Lettre n° 508

Par la grâce de D.ieu,
25 Tamouz 5709,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 14 Tamouz:

A) Nous vous avons adressé quelques unes de nos publications par l’intermédiaire du Rav Avraham Pariz. Celui-ci dispose sans doute encore de quelques exemplaires des résumés et notes sur le Tanya, que vous me demandez. Si ce n’est pas le cas, faites-le moi savoir et nous vous en enverrons un d’ici. De même, il a sûrement un catalogue de ce que nous avons fait paraître et de ce qu’il vend lui-même.

B) Concernant la séquence de discours ‘hassidiques de 5672(1), j’ai moi-même écrit à quelques ‘Hassidim, en ai contacté d’autres. J’ai l’autorisation de la faire éditer, mais je dois, au préalable, disposer des moyens financiers nécessaires, tout au moins d’une partie de la somme requise, car il est clair que l’on ne vendra pas un très grand nombre de ces livres. Or, à ma connaissance, nul n’a rien fait, dans ce domaine, depuis que j’ai commencé à en parler, il y a quatre ou cinq ans.

C) J’ai adressé la lettre(2) relative à l’album photographique au Rav H. H(3). S’il n’était pas vrai qu’il s’agit d’une instruction du Rabbi, comme cette lettre le dit, je ne la lui aurais pas envoyée. Si vous connaissiez le Rav Hadakov, vous sauriez qu’il est incapable de mentir ou d’exagérer.

D) Quant à cet album, je suis étonné qu’il suscite, de votre part, une telle réaction. Cette lettre est adressée aux disciples, attachés au Rabbi, c'est-à-dire à ceux qui, de temps à autre, sollicitent son conseil et sa bénédiction, pour eux-mêmes, leur épouse et leurs enfants, lui soumettent parfois le détail de ce qui les concerne. Une telle manière d’agir est connue de tous. Bien plus, il est généralement accepté que celui qui ne l’adopte pas n’est pas pleinement lié au Rabbi.

E) Vous vous demandez pourquoi la photographie fait-elle ainsi son apparition dans le domaine de Loubavitch. Je vous répondrais en rappelant ce que l’on m’a raconté. Auparavant, un Cho’het fut démis de ses fonctions, à juste titre, parce qu’il portait des bottes(4). A l’heure actuelle(5), les ‘Hassidim âgés portent des bottes, à juste titre également.

F) Vous vous demandez ce qu’en penseront les ‘Hassidim des écoles polonaises. Vous conviendrez bien sûr que ceux, issues des écoles polonaises ou hongroises, qui contestent, à voix haute, une telle pratique, critiquent de toute façon. Et, plus encore, leurs contestations ne portent pas seulement sur un seul point. Il s’agit là d’une compétition normale entre les disciples des Sages, qui se passe de tout commentaire logique.

Je ne veux pas considérer ici le fait de photographier des personnes sous l’angle de la Hala’ha ou même en dépassant la ligne de la Loi. Je voudrais simplement dire que, parmi toutes mes connaissances, il n’y a pas une seule personne qui n’ait pas sa propre photographie ou celle des membres de sa famille, faite de son plein gré et non pas pour des contraintes administratives. Bien plus, on tire généralement, de ces photographies, beaucoup de plaisir.

G) Il est une autre question que je pourrais poser à votre place. Cet album photographique est-il si important qu’il justifie toutes ces discussions?

En fait, il me semble inutile de poser ce problème. Des personnes comme nous peuvent vérifier qu’en les adressant, on renforce l’amitié et l’attachement avec celui qui conserve ces photographies. En outre, celui qui les envoie se rapproche également, lorsqu’il a conscience qu’un de ses amis possède sa photographie. Et combien plus est-ce le cas, en l’occurrence.

Et l’on a pu constater ici l’émotion qu’a suscitée, chez des personnes liées au Rabbi mais pourtant différentes, le fait que les Rabbi de Loubavitch souhaitent posséder des photographies de leur famille, afin de garder leur souvenir à l’esprit. Tel est, en tout cas, mon sentiment, car je ne lui ai pas demandé pourquoi il voulait que ces photographies lui soient envoyées.

H) On pourrait imaginer, comme vous le dites, qu’un des ‘Hassidim, possédant une élévation particulière, soit choqué par cette demande. Vous savez, néanmoins, que l’on peut définir deux conceptions:
1. L’introduction du Guide des égarés dit: "Si un élément convient à un homme possédant l’élévation et ne convient pas à dix mille sots, je ne prendrai pas en compte la gène de ce grand peuple et je chercherai à sauver ce grand homme".
2. Mais, par ailleurs, un homme possédant une immense érudition et servant D.ieu avec ferveur peut aussi devenir cocher pendant plusieurs années, uniquement pour rendre un service à une autre personne, comme l’explique l’introduction du Pokéa’h Ivrim, qui a été imprimé ici.

Combien plus en est-il ainsi pour ce qui a éveillé et éveille encore de l’émotion chez de très nombreuses personnes, comme je le disais au paragraphe précédent. Bien plus, il est dit, concernant la première conception qui vient d’être définie, qu’on l’adopte uniquement lorsqu’il n’est pas possible de faire autrement.

I) J’ai développé mon explication, concernant votre question. Vous me demandez de vous répondre au plus vite et j’ajouterai, néanmoins, quelques lignes. Mon D.ieu, Rav ..., cessez donc vos critiques, surtout lorsqu’elles sont négatives! Même si toutes vos remarques et vos demandes étaient justifiées, elles n’en resteraient pas moins négatives! Pourquoi n’investissez vous pas vos forces dans l’action positive, dans la construction des intérêts de Loubavitch dans votre entourage, dans votre synagogue, dans votre ville? Nos Sages n’ont-ils pas affirmé la supériorité d’une Injonction sur un Interdit, avec toutes les explications que l’on peut donner, à ce propos?

Je suppose que vous n’êtes pas satisfait, que vous avez des reproches à formuler, mais il s’agit, là encore, d’une approche négative. Certes, la Torah dispense d’agir, en cas de force majeure, mais l’on ne peut alors être considéré comme si l’on avait effectivement agi. Et, même si l’on pouvait l’être, ce serait uniquement à titre personnel. A l’opposé, la personne qui aurait dû obtenir quelque chose n’aura rien eu.

J) Malgré ce que je viens d’écrire, je voudrais vous dire que, maintenant comme lorsque nous nous sommes rencontrés, je n’éprouve pas de plaisir particulier à me consacrer aux besoins communautaires. Je ne peux donc pas provoquer le plaisir d’une autre personne, pour cette activité.

A l’opposé, le contraire est vrai pour vous. Pourquoi donc vous contentez-vous de garder la vigne des autres? Ne voulez-vous pas reconnaître que notre vigne n’a rien à envier à celle des autres, bien au contraire? N’avons-nous pas reçu l’assurance que nous obtiendrions la victoire finale, que les sources de la ‘Hassidout se répandraient à l’extérieur? Or, tout cela sera réalisé précisément par les hommes, justement en nos générations de l’époque du Machia’h.

Je vous souhaite tout le bien et salue les membres de votre famille,

M. Schneerson,

Vous trouverez ci-joint une nouvelle lettre de Ma’hané Israël, faisant suite à la précédente.

Notes

(1) 1912, du Rabbi Rachab. Voir, à ce propos, les lettres n°218 et 235.
(2) Du Ma’hané Israël, signée par le Rav Hadakov. Voir la lettre n°499.
(3) Le Rav ‘Hano’h Hendel Havlin, de Jérusalem. Il s’agit de la lettre n°498.
(4) A une époque où un tel usage n’existait pas chez les Juifs.
(5) Quand cet usage est devenu courant. Voir, à ce propos, la lettre n°467.