Par la grâce de D.ieu,
16 Tévet 5717,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Alexander Sender(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre de la septième lumière(2) et j’y ai lu, avec plaisir, que les cours ont recommencé. Sans doute ne vous contenterez-vous pas de cela. Vous les multiplierez, conformément à l’enseignement des jours de ‘Hanouka, au cours desquels on ajoute, chaque jour, une bougie, une lumière issue d’une huile pure, “ à partir du coucher du soleil ”, “ à la porte de sa maison, vers l’extérieur ”.
Vous évoquez la correction du Séfer Torah, afin qu’il soit conforme à l’avis de l’Admour Hazaken(3). Cela est judicieux. Bien entendu, il faut éviter d’en faire état publiquement, afin d’éviter la controverse. C’est une évidence, d’autant que cette diffusion pourrait susciter un esprit de révolte et de vengeance, auquel cas on ferait le contraire(4).
Il est particulièrement douloureux de constater l’inactivité des ‘Hassidim, malgré les opportunités de plus en plus larges qui se présentent, comme je l’ai écrit à plusieurs d’entre eux. Que sera l’issue ?
S’il est impossible qu’il en soit autrement, que D.ieu fasse un miracle, qu’Il prenne une initiative afin de permettre que l’action commence, mais que cela soit dans la bonté et la miséricorde. Certes, on ne peut pas tirer profit d’un miracle(5) et l’on ne demande pas un miracle. Toutefois, il en est ainsi quand celui-ci est ardemment souhaité en tant que récompense. En l’occurrence, par contre, la finalité véritable est la diffusion des sources(6) à l’extérieur et la manière dont ceux qui les reçoivent en ont connaissance importe eux.
Bien plus, en pareil cas, celui qui les diffuse s’est effectivement acquitté de sa mission(7). Ainsi, la Hala’ha précise que l’homme qui perdrait une pièce, laquelle serait ensuite trouvée par un pauvre, aurait effectivement accompli la Mitsva de la Tsédaka.
Pour autant, il y a bien là une honte et une humiliation ! Il faut avoir recours à cela pour suggérer aux ‘Hassidim ce que la logique élémentaire considère comme une évidence ! En fait, ils adoptent un point de vue trop matériel, ils s’introduisent dans la grossièreté, au point que la logique élémentaire elle-même ne fonctionne plus !
Puisse D.ieu faire que chacun d’entre nous ait le mérite d’annoncer uniquement de bonnes nouvelles et il n’est de bien que la Torah intègre, que l’on révélera en un bien tangible, ici-bas, dans l’existence quotidienne.
Avec ma bénédiction,
M. Schneerson,
Vous évoquez la coutume, qui s’est répandue en Terre Sainte, de mettre de côté, pendant des semaines et des mois, un Séfer Torah devant être corrigé(8). Ceci va à l’encontre de la Hala’ha, énoncée dans le Choul’han Arou’h, Yoré Déa, au chapitre 279. Je ne possède pas le Daat Cohen, que vous mentionnez.
Une discussion tendant à justifier cette pratique se trouve dans les responsa Noda Bihouda, première édition, Ora’h ‘Haïm, chapitre 9, le Binyan Tsion Kama, paragraphe 97, le Min’hat Eléazar, tome 3, chapitre 52, le Zé’her Yehossef, chapitre 37. Mais, l’on peut encore s’interroger sur tous ces développements, dès lors que le Choul’han Arou’h interdit clairement cette pratique.
Quelques uns de ces livres tirent une preuve de cette permission du Séfer ‘Hassidim, chapitre 934, qui parle de “ livres déchirés et effacés ”. Néanmoins, en pareil cas, il n’y a pas de risque qu’ils soient utilisés pour la lecture. Il n’en est pas de même pour ce qui fait l’objet de notre propos.
Notes
(1) Le Rav A. S. Youdassin, de Tel Aviv. Voir, à son sujet, la lettre n°4802.
(2) De ‘Hanouka.
(3) Voir, à ce propos, la lettre n°4926.
(4) On ne ferait pas cette correction.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le commentaire de Rachi sur le traité Taanit 24a et le Ahavat Etan, à la page 24b ”.
(6) De la ‘Hassidout.
(7) Bien qu’il y ait eu un miracle.
(8) Alors qu’il devrait l’être immédiatement. Voir, à ce sujet, la lettre n°4802.