Par la grâce de D.ieu,
Roch ‘Hodech Adar 5710,
Au distingué ‘Hassid, qui craint D.ieu,
le Rav I.(1),
Je vous salue et vous bénis,
Vous trouverez ci-joint, la causerie du 19 Kislev 5710, qui vient de paraître et que vous mettrez à la disposition du plus grand nombre. Il est expliqué, au début de ce fascicule, pourquoi la parution en a été rapide.
Il est maintenant difficile d’écrire et de répondre aux lettres, en particulier pour évoquer le décès, car qui nous consolera et comment serons-nous consolés?
Néanmoins, qui d’entre nous peut avoir connaissance de ce que D.ieu ne nous révèle pas? Ce que nous savons, en revanche, c’est que chaque Juif est un "travailleur du jour", c'est-à-dire, selon l’explication du Tséma’h Tsédek donnée à Sim’hat Torah 5696(2), quelqu’un dont le rôle est d’apporter la lumière.
On sait que le Séfer Yetsira définit les trois dimensions du monde, l’espace, le temps et l’âme.
Lorsque le travailleur se trouve dans une situation normale, nos Sages nous préviennent et nous mettent en garde, soulignant qu’il manque d’empressement. Combien plus est-il nécessaire de le prévenir, lorsqu’il peut se tromper, ce qu’à D.ieu ne plaise, considérant que seulement dans le passé, un Juste, dirigeant la génération, apportait la vitalité à tous ceux qui étaient liés à lui, selon le chapitre 27 d’Igueret Hakodech.
Même lorsque l’année est normale, nos Sages nous préviennent que "la journée est courte". Combien plus est-ce le cas quand l’année elle-même est courte, après le retrait des Justes qui ne sont pas remplacés, comme le dit le Yerouchalmi Bera’hot 2. Vous consulterez aussi le Midrach E’ha Rabba 1, 37.
En temps normal, la tâche d’illuminer par l’intermédiaire de la Torah est importante. Combien plus l’est-elle lorsque le soleil, celui du Juste, se couche, selon l’expression du traité Moéd Katan 28b, quand l’obscurité et la pénombre s’installent dans le monde. L’activité et la responsabilité des travailleurs sont alors bien plus importantes.
Mon beau-père, le Rabbi, a souligné que nous ne serions pas sauvés par nos gémissements(3), ni par le désespoir, ce qu’à D.ieu ne plaise, la tristesse ou la faiblesse. Ce n’est pas ainsi que l’on quittera l’étroitesse et la peine pour retrouver la largesse et la clarté.
Notre but et notre objectif sont des résultats concrets, des pensées, des paroles et des actions positives. Selon l’expression du Rabbi, "le coeur doit convaincre le cerveau pour qu’il en résulte une action concrète".
Chaque ‘Hassid, élève de la Yechiva, personne attachée à mon beau-père, le Rabbi, animée par son esprit, doit suivre un chemin tracé et reçoit une mission spécifique. Il doit méditer aux enseignements qu’il a personnellement reçu de lui ou bien à ceux qui sont exprimés dans ses discours, ses causeries, ses lettres, intensifier son ardeur à les mettre en pratique, à les approfondir, à mettre en évidence leur contenu véritable.
La Torah (Zohar, tome 3, page 71b) nous a fait savoir que "le Juste qui quitte ce monde s’y trouve encore plus que de son vivant".
En suivant le droit chemin qu’il a tracé pour nous, en s’attachant à lui, en s’approchant de lui, nous serons doublement consolés. Ainsi s’accompliront les termes de la promesse "consolez, consolez Mon peuple... car son armée sera puissante... toute plaine s’élèvera" (Ichaya 40). En effet, "toux ceux qui sont humbles et bas, c'est-à-dire les Juifs, connaîtront l’élévation", selon le Zohar, tome 3, page 280a.
Alors, mon beau-père, le Rabbi, se trouvera à notre tête et nous conduira fièrement vers notre Terre Sainte, ainsi qu’il est dit: "Il s’avance parmi les chefs du peuple, accomplissant la Justice de D.ieu et Ses jugements, envers Israël".
En vous bénissant et en saluant toute votre communauté,
M. Schneerson,
Notes
(1) Cette lettre fut envoyée à plusieurs personnes, portant tantôt la date de Roch ‘Hodech Adar, tantôt la mention "trente jours après le décès". Voir, à ce propos, la lettre n°481.
(2) 1935, par le précédent Rabbi.
(3) Dans une lettre qu’il écrivit à propos du décès de son propre père, le Rabbi Rachab.