Lettre n° 6311

Par la grâce de D.ieu,
11 Sivan 5718,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre de la veille du Chabbat, dans laquelle vous envisagez une visite dans le pays où vous viviez auparavant(1). De façon générale, je n’ai, jusqu’ici, pas accepté de telles propositions de la part de ceux qui sont nés dans ce pays et qui se sont donc trouvé, pendant quelques temps, sous leur autorité. Toutefois, d’après les nouvelles que je reçois dernièrement, en particulier de la part de ceux qui ont pris dernièrement de telles initiatives et ont passé là-bas des périodes très courtes, il semble qu’il n’y ait rien à craindre. Il serait donc bon que vous rencontriez l’homme qui doit disposer de précisions sur le voyage de son frère, effectué pendant les dernières semaines. Si les informations qu’il vous donne sont satisfaisantes, vous prendrez la précaution de présenter votre projet à trois Juifs qui sont vos amis. Puis, par la force de ce qui est public, vous prendrez une décision positive, d’un bien visible et tangible, d’autant qu’en l’occurrence, la Mitsva est aussi une forme de respect, comme vous le précisez vous-même. Peut-être serait-il bon de ne pas vous rendre là-bas en tant que représentant d’un groupe constitué, quel qu’il soit. Ceci pourrait être un avantage pour vous(2), mais l’on peut se demander ce qu’il en résultera pour ceux qui se trouvent sur place. Il n’en sera pas de même si vous voyagez à titre individuel. Bien entendu, vous devez aussi interroger vos proches se trouvant là-bas, afin de voir comment ils considèrent ce voyage.

Je vous ai écrit ce qui va suivre de nombreuses fois, mais je ne suis pas encore parvenu à cent fois, comme l’expliquent nos Sages et je le répéterai donc une fois de plus. La manière dont vous considérez le fait de vous fiancer est douloureuse et surprenante. Comme je l’ai précisé à quelqu’un qui se trouvait dans le même cas, cette question peut être envisagée de deux façons :
A) Si vous considérez que vous pouvez dire oui ou non, qu’en tout état de cause vous pouvez repousser l’échéance encore et encore, vous choisirez ce qui vous convient le mieux.
B) Si vous pensez, en revanche, que cela doit se passer au plus vite, la question qui se pose est uniquement de quelle manière faire en sorte que cela soit rapide.
Vous m’excuserez de penser que, pour l’heure, vous avez opté pour la première façon et votre embarras découle de cela. Nous venons de vivre la fête de Chavouot, temps du don de notre Torah, de laquelle il est dit qu’elle est “ gravée sur les Tables ” et nos Sages enseignent : “ Ne lis pas ‘Harout, gravé, mais ‘Hérout, liberté ”. Ce sera donc une liberté de tout ce qui fait obstacle(3). Puisse D.ieu faire que vous me donniez de bonnes nouvelles de tout cela, d’un bien visible et tangible. Avec ma bénédiction pour donner ces bonnes nouvelles,

Notes

(1) En Russie.
(2) Du fait de l’officialité ainsi conférée.
(3) Voir la lettre n°6295.