Par la grâce de D.ieu,
Veille de Chavouot 5709,
Au distingué ‘Hassid, le Rav I.(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre et je vous adresse le fascicule édité à l’occasion de la fête de Chavouot, qui vient d’être relié. Vous le mettrez, à tout moment, à la disposition du plus grand nombre. Il y est, en effet, expliqué que la Torah ne subit pas la limite du temps.
Je conclurai en évoquant un point de la Torah qui est d’actualité.
Nos Sages enseignent, au traité Baba Batra 147a, que "A’hitofel exprima ses trois dernières volontés à ses enfants: Ne vous disputez pas, ne vous révoltez pas contre la royauté de David et, lorsque le jour de Chavouot est clair, plantez du blé(2)".
On peut, à ce sujet, poser quelques questions. En particulier, n’est-il pas inutile de leur demander de ne pas se révolter contre la royauté de David, puisqu’il est déjà dit qu’ils ne doivent pas se disputer?
Le testament d’un homme, en particulier d’un grand homme, dont les propos sont comparés par le verset aux paroles de D.ieu, délivre, à n’en pas douter, des enseignements essentiels et de portée général, dans lesquels se reflètent ses idées. Or, quel est le point commun entre ces trois enseignements? Et que signifie le jour de Chavouot qui est clair?
Très brièvement, on peut donner, à ce propos, l’explication suivante. Les plus hautes qualités morales auxquelles l’homme peut aspirer sont au nombre de trois et sont définies par la Michna: "Il est trois couronnes, celle de la Torah, celle de la prêtrise et celle de la royauté".
Il semble que le moyen de les obtenir est double, soit que la crainte de la faute et la soumission l’emportent sur l’intelligence et la raison, soit l’inverse. A’hitofel, tout au long de sa vie, opta pour la seconde hypothèse, selon les Tossafot, au traité ‘Haguiga 15b. Le Rachbam, au traité Baba Batra, à la référence précédemment citée, souligne que ce choix ne lui réussit pas. C’est pour cela qu’il mit en garde ses enfants, à ce propos. Et cet enseignement est transmis par le Talmud, car il constitue un enseignement éternel, pour chaque époque, pour chaque lieu et pour chacun.
A) "Ne vous disputez pas". La Michna précise qu’à l’origine de chaque controverse étrangère au service de D.ieu, figure celle de Kora’h et de ceux qui le suivirent, qui contestèrent la couronne de la prêtrise. Or, le raisonnement de Kora’h était parfaitement logique, comme le soulignent nos Sages.
B) "Ne vous révoltez pas contre la royauté de David", qui dressa le joug de la Torah et celui de la Techouva. David évoque la couronne de la royauté. D’après la logique, si Chaoul perdit la royauté parce qu’il commit une faute, combien plus devait-il en être de même pour David, qui en commit deux.
C) Le blé est l’aliment de l’homme, doué de sagesse et de discernement. Et l’arbre de la connaissance du bien et du mal était un épi de blé. L’enfant ne peut appeler son père avant de l’avoir goûté, comme le souligne le traité Bera’hot 40a. L’arbre de la connaissance du bien et du mal évoque l’intelligence et la compréhension.
A’hitofel dit à ses enfants que, pour connaître la réussite dans la culture du blé, pour que celui-ci soit bon, tout dépendait de la fête de Chavouot. Et, de fait, qu’apporta ce jour, puisque, auparavant déjà, on étudiait la Torah? Nos Sages racontent, au traité Yoma 28b, que "nos ancêtres ne cessèrent jamais d’étudier la Torah" et ils parlent de la Yechiva de Chem et d’Ever.
En fait, lors du don de la Torah, le fait nouveau qui se révéla fut le suivant. Tous les enfants d’Israël dirent alors: "Nous ferons et (ensuite) nous comprendrons". Dès lors, leur soumission fut parfaite, comme l’explique ce fascicule. Et D.ieu commença Ses propos(3) par le mot Ano’hi, Je, constitué des initiales d’une phrase signifiant "Moi, Mon esprit, Je l’ai transcris et transmis", selon le traité Chabbat 105a. L’Essence de D.ieu s’exprima dans la sagesse de la Torah. C’est la couronne de la Torah.
Tel est le point commun entre les trois enseignements délivrés par A’hitofel, basés sur les trois formes de plénitude, celle de la Torah, celle de la prêtrise et celle de la royauté. Tous trois expriment la soumission qui transcende toute compréhension.
Ceci évoque également la Michna du traité Avot 4, 13, qui définit ces trois couronnes et conclut: "La couronne du bon renom les surpasse", condition essentielle pour disposer des trois couronnes précédemment définies. Nous ne développerons pas plus ce sujet.
Avec ma bénédiction pour recevoir la Torah joyeusement et profondément,
Rav Mena’hem Schneerson,
Notes
(1) Cette lettre fut envoyée à plusieurs personnes. Voir la note (1) de la lettre n°481.
(2) Voir, à ce propos, la lettre n°479.
(3) Les dix Commandements.