toutes les opportunités qui se présentent en Terre Sainte. Mais, bien plus, en l’occurrence, on peut, en outre, réfuter vos arguments.

Point essentiel, chacun d’entre vous observe ce qui doit être fait comme s’il se trouvait à l’extérieur. En conséquence, si l’on fait appel à vous et si l’on s’en tient à vos instructions, vous apportez votre participation. Si ce n’est pas le cas, en revanche, vous considérez que cela ne vous regarde plus et dès lors, “ j’ai sauvé mon âme ”(2).

Vous connaissez la différence entre un employé ou un salarié, qui s’acquitte fidèlement de sa tâche et l’optique de son patron. Les deux premiers font leur travail, investissant en lui toutes leurs forces révélées, puis ils vont dormir paisiblement, conscients de s’être acquittés de leur mission. Le patron, en revanche, ne peut pas connaître le calme, même s’il a fait tout ce qu’il pouvait. Il révèle donc en lui des forces cachées, invente de nombreuses idées.

Je me dois de dire la vérité. Dans ce qui est accompli, pour l’heure, je n’ai pas l’impression que l’on se comporte comme un salarié s’acquittant fidèlement de sa tâche et investissant toutes ses forces dans son travail. Et, vous voudrez bien m’excuser d’exprimer mon avis d’une manière aussi crue.

Vous me parlez d’une personne qui se consacre pleinement à son travail et j’en suis content, mais je constate, dans votre lettre, que tous sont satisfaits de son dévouement et qu’on lui laisse toute la récompense, car personne ne lui vient en aide. Je ne cesse de répéter que l’on gaspille, chaque jour, des possibilités d’agir pour le compte de l’Admour Hazaken, de l’Admour Haémtsahi, du Tséma’h Tsédek et de tous les maîtres qui leur succédèrent. Il y a là une perte irrémédiable.

Vous ne dites rien de votre état de santé et de celui de votre épouse. A n’en pas douter, tout va donc bien, de ce point de vue. Que D.ieu fasse régner la paix parmi les ‘Hassidim et que ceci soit le réceptacle non seulement pour recevoir la bénédiction du D.ieu du ciel, mais aussi pour l’attirer vers chacun, afin de satisfaire tous ses besoins.

Avec ma bénédiction,

M. Schneerson,

Notes

(1) Voir, à ce sujet, les lettres n°2270, 3077, 3102, 3267 et 3272.
(2) Je ne me préoccupe plus que de ma propre personne.