Lettre n° 3067

Par la grâce de D.ieu,
29 Mar’hechvan 5715,
Brooklyn,

Je vous bénis et vous salue(1),

Je fais réponse à votre lettre, adressée par porteur, dans laquelle vous me dites résider dans cette ville depuis quelques années déjà. Or, vous n’apercevez pas d’issue positive, comme il le faudrait, car les jeunes s’identifient très peu au milieu orthodoxe et même les plus âgés s’affaiblissent, dans leur engagement juif.

De fait, vous auriez dû poser une telle question à ceux qui se trouvent dans votre ville et non à New York. Il est dit, en effet, qu’un effort n’est jamais vain. Dès lors, comment est-il possible, après avoir travaillé dans une ville pendant cinq ans, que la situation y soit ce que vous décrivez dans votre lettre?

Il me semble que l’un des éléments explicatifs est le suivant. Vous considérez cette ville comme un lieu de travail(2) temporaire et vous attendez toujours l’été pour penser à partir et vous mettre à la recherche d’une autre ville. La nature humaine fait que l’on n’investit pas son intérêt et ses forces profondes en ce que l’on conserve uniquement pendant quelques mois. On se dit, en effet, que l’on s’en va bientôt.

Vous connaissez le dicton de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, selon lequel on doit tirer un enseignement en considérant le Sanctuaire(3). Dans certaines étapes du désert, on ne séjournait qu’un seul jour ou une seule nuit. Malgré cela, on construisait le Sanctuaire, avec tout ce qui le constituait, au même titre qu’en l’endroit où l’on demeurait pendant dix huit ans.

Il y a là une leçon pour chacun. On doit servir D.ieu et mener à bien la mission que l’on a reçue ici-bas, sans consulter le calendrier et la montre, sans se dire que dix huit ans doivent être pris en compte, alors qu’un jour ou une nuit sont négligeables. En effet, D.ieu est éternel et les actions réalisées par l’homme pour s’attacher à Lui le sont également. Même si, dans quelques minutes, on adoptera une autre activité, ce que l’on a accompli jusqu’à maintenant n’en est pas moins immuable, comme l’explique le chapitre 25 du Tanya.

Concrètement, il me semble que votre mari, le Rav, a, l’an dernier comme les années précédentes, recherché d’autres postes, avec la plus grande énergie. Il n’a rien trouvé qui lui convienne et vous devez y voir la preuve, l’un et l’autre, que votre place se trouve encore dans cette ville. Car, lorsque le Créateur, le Saint béni soit-Il, confie une mission, Il accorde également les moyens de la mener à bien.

Certes, on ne peut rien affirmer. Néanmoins, il y a tout lieu de penser que, plus vous vous acquitterez rapidement de la mission qui vous est confiée en cet endroit, plus vous irez, au plus vite, dans un lieu qui réunira plus de qualités. Car, la mission d’un Juif, et surtout d’un Rav et d’une Rabbanit, consiste à diffuser la Torah et le Judaïsme.

Que D.ieu vous accorde la réussite, afin d’accomplir tout cela dans la joie, conformément à l’enseignement du Baal Chem Tov, qui s’applique à tous les Juifs, dans tous les domaines, “ servez D.ieu dans la joie ”.

Avec ma bénédiction,

Notes

(1) Cette lettre est adressée à une femme.
(2) En anglais, dans le texte: “ job ”.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°3314.