Par la grâce de D.ieu,
19 Sivan 5717,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre de ce lundi, dans laquelle vous faites référence au rôle de la Yechiva Tom’heï Temimim. A quelqu’un comme vous, il est sûrement inutile de préciser que l’interdiction d’écouter l’argumentation d’une seule partie, n’est pas un décret irraisonné de la Torah, mais bien une attitude logique. Il est clair qu’en la matière, c’est bien la rationalité qui doit intervenir, d’autant qu’il y a ici deux idées essentielles, qui sont les suivantes :
A) Il y a des réunions de la direction de la Yechiva Tom’heï Temimim. Comme l’indique votre lettre, dans celles où l’on a débattu des points que vous évoquez, vous étiez présent et vous auriez donc pu formuler les remarques que vous me transmettez. Même si l’on peut imaginer que, sur le moment, vous n’avez pas pensé aux difficultés qui en découleraient, il n’en est pas moins logique de considérer que “ la bouche qui a interdit peut être celle qui permet ”. En effet, il reste toujours possible de revenir sur ces points, lors des réunions suivantes, d’en débattre en présence de tous les membres de la direction. Et, il est tout aussi logique de dire que “ le salut vient par les nombreux conseillers ”, surtout à propos de telles questions.
B) Le point suivant est essentiel, non seulement par rapport au contenu de votre lettre, mais aussi compte tenu de ce qu’écrivent les autres membres de la direction de Tom’heï Temimim. Il est bien évident que la finalité d’une Yechiva, sa raison d’être fondamentale, est le bien de ses élèves. Les enseignants, le recteur et les dirigeants ne sont que les intermédiaires, permettant aux élèves de recevoir concrètement ce bien. En conséquence, toute difficulté relative à la Yechiva doit systématiquement être analysée dans le contexte de sa finalité principale, c’est-à-dire le bien des élèves et ce qui en découle.
Il en résulte que l’enseignant et le recteur doivent concentrer leurs efforts en ce domaine, mettre leur personnalité de côté pour le bien des élèves. C’est uniquement dans cette mesure qu’ils s’acquittent fidèlement de la mission qui leur est confiée. Bien plus, c’est de cette façon qu’ils acquerront eux-mêmes la grandeur, car un enseignant et un recteur se grandissent quand la Yechiva le fait également. Si celle-ci se développe, quantitativement et qualitativement, si l’intérêt des élèves est pleinement satisfait, l’importance et la valeur de l’enseignant et du recteur en sont renforcées, non pas spirituellement, à titre de récompense, mais bien matériellement, par une relation de cause à effet, de façon naturelle.
Il est bien évident que ces propos s’adressent à tous, aux enseignants, au recteur, aux dirigeants, mon temps ne me permettant pas de m’adresser personnellement à chacun. Vous avez donc l’autorisation et le mérite de faire connaître mon point de vue, dans ce débat qui s’est instauré entre vous, pour employer un euphémisme. Puisse D.ieu faire que vos propos émanent du cœur. Ainsi, ils entreront dans le cœur de la personne qui les écoutent et y agiront. De fait, le Rabbi Rachab rédigeait la demande de bénédiction suivante, quand il commentait la ‘Hassidout : “ Puisse ceci avoir un effet sur moi et sur ceux qui l’entendront ”. C’est une évidence.
Avec ma bénédiction de réussite en votre mission sacrée, consistant à former des élèves qui porteront leur nom à juste titre, Temimim, ceux qui sont intègres, avec une véritable largesse d’esprit.