Lettre n° 536

Par la grâce de D.ieu,
26 Tichri 5710,

Au jeune élève de la Yechiva, ‘Hassid qui craint D.ieu,
Chmouel Plotkin,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre question. Votre père(1) a quitté ce monde le 8 ‘Hechvan. Son cercueil a été placé sur le bateau le 14 Mar’Hechvan et il a été enterré le 7 Kislev. Vous vous demandez de quelle manière le Kaddish doit être récité. Votre lettre semble indiquer qu’il n’a pas été enterré entre le 8 et le 14 Mar’Hechvan.

Je n’ai pas entendu quelle pratique doit être adoptée, en pareil cas. S’il s’agit de consulter les décisions hala’hiques et les coutumes prônées par les autorités rabbiniques, il y a, dans votre ville, des Rabbanim âgés, parmi les ‘Hassidim, qui peuvent vous indiquer le comportement qu’il convient d’adopter.

Vous me dites avoir commencé à réciter le Kaddish le 14 Mar’Hechvan. C’est effectivement ce qu’il fallait faire, selon l’avis de plusieurs Sages des dernières générations, commentant le Choul’han Arou’h Yoré Déa, chapitre 377, paragraphe 4. Il me semble, néanmoins, que vous auriez dû le dire depuis le 8 Mar’Hechvan, comme le tranche l’Admour Hazaken, dans son Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haïm, chapitre 71, paragraphe 1.

Brièvement, voici ce qu’il m’apparaît, à mon humble avis. Il fallait commencer à réciter le Kaddish, le 8 Mar’Hechvan. Le deuil a commencé le 14 Mar’Hechvan, selon le Yoré Déa, chapitre 375, paragraphe 2. Il faut cesser de dire le Kaddish onze mois après l’enterrement qui est, en l’occurrence, très éloigné de la date de la mort, de sorte que quelques semaines manqueront à ces onze mois.

Il faut donc cumuler ici trois avis:

A) On ne peut réciter le Kaddish qu’après l’enterrement.

B) Certains ont coutume de dire le Kaddish pendant douze mois moins quelques jours, selon le Knesset Haguedola Yoré Déa, chapitre 403 et le Birkeï Yossef, chapitre 376, paragraphe 8c.

C) Il est louable de dire le Kaddish pendant douze mois, selon le ‘Hinou’h Beth Yehouda et le Elef Hamaguen. Ceci ne contredit pas la décision de l’Admour Hazaken, précédemment rappelée. En effet, le Kaddish présente différents aspects. Il constitue un mérite pour l’âme du défunt et il est donc dit avant même l’enterrement. Il est un moyen de respecter son père et peut donc être dit alors que l’on est dispensé de la pratique des Mitsvot(2). Il protège également de l’enfer, qui ne peut être infligé qu’après l’enterrement. C’est donc à partir de cette date que l’on compte les onze mois.

Il n’y a donc pas lieu de craindre que le fils laisse à penser que son père est un impie(3), car, même si l’on ne sait pas que l’enterrement a été retardé de quelques jours, on peut vérifier que celui-ci cesse de dire le Kaddish avant la fin des douze mois à partir du jour de la mort.

L’anniversaire du décès est fixé à la date de la mort, selon le Hayom Yom, à la page 19, bien qu’il soit, dans ce cas, très éloigné. Les Sages des dernières générations discutent, à ce propos, comme le montre le Yalkout Dat Vadin, à la page 107.

On retiendra encore l’avis du ‘Hatam Sofer, Ora’h ‘Haïm, chapitre 161, selon lequel il est préférable d’avancer la date du décès plutôt que de la retarder. Et, pour renforcer tout cela, vous pourrez, la première année, étudier la Michna, conduire la prière également à la date de l’enterrement.

Très bientôt et de nos jours, la faute de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, de laquelle la mort résulta, sera pleinement rachetée, comme l’explique la Paracha de cette semaine(4). Alors, "Il fera disparaître la mort" et nous connaîtrons la vie éternelle, "la vie de la vie", comme l’explique la séquence de discours ‘hassidiques de Roch Hachana 5710.

En vous souhaitant vie, bénédiction et paix,

Rav Mena’hem Schneerson,

Sur la différence entre le jour de la mort et celui de l’enterrement, vous consulterez le Ora’h ‘Haïm, chapitre 168 et le Yoré Déa, chapitre 402.

Notes

(1) Le Rav Avraham Elyahou Plotkin.
(2) C'est-à-dire avant l’enterrement.
(3) En récitant le Kaddish pour lui pendant douze mois, car l’impie est condamné à douze mois en enfer.
(4) Celle de Béréchit.