Lettre n° 546

Par la grâce de D.ieu,
24 Mar’Hechvan 5710,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
ancien qui réside dans la tente de l’étude, le Rav Y.(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre livre Mitsvot Hachem et le fascicule intitulé "Introduction aux lois de Nidda". Je vous en remercie. Quelques unes de nos publications vous ont été adressées par colis, un livre de discours ‘hassidiques de mon beau-père, le Rabbi Chlita, le Kountrass Limoud Ha’hassidout et les neuvième et dixième exemplaires du Kovets Loubavitch.

Comme dans ma précédente lettre(2), je formulerai ici quelques remarques:

A) Au début de votre introduction: Vous rappelez qu’il y a 613 Mitsvot et vous consulterez, à ce propos, l’introduction du Sefer Mitsvot de Rabbi Saadya Gaon, rédigée par le Rav Perla, qui rappelle les textes du Talmud, du Midrach et de la Pessikta faisant mention de ce chiffre et s’interroge sur l’affirmation du Rav I. Ben Bilam et du Tachbets, à la fin du Zohar Harakya, selon laquelle ce chiffre n’est pas précis ou, en tout état de cause, ne doit pas être considéré comme une Hala’ha.

On peut également mentionner des textes du Zohar et des Tikounim, citant le chiffre 613 ou bien les 248 Injonctions et les 365 Interdits. Ceux-ci sont innombrables et je n’en indiquerai que quelques uns, l’introduction du Raya Méhemna, dans le Zohar tome 3, page 92b, le Zohar tome 1, pages 24a, 170b, 253a et l’introduction du Tikouneï Zohar, à différentes reprises.

Dans l’édition du Zohar parue à Jérusalem, en 5700(3), figurent des notes du Nitsoutseï Zohar, au début du tome 1. L’éditeur y indique, en particulier, le compte des Mitsvot figurant dans le Raya Méhemna.

B) Au début de votre livre: Y a-t-il une Mitsva de connaître D.ieu ou d’avoir foi en Lui? Le Rambam, dans son Michné Torah, postérieur au Séfer Hamitsvot, parle de Le connaître. Vous consulterez le Séfer Hamitsvot édité à New York, il y a quelques années. Celui-ci explique que, dans le manuscrit en arabe, langue parlée par le Rambam, il est question de connaître et non de croire.

Vous verrez également le Kountrass Limoud Ha’hassidout, précédemment cité, à partir du chapitre 10.

C) A la même référence: Le Précepte "Je suis l’Eternel ton D.ieu"(4) doit-il être compté parmi les Mitsvot?

Vous consulterez la Mitsva de la foi en D.ieu, dans le Séfer Hamitsvot du Tséma’h Tsédek, sur cette question.

D) Au second paragraphe: Est-il interdit aux non-Juifs d’adjoindre d’autres forces à Celle de D.ieu? Vous verrez, à ce propos, la Mitsva de l’unité de D.ieu, exposée dans le Séfer Hamitsvot du Tséma’h Tsédek.

Voici, selon le Maguen Avraham, ceux qui considèrent qu’il n’y a, pour eux, aucune interdiction de le faire: Le Ramah, Ora’h ‘Haïm, fin du chapitre 156, les Tossafot sur les traités Be’horot 2b et Sanhédrin 63b, Rabbénou Nissim, à la fin du premier chapitre du traité Avoda Zara.

En revanche, selon les responsa Vechav Hacohen, chapitre 38 et Chaar Efraïm, chapitre 24, cette croyance leur est bien interdite. Pour l’heure, je ne possède pas tous ces livres.

E) Vous évoquez la résurrection des morts et le Kovets Loubavitch, précédemment cité, qui vous a été envoyé l’explique par le détail, en indiquant des références(5).

F) A la fin de votre livre: Vous évoquez l’Interdiction, faite par la Torah, de faire souffrir les animaux.

J’ai vu que l’on cite, à ce propos, l’avis du Rambam, qui peut être établi d’après le Guide des égarés, tome 3, chapitre 17. Celui-ci considère, en effet, qu’il s’agit d’une Interdiction de la Torah, basée sur le verset (Bamidbar 22, 32): "Pourquoi as-tu frappé ton ânesse?". Commentant ce verset, Rabbi Yo’hanan en dit de même, dans le Midrach Hagadol. Et vous verrez ce qu’expliquent, à ce propos, le Area de Rabanan et le Afra de Rabanan.

G) Au début de l’introduction aux lois de Nidda: Une note cite le Tikouneï Zohar, qui parle de soixante ordres de la Michna(6). Le Gaon de Vilna rectifie ce texte et parle ici de soixante traités. Et ces soixante ordres se répartissent en six cents et en six cent mille. Vous dites que ces six cents font allusion aux six cent ordres de la Michna qui existaient avant l’époque de Rabbi.

Vous avancez que "il y a peut-être là une allusion aux six cent mille lettres de la Torah", mais cette affirmation soulève deux interrogations:
1) En quoi y a-t-il là une répartition?
2) Quelle relation établir entre les traités du Talmud et les lettres de la Torah?

Voici donc, à mon humble avis, quelle est l’explication. Chaque stade lié à la sainteté peut se scinder en dix niveaux qui, à leur tour, se découpent en dix. C’est également le cas pour chaque détail de la Torah, comme l’explique le Likouteï Torah du Ari Zal, à la fin de la partie consacrée au Chabbat, selon lequel la source première est le Vav(7), qui porte en lui le Youd(8), se décomposant jusqu’à six cent mille.

C’est en ce sens que l’on peut parler de répartition. En effet, les soixante, portant en eux les dix, se décomposent bien en six cent mille, par tranches successives de dix. Ce chiffre de six cent mille est retenu, car Michna est l’anagramme de Nechama, l’âme, selon le Taameï Hamitsvot de Rabbi ‘Haïm Vital, à la Parchat Vaét’hanan et le Peri Ets ‘Haïm, à la porte du comportement pendant l’étude. Or, il y a six cent mille âmes et l’on doit donc retrouver ce chiffre également dans la Michna.

Certes, le Tikouneï Zohar cite aussi le chiffre six cent, mais il s’agit, pour ce qui le concerne, d’une étape intermédiaire vers les six cent mille.

Je conclus en vous adressant ma bénédiction et en vous souhaitant tout le bien,

M. Schneerson,

Notes

(1) Le Rav Yonathan Shteyf. Voir, à son propos, la lettre n°541.
(2) La lettre n°541.
(3) 1940.
(4) Le premier des dix Commandements.
(5) Il s’agit de la lettre n°200.
(6) Alors que nous en connaissons seulement six.
(7) Dont la valeur numérique est six.
(8) Dont la valeur numérique est dix, ce qui fait bien soixante.