Par la grâce de D.ieu,
20 Chevat 5718,
Brooklyn,
Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se consacre aux
besoins communautaires, aux multiples accomplissements,
le Rav Its’hak(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre du 9 Chevat, les précédentes et les suivantes. Vous m’y décrivez brièvement votre mission sacrée, au sein du réseau(2) et des jeunes de l’association ‘Habad. J’y ai pris connaissance, avec un plaisir particulier, de la réunion des jeunes qui s’est tenue à Kfar ‘Habad. Sans doute obtiendrai-je, à ce sujet, un compte rendu plus détaillé. Puisse D.ieu faire que la trace de ces réunions, de même que les actions concrètes qui en résultent, se poursuivent pendant les jours suivants. Comme je l’ai maintes fois écrit, de telles réunions et même les réunions ‘hassidiques qui sont plus à usage interne sont comparables au labourage et aux semailles. Il est clair que, par la suite, un effort est nécessaire pour que tout pousse de la manière qui convient et avec succès. C’est une évidence.
D’après ce que votre lettre semble indiquer, et malgré tous mes courriers, mes appels et mes encouragements d’ici, vous n’avez pas réellement pris conscience que ce qui concerne les jeunes de l’association ‘Habad n’est pas une corvée, un fardeau, pour ses membres, mais, bien au contraire, un mérite, plus encore le canal et le réceptacle permettant de gagner sa vie, spirituellement et matériellement. Et, le fait de gagner sa vie ne désigne pas ici les besoins que l’homme doit satisfaire, nourriture, vêtements, maison, enfants, santé, prospérité matérielle.
Or, il est surprenant de ne pas prendre conscience de cette vérité, qui est clairement exprimée dans plusieurs discours et causeries de la ‘Hassidout. Selon un dicton courant, “ on ne pose pas de question sur l’action concrète ”, d’autant que “ Marc l’insensé ”(3) s’en mêle. Néanmoins, il suffit de le savoir pour réduire le voile, bien plus pour transformer l’obscurité en lumière, comme l’explique Iguéret Ha Kodech, à la fin du chapitre 25, commentant le verset : “ quand l’homme se rend maître de l’homme pour lui nuire ”. En pareil cas(4), un homme désire prier avec plus de ferveur, du plus profond de son cœur. Or, la finalité de la Torah, des Mitsvot et même du Précepte : “ En toutes tes voies, reconnais Le ” est bien de prier et de se lier à D.ieu. Puisse D.ieu faire que vous trouviez les mots appropriés afin de vous expliquer tout cela à vous-même et à tous vos amis, dans des milieux de plus en plus larges, car, au final, cette idée est le fondement, le principe de base qui simplifie l’action, en tout ce qui a trait au service de D.ieu.
Vous évoquez le fait de donner la dîme à la Tsédaka. Je suis un peu surpris par cette question, car ce principe est établi par le Choul’han Arou’h et il est, en outre, scrupuleusement respecté dans la communauté des ‘Hassidim. Et, tout au contraire, si ceux-ci n’assurent pas leurs besoins avec leur salaire actuel, comme vous le dites, ils doivent, bien entendu, adopter le conseil des Sages selon lequel “ le sel empêche le manque financier ”(5) et non l’inverse, ce qu’à D.ieu ne plaise.
Vous envisagez de vous servir du contenu de ma lettre de la première lumière de ‘Hanouka(6) pour la collecte financière. Je suis surpris que vous soyez dans le doute, à ce propos, puisque ce sujet y est clairement évoqué. Vous craignez que ceci refroidisse sérieusement la collecte qui est faite pour l’enseignement, à proprement parler. Ceux qui voudront s’en servir dans ce but peuvent se passer de l’avis de quiconque, quant au contenu de cette lettre, puisqu’elle est adressée à chacun, de sorte que tous ceux qui s’y intéressent, pour une raison ou pour une autre, peuvent en avoir connaissance.
Vous me demandez des instructions précises, concernant les jeunes de l’association ‘Habad. Je ne sais pas ce qui peut être plus détaillé que le flot de lettres qui vous a été adressé. Certes, il n’y a pas été dit que telle personne devait s’occuper de tel détail et telle autre personne de tel autre détail. Cette répartition doit résulter de l’effort de chacun, afin que l’effort soit soutenu. On sait, en effet, que la soumission est la base et le fondement de tout. Toutefois, elle ne peut pas, à elle seule, assurer le fonctionnement pendant une période prolongée. Il faut aussi faire intervenir le plaisir, la satisfaction.
Notes
(1) Le Rav I. Gansburg, de Tel Aviv. Voir, à son sujet, la lettre n°5884.
(2) Des écoles Ohaleï Yossef Its’hak Loubavitch en Terre Sainte.
(3) Le mauvais penchant, selon l’expression d’un chant ‘hassidique dont les paroles sont en russe.
(4) Quand quelqu’un le dérange.
(5) La Tsédaka préserve le capital.
(6) Il s’agit de la lettre n°5951.