Lettre n° 5812

Par la grâce de D.ieu,
29 Tichri 5718,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu vos deux lettres de la veille de Soukkot. Vous me demandez ce que j’entends par l’expression “ responsable d’une institution ” que l’on pourra identifier comme ‘Habad. Je suis surpris que vous puissiez avoir un doute, en la matière. Car, même dans une institution qui n’a pas d’autres dirigeants, s’il n’y a pas un responsable, conscient de son devoir, celle-ci ne peut pas être pérenne et, parfois même, s’effondre aussitôt.

Certes, j’évite de faire de la peine à qui que ce soit, mais, dans l’intérêt de l’action menée, je suis conduit à citer l’exemple des quatre coudées de l’endroit dans lequel on a essayé de créer une branche de la Yechiva Tom’heï Temimim et on l’a effectivement fait. Vous vous trouvez vous-même dans cet endroit et vous avez donc pu constater que cette branche ne s’est pas développée. Bien plus, en très peu de temps, elle a totalement disparu. Tous les ‘Hassidim ensemble n’ont rien pu y faire, sans parler de l’humiliation qui en résulte, par rapport à l’extérieur.

Bien entendu, je me souviens de tous les arguments qui m’ont alors été adressés par vous et par l’autre Rav. Mais, je me suis alors étonné et je le fais encore : pourquoi ne faites-vous pas une juste évaluation de la situation ? Un branche de Tom’heï Temimim dans cet endroit constitue un mérite pour tous les ‘Hassidim qui y résident et, avant tout, un devoir pour des Rabbanim ‘Habad, que la ‘Hassidout appelle “ maîtres de l’endroit ”. Dès que vous êtes arrivés là, vous auriez donc dû y construire quatre coudées pour la Torah et la ‘Hassidout, non seulement pour vous-mêmes, mais aussi, et surtout pour les jeunes, qui seront bientôt appelés à bâtir des foyers juifs.

De nombreuses années se sont écoulées et l’on a rien fait. Puis, les membres de la direction de telle institution ont lancé un appel aux ‘Hassidim, afin de leur rappeler la responsabilité qui leur incombe. Bien plus, ils ont apporté un concours financier et ils ont fait venir des élèves, pour cette création. Mais, vous-même et votre ami, le Rav, avez interprété cette situation à l’inverse de la réalité. Vous avez pensé qu’ils se contentaient de venir en aide à la création de cette branche et qu’ils se retireraient si l’entreprise ne s’avéraient pas viable, financièrement. Or, la réalité est exactement l’inverse de cela.

Peut-on croire pareille chose ? Vous occupez tous les deux des fonctions rabbiniques et vous “ gardez plusieurs vignes ” à la fois, celles de la viande cachère, des divorces valables, des mariages conformes à la Loi. En revanche, s’agissant de “ ma vigne ”, c’est-à-dire de la diffusion des sources de la ‘Hassidout qui n’est envisageable, en Terre Sainte, que par la création d’une école, vous avez décidé que cela ne vous concernait pas et il vous semble que cela n’entre pas dans vos capacités. En effet, si vous n’avez pas pu, vous et l’autre Rav, vous maintenir dans l’institution créée par la direction de cette institution et y poursuivre votre action, alors que, dans la ville, on consacre un budget important à des écoles dans lesquelles de nombreux élèves reçoivent une éducation, je me demande réellement ce qu’il en sera si une école était créée par un homme actif, comme on l’a dit. Cette institution sera, de fait, dirigée par lui et il se servira de votre nom uniquement pour obtenir l’apparence de ‘Habad. Bien entendu, vous ne faites pas preuve d’empressement et, évidemment, vous ne solliciterez pas de conseil pour développer cette institution.

Depuis les premiers jours de sa création, ou, tout au moins, ses premières semaines, le Rav fondateur observera que vous n’avez aucune envie de la développer et il vous laissera tranquille. Ainsi, cette institution n’aura rien à voir avec ‘Habad, si ce n’est son nom. Or, je ne suis pas attiré par les publicités sans contenu, mais bien par la diffusion des sources. A ce propos, comme pour tout ce qui concerne la Torah, nos Sages disent que : “ celui qui prétend ne pas avoir fait d’effort et avoir, malgré cela, obtenu un résultat, ne le crois pas ”. Vous-même ne fournirez pas d’effort en ce sens et l’autre Rav aura la même attitude, comme l’a montré l’expérience du passé, de sorte que le Rav, qui est le fondateur, ne comprendra pas que vous vous intéressiez soudainement à un projet nouveau, n’appartenant pas à votre responsabilité.

J’ai développé mon propos, peut-être même avec des termes incisifs. C’était ma réponse à la conclusion de votre lettre, dans laquelle vous dites : “ En réalité, nous déplorons également la manière dont les institutions ‘Habad sont dirigées, en Terre Sainte. Nous désirons et nous voulons intervenir pour améliorer la situation, mais il semble que cela ne soit pas possible, pour les raisons que l’on sait ”. J’ai déjà écrit que je ne sais pas ce que sont ces raisons, au pluriel. Je n’en connais qu’une, le principe selon lequel il est préférable et plus confortable de rester sans rien faire.

Concernant la douleur, la mienne comme la vôtre, vous connaissez le dicton qui nous a été transmis par mon beau-père, le Rabbi, selon lequel “ une action concrète est préférable à mille plaintes ”. Vous me demandez de préciser ce que je veux, ce qui manque et ce qu’il convient de réparer. Or, la Terre Sainte est emplie d’écoles, de Yechivot de ‘Héders, de Talmud Torah. Il n’y a pas uniquement ceux qui ont été créés, il y a des dizaines d’années. Il y en a sans cesse de nouveaux et puisse D.ieu faire que vous vous engagiez dans la compétition.

Ces dernières années, on a créé de nombreuses institutions, même si l’on n’a pas mis en pratique la plus infime partie des instructions de nos maîtres, même si l’on n’a pas profité de tous les bienfaits qu’ils ont déversés sur les élèves de la Yechiva et sur les ‘Hassidim, par leur enseignement et par leur abnégation. Envers qui recherche-t-on la droiture, ici-bas ? Bien entendu, tous ces propos ne s’adresse pas uniquement à vous, mais aussi à tous les ‘Hassidim de Terre Sainte, à l’exception de quelques personnes, qui font tout ce qui est en leur pouvoir et que même un enfant pourrait désigner.