Lettre n° 6208

Par la grâce de D.ieu,
1er Iyar 5718,
Brooklyn,

Au Rav, ‘Hassid et Juste, issu d’une illustre famille,
le Rav Chalom(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 25 Nissan. J’ai appris, avec plaisir, que votre fils a commencé à mettre les Tefillin et je vous joins la lettre que je lui adresse, conformément à votre proposition(2). Bien entendu, il a bien fait de commencer à porter les Tefillin dès maintenant, car nous avons clairement entendu de mon beau-père, le Rabbi que tous doivent le faire à partir des deux mois qui précèdent la Bar Mitsva, comme le dit le Hayom Yom, à la date du 2 Mena’hem Av. Et, il est bien précisé que cette usage s’adresse à tous car, dans la maison du Rabbi, on commençait bien avant cela. Ainsi, mon beau-père, le Rabbi expliqua qu’il commença lui-même à les porter dès l’âge de douze ans.

Je n’ignore pas l’avis de certains, parmi les derniers Décisionnaires, qui sont cités par les commentateurs du Choul’han Arou’h, Ora’h ‘Haïm, fin du chapitre 37. Selon eux, on ne porte pas les Tefillin plus tôt que prévu, car celles-ci nécessitent un corps pur. Et, combien plus en est-il ainsi à notre époque. Mais, en tout état de cause, cet enseignement a été clairement donné et il est une Mitsva de s’en tenir aux propos des Sages les plus récents, d’autant qu’ils ont demandé de faire connaître leur avis et précisé qu’ils s’appliquent à tous.

Il me semble que l’on peut expliquer cet enseignement de la manière suivante. Il s’agit d’un effort, d’une initiative introduite pour diffuser la ‘Hassidout auprès des cercles les plus larges, sans fixer de conditions préalables, même si, dans les premières générations, avant la révélation du Baal Chem Tov, de son disciple le Maguid(3) et de ses propres disciples, parmi lesquels figurait l’Admour Hazaken, on s’efforçait effectivement de le faire(4). Et, vous connaissez l’image qu’énonce l’Admour Hazaken(5), à ce propos, celle du précieux joyau de la couronne du Roi. Lorsque son fils unique fut malade et exposé à un grave danger, ce qu’à D.ieu ne plaise, ce Roi, sans la moindre certitude sur l’issue finale, ordonna que l’on ôte ce joyau de sa couronne et que l’on s’en serve pour guérir l’enfant. Selon l’expression bien connue, il est justifié d’en déverser une large quantité à l’extérieur si l’on peut espérer que, de cette façon, le prince en recevra quelques gouttes et guérira. Vous devez comprendre le sens de cette image.

Ces dernières années, on peut vérifier, dans la pratique, que la diffusion de la ‘Hassidout a sauvé de nombreuses personnes des épreuves et des obstacles auxquels elles étaient exposés. Tout cela est bien connu de ceux qui se trouvaient en Russie et y ont surmonté de telles épreuves. En un moment propice, je mentionnerai tous ceux que vous citez près du saint tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera. Puisse D.ieu faire que vous me donniez de bonnes nouvelles de tout ce que vous mentionnez dans votre lettre. Avec mes respects et ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,

Notes

(1) Le Rav C. Sufrin, Rabbi de Komarno. Voir, à son sujet, la lettre n°6180
(2) Il s’agit de la lettre suivante.
(3) De Mézéritch.
(4) De fixer des conditions pour rendre ces coutumes accessibles uniquement à ceux qui possèdent l’élévation morale.
(5) Voir le Ha Tamim, tome 2, page 49 et la lettre n°5000.