Par la grâce de D.ieu,
28 Mar’hechvan 5715,
Brooklyn,
Au ‘Hassid honorable et distingué qui se consacre aux
besoins communautaires, a des comportements généreux,
est issu d’une illustre famille, le Rav C. Z.(1),
Je vous salue largement et vous bénis,
Concernant le développement de l’implantation des ‘Hassidim en Terre Sainte, je vous disais, dans ma précédente lettre, qu’il serait bon, pour diverses raisons, que celle-ci se fasse à proximité de Kfar ‘Habad, qui existe déjà, mais non au sein de ce village. Néanmoins, il me semble avoir noté, dans mon précédent courrier, que, s’il s’avérait réellement impossible qu’il en soit ainsi, on pouvait accepter une seconde implantation, éloignée du Kfar.
Par ailleurs, il faudrait s’efforcer, dans toute la mesure du possible, que les mille quatre cents dounams(2) se trouvant près de Kfar ‘Habad lui soient attribués. En effet, j’ai bon espoir que d’autres personnes s’installeront dans ce village, si les conditions sont favorables. Mais, je suis sûr que vous n’avez nul besoin de mon encouragement, en la matière, car vous avez vous-même conçu le projet de ce Kfar et vous prenez une part active à son développement, depuis sa création. Or, il est dit: “ Dois-tu me donner un ordre concernant mon fils, celui que j’ai fait de mes mains? ”.
Vous évoquez également l’écriture de nos saints maîtres. Le manuscrit du Torat Chmouel est effectivement l’écriture caractéristique du Rabbi Maharach. Je ne dispose pas du livre de Warfel sur la ‘Hassidout et je ne sais donc pas quel manuscrit y est imprimé, mais je crains qu’il n’ait trouvé celui de l’Admour Haémtsahi, reproduit dans le Hatamim, qui a édité sa proposition de fonder des colonies(3). A mon sens, il ne s’agit pas de l’écriture caractéristique de l’Admour Haémtsahi. Je vous joins la reproduction de l’une de ses lettres.
J’ai vu, dans plusieurs livres et endroits, des reproductions de l’écriture de l’Admour Hazaken. Celles-ci sont pratiquement toutes identiques. On peut donc se servir de l’exemple qui figure dans le livre précédemment cité et qui est, à coup sûr, la reproduction de la lettre que l’Admour Hazaken écrivit à Rav Moché Maizlich. Mon beau-père, le Rabbi, en fit cadeau aux ‘Hassidim à l’occasion de mon mariage.
L’écriture du Tséma’h Tsédek et du Rabbi(4), père de mon beau-père, le Rabbi, se trouve dans les responsa, tome 1 et dans le Kountrass Ets ‘Haïm, que j’ai demandé aux ‘Hassidim de mettre à votre disposition.
Conformément à votre pratique positive, vous vous efforcerez de faire un cadeau au Kfar, pour la fête de la libération du 19 Kislev. A l’époque, vous l’aviez raccordé au réseau électrique. J’espère que, cette année encore, vous créerez la surprise par un cadeau similaire, d’autant que, m’a-t-on dit, vous avez longuement visité le Kfar et l’on vous a présenté un mémorandum de plusieurs paragraphes. J’en ai consulté une copie qui m’a été adressée.
Je ne sais pas si telle était votre intention, en m’offrant le recueil de bénédictions et de prières intitulé “ Cent bénédictions ”, mais il y a assurément là une intervention de la divine Providence. Il ressemble, en effet, à un Sidour imprimé pour les Anoussim(5) ou même par eux, après qu’ils soient parvenus en un endroit sûr, où ils pouvaient adopter, au quotidien et de manière affirmée, le comportement qu’ils souhaitaient réellement. Certaines prières y sont ajoutées que l’on ne peut trouver, vraisemblablement, que dans de tels recueils.
De temps à autre, j’observe ce fascicule et il me revient à l’esprit qu’il m’a été offert par un homme dont l’activité s’inscrit essentiellement dans le domaine pédagogique. Et, je me dis alors qu’au fond, chacun, dans une certaine mesure et même pour une large part, est un Anous, fait plusieurs actions sous la contrainte, directe ou indirecte, de son entourage ou, tout au moins, selon l’expression du grand maître, le Rambam, dans ses lois du divorce, à la fin du chapitre 2, est “ victime de son mauvais penchant, alors qu’il souhaite sincèrement être un Israël, mettre en pratique toutes les Mitsvot, s’écarter de toutes les transgressions ”.
Or, le rôle d’un éducateur consiste à libérer son élève de toute contrainte extérieure et, a fortiori, intérieure, à supprimer la différence qui peut se faire jour entre ce qu’il est profondément et la manière dont il s’exprime. C’est uniquement de cette façon que cet enfant, qu’il le soit par le nombre de ses années ou par le niveau de ses connaissances, grandira, aura une vie heureuse, sans déchirures, sans lutte permanente entre ses deux penchants ou, selon la terminologie de la ‘Hassidout, entre son âme divine et son âme animale.
Le Saint béni soit-Il agit “ mesure pour mesure ”(6) et, en adoptant une telle attitude, l’éducateur peut lui-même sortir vainqueur de la lutte qui est menée au sein de sa propre personne.
Je vous joins un index sur le Torah Or de l’Admour Hazaken, qui vient tout juste d’être relié.
Les copies(7) et l’index vous ont été adressés par envoi séparé.
Avec mes respects, ma considération, ma bénédiction et dans l’attente de vos bonnes nouvelles,
Notes
(1) Chnéor Zalman Chazar. Voir, à son sujet, les lettres n°2651 et 3161.
(2) De terrains.
(3) D’implantations juives en Russie.
(4) Rachab.
(5) Les victimes de l’inquisition, en Espagne, qui pratiquaient le Judaïsme en cachette.
(6) Il agit envers l’homme de la manière dont l’homme agit envers Lui.
(7) Des manuscrits.