Par la grâce de D.ieu,
28 Adar Cheni 5711,
Brooklyn, New York,
Celui dont nous célébrons la Hilloula(2) précisa que ses élèves devaient être “ des lumières pour éclairer ”.
Les paroles des Justes, en général et surtout celles des chefs d’Israël, à propos de leurs élèves et de ceux qui leur sont liés, sont particulièrement précises. Il en est ainsi de chaque détail qui les constitue. Ceci s’applique également au qualificatif de “ lumières pour éclairer ”, qui doit guider ses disciples dans de nombreux domaines importants.
Voici quelques uns d’entre eux :
Un lampion qui éclaire a différentes caractéristiques. Il est la source de la lumière, le luminaire, même s’il a des dimensions limitées.
Il comporte de l’huile et une mèche. L’huile correspond à la Torah et aux Mitsvot(2), la mèche à l’homme, c’est à dire à son corps(3) ou plus exactement à la partie de l’âme qui lui est associée(4) ou encore, plus profondément, à l’âme divine qui s’introduit dans l’âme animale(5).
Lorsque l’on allume la mèche, celle-ci s’unit à l’huile et le lampion brûle de plusieurs flammes(6). De fait, il y en a essentiellement deux(7), la lumière noire et la lumière blanche, l’élévation et le dévoilement.
La lumière d’un lampion possède une autre qualité. Elle permet de pratiquer avantageusement une recherche(8), de fouiller dans les cachettes, les orifices et les fentes, ainsi qu’il est dit(9) : “ Tu sondes toutes les parties des entrailles ”.
Le sens de ces images est bien clair.
L’action est primordiale. En mettant en pratique tout ce qui vient d’être dit, conformément aux instructions de celui dont nous célébrons la Hilloula, ce lampion éclairera la partie du monde que l’on se voit confiée et, combien plus, son âme animale et son âme divine. C’est dans ce but que l’âme descend dans ce monde matériel et de cela dépend la finalité ultime, la période du Machia’h et la résurrection des morts(10), qui interviendra très bientôt et de nos jours, Amen.
Mena’hem Schneerson,
Notes
(1) Le Rabbi Rachab. Cette lettre est l’avant propos du Rabbi au fascicule édité pour sa Hilloula, le 2 Nissan.
(2) le Rabbi note, en bas de page : “ Zohar, tome 3, page 187a. Voir aussi le Tanya, chapitres 35 et suivants. ”
(3) Le Rabbi note, en bas de page : “ Zohar et Tanya, à la même référence. Voir aussi le Midrash Béréchit Rabba, chapitre 62, paragraphe 2. ”
(4) Le Rabbi, note, en bas de page : “ Introduction des Tikounim, 14b ; Tikoun 21, page 49b. ”
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Torah Or, au discours intitulé : Nos Sages ont enseigné la Mitsva des lumières de ‘Hanouka, paragraphe 5. Vous consulterez aussi, à la même référence, le discours : Tu es ma Lumière ”.
(6) Le Rabbi note, en bas de page : “ Traité Bera’hot 52b ; Tikounim, Tikoun 7, page 50a ; Zohar, tome 1, page 41b, tome 2, page 216a. ”
(7) Le Rabbi note, en bas de page : “ Zohar, tome 1, page 51a. Voir le développement dans le Torah Or, à la même référence ”.
(8) Par exemple celle du ‘Hamets, à la veille de Pessa’h.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “ Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, début du chapitre 433 ; traité Pessa’him 8a.
(10) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le développement du Tanya, au chapitre 37. ”
559
Par la grâce de D.ieu,
20 Chevat 5710,
Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav M. Lipsker(1),
Je vous salue et vous bénis,
Nous sommes encore désemparés et brisés par le décès. Il est bien difficile d’écrire une lettre. Mais, il est bien clair que la sainte volonté de mon beau-père, le Rabbi, était et est encore que l’on ne puisse constater aucun affaiblissement, ce qu’à D.ieu ne plaise, dans quelque domaine que ce soit de l’oeuvre qu’il dirigeait.
Tous ceux qui étaient attachés à lui doivent donc se renforcer, avec encore plus de détermination, pour mener à bien la tâche qu’il leur a confiée. Et, à n’en pas douter, mon beau-père, le Rabbi continuera, à l’avenir, à leur accorder ses bénédictions pour qu’ils réussissent dans leur action communautaire et dans leur vie personnelle.
L’un des points que le Rabbi a évoqué devant moi, durant les jours précédant son décès était l’éducation des enfants juifs se trouvant en Afrique(2). Il entendait créer là, avec l’aide de D.ieu, une branche de son activité éducatrice, afin de venir en aide à nos frères résidant dans cette contrée. Il s’agit d’y fonder et d’y diriger de bonnes écoles, de former des éducateurs locaux pour cela, de s’assurer qu’aucune injustice ne sera faite envers les jeunes de ces pays qui montent en Terre Sainte et de les protéger, là-bas, des influences hérétiques.
Le Rabbi m’a dit, à ce propos, qu’il vous écrirait pour vous demander de vous rendre en Afrique(4), de faire un constat de la situation, d’y organiser l’action et de la diriger. Vous serez également responsable des contacts permanents avec le Joint local(3), qui, peu à peu, prendra en charge les dépenses générées de cette façon.
Comme d’habitude, le Joint d’Afrique s’adressera au siège de France et, avec l’intervention du Rav B. G.(5), tout sera sûrement arrangé pour le mieux. Tel était le message du Rabbi. Entre-temps, le malheur a frappé et tout cela n’a pu être consigné par écrit.
Il a été décidé de poursuivre, avec l’aide de D.ieu, tout ce qui a été entrepris par mon beau-père, le Rabbi, de se renforcer encore plus qu’auparavant, car, à n’en pas douter, telle est sa volonté. Je vous fais donc part de tout cela et vous demande si vous acceptez cette mission. Je suis convaincu que vous le ferez avec une grande joie. Vous voudrez bien me le faire savoir. Ainsi, je préviendrai le bureau(6), à Paris, qui se chargera des démarches administratives.
Le Joint mettra quelque temps avant de prendre les dépenses en charge, car il a l’habitude d’attendre d’abord des résultats concrets. Entre temps, nous vous enverrons une subvention d’ici, avec l’aide de D.ieu. Les débuts seront difficiles, puis, comme l’a dit mon beau-père, le Rabbi, dans l’une de ses causeries, me semble-t-il en citant le Baal Chem Tov, l’issue sera très fructueuse.
Mon beau-père, le Rabbi, pensait que vous deviez d’abord vous rendre en Afrique seul. Les membres de votre famille vous y rejoindront dans un second temps. J’ai entendu tout cela après avoir eu connaissance du fait que l’affaire qui vous a été proposée a été annulée et que vous avez repris votre activité précédente.
J’attends votre réponse immédiate.
En vous souhaitant tout le bien,
M. Schneerson,
Directeur du comité exécutif(7),
Notes
(1) Le Rav Mi’haël Lipsker, par la suite émissaire du Rabbi à Meknès, Maroc. Voir les lettres n°568, 578, 634*.
(2) Du nord.
(3) Comité américain d’aide aux réfugiés.
(4) Voir, à ce propos, les lettres n°568, 569, 571, 578, 578*, 585*, 607, 634, 642, 659, 695, 723, 758, 759, 765.
(5) Le Rav Binyamin Gorodetski, de Paris.
(6) Du Rav Gorodetski.
(7) Du Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h.
559*
Par la grâce de D.ieu,
26 Chevat 5710,
Au distingué ‘Hassid, qui craint D.ieu ...
Je vous salue et vous bénis,
Nous sommes encore désemparés du décès de mon beau-père, le Rabbi et il est donc encore difficile d’écrire. Néanmoins, la volonté et les instructions du Rabbi, que vous connaissez sûrement, établissent que le bien d’un Juif passe au dessus de toute autre considération(1). C’est la raison pour laquelle je vous adresse ces quelques lignes.
Comme je l’ai dit, il m’est difficile d’écrire longuement. Mais, compte tenu de l’impression que vous m’avez faite, lorsque nous nous sommes personnellement rencontrés, je suis convaincu qu’il est inutile de développer les explications.
Il s’agit, en l’occurrence, de ce qui concerne l’amour du prochain, l’une des valeurs principales défendues par mon beau-père, le Rabbi. Et l’on sait la grande satisfaction que l’on procure au Juste en suivant son chemin.
En vous saluant et en vous souhaitant tout le bien,
Rav Mena’hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(2),
Notes
(1) Voir le début de la lettre précédente.
(2) Du Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h.