Par la grâce de D.ieu,
14 Chevat 5718,
Brooklyn,
Je vous bénis et vous salue,
Je fais réponse à votre lettre, qui n’était pas datée. Vous me parlez de votre frère, qui pense se trouver à la croisée des chemins, puisqu’il a terminé son service militaire, a ensuite suivi un cours de mécanique, mais n’a pas encore décidé de ce qu’il ferait. Il est âgé de vingt deux ans.
Mon opinion est très claire, basée sur ce que j’ai pu observer chez les jeunes de différents pays et également de Terre Sainte. Une période de quelques années, chez ceux qui sont du même âge que votre frère, est, bien souvent, la préparation de tout ce que sera la vie par la suite. En d’autres termes, chaque effort, pendant ces années, permettant de renforcer leur conception du monde et de la vie est tout à fait justifié. Il n’y a pas lieu de ménager son temps, pour cela. Un tel investissement a un immense apport, pendant les dizaines d’années que l’on vivra par la suite. De même, il est sûrement inutile de vous préciser qu’à notre époque chargée et troublée, il est indispensable d’avoir une conception du monde forte et solide, d’autant que, sans cela, il est impossible de connaître le calme de l’esprit et l’harmonie morale, qui sont des éléments nécessaires pour avoir une existence équilibrée.
Ce qui vient d’être dit vous permettra de comprendre ma conclusion, concernant votre frère. Il doit consacrer au moins un semestre ou une année à l’étude de notre sainte Torah, qui est appelée Torah de vie et ce titre ne doit pas être départi de son sens simple. La Torah délivre, en effet, un enseignement pour notre vie dans ce monde et également pour l’existence quotidienne, tout au long de la semaine, le Chabbat, les fêtes et les jours redoutables. Comme je l’ai dit, il n’y a nullement là une perte de temps. C’est, bien au contraire, le moyen de renforcer les dizaines d’années qui suivent. Quand votre frère aura passé cette période de renforcement, il pourra, selon sa propre idée, décider comment, de quelle manière et où il s’installera.
On peut vérifier concrètement que l’effort le plus efficace est celui qui est suggéré non seulement par la parole, mais aussi par l’action, c’est-à-dire en donnant l’exemple de l’idéal pour lequel on mène campagne. C’est, bien entendu, le cas, en l’occurrence. Si votre comportement et, plus généralement, votre mode de vie apportent l’exemple de ce que doit être une femme juive, qui est définie comme la fille de Sarah, Rivka, Ra’hel et Léa, il est certain que ceci aura une influence considérable sur les membres de votre famille, y compris sur votre frère.
Pour conclure, je dois réagir au début de votre lettre. Vous me dites que vous n’êtes pas ‘Habad, mais que vous m’écrivez tout de même. Or, cette affirmation contredit le proverbe de l’Admour Hazaken, auteur du Tanya, fondateur de la ‘Hassidout ‘Habad, selon lequel celle-ci est l’héritage de l’ensemble du peuple d’Israël, de chaque Juif et de chaque Juive en particulier. Cette conception et son contenu ne peuvent être tenus responsables du fait que, pour l’heure, certains milieux ne les aient pas pleinement acceptés. Bien plus, ces milieux eux-mêmes, pour une large part, ne sont pas fautifs, car des causes accessoires et mineures interfèrent, mais il est clair qu’ils ne peuvent pas, de ce fait, affaiblir leur relation avec cette conception. Il n’y a là, de leur part, qu’un manque de connaissance, qui sera sûrement réparé, le moment venu.
Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles de tout cela et pour connaître la réussite dans l’influence que vous exercez sur votre entourage, sur la base de ce qui vient d’être dit,
Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,